mercredi 10 octobre 2012

MONEY MARK Hand in your head

MONEY MARK
Push the buttons

Label : Mo Wax
Année : 1998
Face A : Poor Shakes - Too Like You - Tomorrow Will Be Like Today - Rock In The Rain - All The People
Face B : I Don't Play Piano - Hand In Your Head - Maybe I'm Dead - Powerhouse
Face C : Monkey Dot - Bossa Nova 101 - Crowns - Underneath It All
Face D : Destroyer - Trust - Dha Teen Ta - Harmonics Of Life 
Face E : Push The Button
Genre : Chansons et claviers 
10ème morceau de L'inventaire n°7 : Hand in your head

Money Mark était le clavier des Beastie Boys. A côté de ça, il a une vie propre. Comme Jean-Jacques Perrey (qui ouvrait ce mix) c'est un fou de Moog*, mais pas seulement. Il écrit de petites chansons pop, simples et classiques, presque naïves, presque parfaites. Pour ce deuxième album sorti en 1998, il propose une version vinyle regroupant un 33t, un 25 cm et un 45t gravé sur une seule face. On y trouve des instrumentaux qui font danser, des chansons qui font plaisir et quelques pièces de musique épileptique. Bref, c'est l'opulence ! 

*Moog : Type de synthétiseurs au son très caractéristique inventé par Robert Moog dans les années 60. Moog est au synthé ce que Steinway est au piano.

Robert Moog et son intrument. Photo prise

ROXY MUSIC Rain Rain Rain

ROXY MUSIC
Flesh+Blood

Label : Polydor
Année : 1980
Face A : In The Midnight Hour - Oh Yeah - Same Old Scene - Flesh And Blood - My Only Love
Face B : Over You - Eight Miles High - Rain Rain Rain - No Strange Delight - Running Wild

Genre : Pop sophistiquée
9ème morceau de L'inventaire n°7 : Rain Rain Rain

On pourrait dire que les années 80 commencent là ! Si les puristes préfèrent le Roxy Music première période (un glam rock frôlant la folie, fortement marqué par la présence de Brian Eno aux claviers), il serait stupide de jeter la suite aux orties. Manifesto, Flesh + Blood et l'ultra populaire Avalon (numéro 1 dans les charts anglais, disque de platine aux États-Unis) constituent une trilogie dorée, la déclinaison du meilleur de Brian Ferry qui signe désormais toutes les compositions, parfois aidé par son guitariste Phil Manzanera. Si la production, le saxophone d'Andy Mackay et les sons synthétiques datent aussi surement ces albums que l'esthétique glacée des pochettes, c'est tout simplement parce que Brian Ferry et ses hommes ont contribué a inventer ces années 80. Partagé entre ses facilités de crooner et sa fascination pour le psychédélisme, il ne tranche pas et réussit cet étrange paradoxe : des chansons parfaitement lisses en apparence mais pourtant fiévreuse à l'intérieur.
Ainsi en va-t-il de ce Rain Rain, Rain morceau romantique et chaloupée, se terminant sur un point d'interrogation, typique des trouvailles discrètes de ce fin renard de Brian Ferry .

JACQUES DUTRONC Je suis content

JACQUES DUTRONC

Label : Vogue
Année : 1968
Face A : A Tout Berzingue - La Seine - Les Vangauguins - Transes-Dimanche - Proverbes - L'opportuniste 
Face B : Le Roi De La Fête - Amour Toujours, Tendresse, Caresse - Je Suis Content- La Leçon De Gymnastique Du Professeur Dutronc - La Solitude - Le Mythofemme 

Genre : Chanson française de qualité, chic et de bon goût.
8ème morceau de L'inventaire n°7 : Je suis content.

Beau gosse, riche, cynique et de droite, doué pour la musique et pour jouer la comédie, Dutronc est un type énervant. N'empêche qu'il n'y a pas grand chose à jeter dans ce troisième album sans titre, parfois appelé L'Opportuniste en raison du chef d’œuvre qui clôt la première face. Moins connu mais tout aussi je-m'en-foutiste, Je suis content bénéficie d'une guitare fuzz omniprésente et de cette rythmique bien lourde, tout droit venue d'une pop anglaise qu'il fut l'un des premiers à assimiler avec son copain Gainsbourg. Ils sont nombreux aujourd'hui, dans ce joli panier qu'on appelle la chanson française, à citer Dutronc en référence, voire à revendiquer l'héritage... 
No comment !

UPSETTERS Popcorn

UPSETTERS
Eastwood Rides Again

Label : Trojan
Année : 1970
Face A :Eastwood Rides Again - Hit Me - Knock On Wood - Popcorn - Catch This - You Are Adorable - Capsol
Face B : Power Pack - Dollar In The Teeth - Baby Baby - Django (Ol Man River) - Red Hot - Salt And Pepper - Tight Spot

Genre : Instrumental Roots
7ème morceau de L'inventaire n°7 : Popcorn

Lee Perry, sorcier de studio jamaïcain, entouré de légendes plus ou moins frelatées ("l'homme qui soufflait la fumée de ganja sur les bandes magnétiques pour insuffler de bonnes vibrations à ses enregistrements", "l'homme qui mit le feu à son propre studio", "l'homme qu'on vit marcher à l'envers dans les rues de Kingston plusieurs jours durant", "l'homme qui remixa les Stones et fit disparaître les bandes ensuite"...) avait sous la main un groupe impeccable, essentiellement dédié à ses productions en studio : The Upsetters. Ici, ils ont perdu leur article, mais cette collection d'instrumentaux enregistrés en 1970 offre le meilleur d'une musique et d'un son souvent imité jamais égalé depuis. Rythmiques rondes et puissantes, riffs d'orgue simples et efficaces, et quelques références au western spaghetti lâchées comme des incantations religieuses ("Clint Eastwood rides again", "Django !"). La magie opère avec la production de Lee Perry, manitou décomplexé qui ne craint ni le souffle, ni la saturation, s'amuse à baisser et monter les pistes et balancer echo, delay et reverb au feeling. C'est artisanal, mais c'est divin ! 
Deux morceaux échappent cependant à la syncope reggae : le très funky Popcorn, choisi pour ce mix, et le bien nommé Catch This dans lequel la basse et la batterie se tirent la bourre dans une espèce de confusion rythmique inouïe. On se le garde pour une prochaine fois...

MIKE RIMBAUD Police State of mind

MIKE RIMBAUD 
Mutiny in the subway

Label : Stop it baby
Année : 1990
Face A : Battery Apple - Turn Over Mozart - Four Vicious Kittens - Girls Swimming In My Brain - In The Dark Room - Garbage Fox     
Face B : Wild Laser Love - Police State Of Mind - Greedy, Greedy Baby - Mother Was A Punk - She's Non Sensitive - Mutiny In The Subway 

Genre : Back to basic
6ème morceau de L'inventaire n° 7 : Police State of Mind

Il a débarqué en France avec sa guitare et son poncho, comme un héros de western des années 80. Sa voix âpre et ses riffs imparables lui ont valu un beau petit succès, une signature sur label local, d'autant plus évidente qu'on les aime bien par ici ces américains qui adoptent le pays. Pendant un peu plus de deux ans, Mike Rimbaud écuma les scènes françaises, eut les honneurs de la presse rock, apparut furtivement à la télévision, et puis il disparut comme il était arrivé...

Il a rejoint son pays d'origine et a continué à publié des albums, à jouer dans les salles de concert et les bars de l'Amérique profonde, avec son rock élémentaire mais toujours inspiré qui lui vaut un joli succès d'estime, même si le grand public ignore toujours son nom, 20 ans après.
Et pourtant, réécouter son premier album, Mutiny in the subway, aujourd'hui, c'est prendre la même gifle qu'alors. Avec juste l'aide d'un bassiste et d'un percussionniste, Mike Rimbaud alignait 12 chansons incisives et sans gras,qu'on en arriverait presque à qualifier de classiques. Il serait bon que l'homme reprenne sa monture et vienne trainer ses guêtres à nouveau dans le coin...

STANLEY BLACK AND HIS ORCHESTRA Temptation

STANLEY BLACK AND HIS ORCHESTRA AND CHORUS
Exotic Percussion

Label : Decca
Année : 1962
Face A : Temptation - By The Waters Of Minnetonka - Adieu Tristesse - Jungle Drums - Hymn To The Sun - Babalu 
Face B : Old Devil Moon - Baia - The Moon Of Manakoora - Misirlou - Flamingo - Caravan

Genre : Exotisme de pacotille
5ème morceau de L'inventaire n° 7 : Temptation.

La collection "Phase 4 in stereo" fait partie de ces séries de disques où le son et le style de musique sont plus importants que l'artiste. On y trouve du jazz décoratif, de l'exotisme pour bar à cocktails, de la surf music en robe de chambre, tout ce qui se range sous l'étiquette easy listening, musique d'ascenseur, muzak, etc. 
N'empêche, cet album de Stanley Black et compagnie est exactement le genre de chose qui s'écoute pendant que le Titanic coule, que la ville s'embrase, que l'Armageddon tant de fois repoussé arrive enfin... Ou mieux, après la fin du monde, quand il ne reste plus que vous ! Vous monsieur ou madame, survivant(e) d'une humanité qui a fini par réussir à s'éradiquer toute seule. Vous et un vieux tourne-disque, miraculeusement réchappé de l'enfer, sur lequel vous posez Exotic Percussion avant de fermer les yeux pour partir, là-bas, sur l'île...

999 Let's Face It

999
Separates

Label : United Artists
Année : 1978
Face A : Homicide - Tulse Hill Night - Rael Rean - Let's Face It - Crime Part 1 / Part 2 
Face B : Feelin' Alright With The Crew - Out Of Reach - Subterfuge - Wolf - Brightest View - High Energy Plan

Genre : Brit Punk
4ème morceau de L'inventaire n°7 : Let's face it.

Voilà un groupe qui a un peu échappé à la fascination qu'ont éprouvé les français pour le punk anglais. Moins racoleurs que les Sex Pistols, moins fédérateurs que les Clash, moins romantiques que les Buzzcoks, et peut-être un peu moins bons aussi. Et puis ce look atroce avait beau anticiper sur les années 80, il évoquait plutôt une pop New-Wave propre sur elle (Spandau Ballet sort de ce corps !) qu'un gang énervé qui joue vite et fort. Pourtant, avec une face A qui commence par Homicide et se finit par Crime Part 1 et 2, les 999 étaient bien d'authentiques "angry young men", qui ont sortis deux albums pleins de sève en 78 et ne se sont plus vraiment arrêtés depuis (ils jouent ce soir, jeudi 18 octobre, au Leopard à Doncaster, quelque part dans le Nord de l'Angleterre...). Tant pis pour le "no future", tant mieux pour leurs fans qui, s'ils ne sont pas légions, sont réputés d'une rare fidélité.
Let's face it est l'histoire d'un garçon qui n'arrive pas à assurer avec les filles : une chanson à contre-courant des standards testostéronés du rock, qui a certainement contribué à faire de 999 un groupe vraiment à part.

AL JARREAU Use Me

AL JARREAU
Ain't no sunshine

Label : Astan/Allegiance
Année : 1983
Face A : Ain't no sunshine - Lean on me - Use Me - Kissing My Love
Face B : Grandma's Hands - You - Lonely Town, Lonely Streets - The Same love that made me laugh

Genre : Funky soul
3ème morceau de L'inventaire n°7 : Use Me


Virtuose vocaliste plutôt porté sur le jazz, Al Jarreau a décroché la timbale dans les années 80 avec quelques tubes de pop sophistiquée (Mornin', Boogie Down). Malgré une production datée et une tendance un peu irritante au scat, difficile de remettre en cause cette voix musclée mais souple, capable de poser des standards (Spain) mais aussi d'injecter un peu de rythme dans n'importe quelle croonerie. Et s'il fallait ne retenir qu'un seul disque, ce serait celui-là : un 8 titres entièrement constitué de reprises de Bill Withers sobrement orchestrées (parfois clavier solo, d'autres fois juste basse, batterie...) L'album alterne les ballades soul indémodables (Ain't no sunshine en tête) et quelques échappées plus funky, à l'image de Use Me, choisi pour L'inventaire. Aujourd'hui, Al Jarreau a 72 ans. Son dernier album, en compagnie du guitariste George Benson, autre gloire des années 80, date de 2006.

L'album est sorti en 1983 sous le titre Ain't no sunshine, en 1984 comme Al Jarreau does Bill Withers, puis en CD en 1997 sous le titre Tribute to Bill Withers. Il est aujourd'hui épuisé.

TARNATION Little Black Egg

TARNATION
Mirador

Label : 4AD
Année : 1997
Face A : An Awful Shade Of Blue - Wait - A Place Where I Know - Is She Lonesome Now?
Face B : Your Thoughts And Mine - Christine - Destiny
Face C :There’s Someone - Like A Ghost - Idly
Face D : Little Black Egg - You’ll Understand
Genre : Gothique western
2ème morceau de L'inventaire n° 7 : Little Black Egg

Sur le label 4AD, il y eut Elizabeth Fraser, chanteuse anglaise des Cocteau Twins, et il y eut Paula Frazer chanteuse américaine de Tarnation. Aucun lien de parenté malgré l'homonymie quasi parfaite et, surtout, des qualités de voix qu'on peut qualifier de sublimes sans avoir peur de l'emphase. Laissons de côté Elizabeth (pour l'instant)  et concentrons-nous sur Paula. 
Vocaliste un temps pour les énervés de Faith No More, guest star pour Cornershop (It's good to be on the road back home again, joli duo sous forme de ballade country)  Paula Frazer est surtout, selon l'horrible formule consacrée, auteur-compositeur-interprète (on préférera aisément l'anglicisme "songwriter", même s'il reste plus vague). Au milieu des années 90, son groupe s'appelle Tarnation et propose une mixture délicieuse qui aurait tiré le meilleur de Morriconne et de certaines ambiances nocturnes de la pop gothique des années 80. Les chansons sont assez épurées, les guitares tranchantes et l'on sent pointer sous les audaces vocales  le caractère bien trempé de miss Frazer. Une atmosphère pas très éloignée des Cowboy Junkies, ou de Mazzy Star, c'est dire si l'ambiance n'est pas à la rigolade !
Certes, ce Little Black Egg, choisi pour le mix, est plutôt enlevé, mais c'est le seul morceau qui n'est pas signé Paula frazer : une reprise de pop garage sixties qui amène un peu de lumière dans les ténèbres enchantées de Tarnation

JEAN-JACQUES PERREY Soul City

JEAN-JACQUES PERREY
Moog Indigo

Label : Vanguard
Année : 1970
Face A : Soul City - E.V.A. - The Rose And The Cross - Cat In The Night - Flight Of The Bumblebee - Moog Indigo
Face B : Gossipo Perpetuo - Country Rock Polka - The Elephant Never Forgets - 18th Century Puppet - Hello Dolly- Passport To The Future
Genre : Authentique French Touch
1er morceau de L'inventaire numéro 7 : Soul City

J'ai vu des D.J. s'arracher mutuellement les bras pour récupérer un album de Jean-Jacques Perrey.... 
Idole des acousticiens obsessionnels, réservoir à samples, bande son inépuisable pour défilés branchouilles et autres expos en quête de modernité, Jean-Jacques Perrey et sa musique sont aujourd'hui vénérés avec, il faut bien le reconnaître, un semblant de snobisme.
C'est d'autant plus étonnant que le compositeur a beau avoir passé sa vie à chercher de nouveaux sons et des manières originales de les accommoder, il a toujours gardé un humour et une modestie qui définissent aussi bien sa musique. La musique de J.J. Perrey est joyeuse, et fraîche, et ses albums contiennent toujours de quoi irriguer abondamment les pistes de danse. Et c'est déjà pas mal...