dimanche 13 octobre 2013

THE CARS This Could Be Love

THE CARS
Shake It Up

Label : Elektra
Année : 1981
Face A :
Since You're Gone - Shake It Up - I'm Not The One - Victim Of Love - Cruiser
Face B : 
A Dream Away - This Could Be Love - Think It Over - Maybe Baby 
Genre : Pop synthétique
7°morceau de L'inventaire 19 : This Could Be Love

Même si leurs albums se sont très bien vendus en France dans les années 80, les Cars restent un groupe important dans la culture américaine alors qu'ils ont tendance, ici, à disparaître des mémoires. 
Certainement parce que leur new wave est composée à 99% de tissus synthétiques, non seulement par l'omniprésence de claviers aux sonorités bubble-gum, mais jusque dans les guitares et batteries férocement datées. Du coup, leurs albums se ramassent par poignées dans les vide-greniers pour quelques centimes d'euros et c'est l'occasion de revenir sur l'essentiel : l'écriture de Ric Ocasek. Le leader de ce groupe faussement joyeux assure les mélodies un rien tortueuses et les riffs efficaces sur lesquels il pose sa voix qui plait aux filles... Après la séparation du groupe, il tentera une carrière solo mais, surtout, produira quelques albums d'artistes fort appréciables dont Alan Vega, Nada Surf, Jonathan Richman ou encore Guided By Voices.  Et, bien entendu, reformation en 2011...
D'inspirations inégales, les 6 albums qui embrassent les 10 ans de carrière de The Cars (1978-88) constituent en tous cas une belle illustration de ce que fut le versant le plus populaire de cette fameuse New Wave. Au célébrissime slow roule-galoche que diffusent encore les radios nostalgiques, (Drive, qui fera de leur album Heartbeat City un succès planétaire), nous avons préféré la lenteur et l'atmosphère un peu tordue de This Could Be love sur Shake It Up, leur précédent album sorti trois ans plus tôt, et, à notre humble avis, vachement plus inspiré... 

STRAY Move on

STRAY

Label : Transatlantic Records
Année : 1970
Face A :
All In Your Mind - Taken All The Good Things - Around The World In Eighty Days - Time Machine 
Face B :
Only What You Make It - Yesterdays Promises - Move One - In Reverse / Some Say
Genre : Chevelu et saturé
6°morceau de L'inventaire 19 : Move On

Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath et le MC5... Entre 68 et 70 vont sortir dans un mouchoir de poche une série de premiers albums qui vont définir les bases du hard rock avec ses qualités essentielles (un son puissant et une tendance au psychédélisme échevelé) et les défauts afférents (un goût un peu limite pour les chanteurs braillards et les solos virtuoses mais démonstratifs). 
Grands oubliés du lot, le groupe Stray émerge à Londres en 1966 et sort ce premier album 4 ans plus tard. Les guitares sont saignantes, les basses lourdes, mais on est loin du pilonnage bourrin qui caractérisera la décennie suivante : les morceaux sont élaborés, chacun à son atmosphère propre, sans donner non plus dans les structures complexes et étouffantes du rock progressif. En fait, ce qui frappe d'entrée à l'écoute de ce premier album de Stray, c'est le plaisir évident qu'ils prennent à jouer leur musique certes un peu enfumée, mais brute et totalement débridée. Ça ressemble fort à une jam session capturée live et sans édulcorants. 
Et la mayonnaise prend : Stray aura très vite ses fans et déroulera une carrière honorable quoi qu’ignorée du grand public. Probablement à cause d'un chant un peu insignifiant, seule véritable faiblesse d'un groupe qui n'a jamais vraiment disparu et s'est même fendu d'un nouvel album en 2010, après presque trente ans de silence...  

SLY AND ROBBIE The Woman For The Job

SLY AND ROBBIE
Silent Assassin

Label : Island
Année : 1989
Face A :
Rebel (Featuring – Shah Of Brooklyn) -  Adventures Of A Bullet (Featuring Shah Of Brooklyn) - Woman For The Job (Featuring Queen Latifah) - Man On A Mission (Featuring Shah Of Brooklyn) - Steppin' (Featuring Shah Of Brooklyn) 
Face B :
Under Arrest (Featuring Young MC) - Dance Hall (Featuring Willie D) - Party Together (Featuring KRS-One) - Living A Lie (Featuring Young MC) - Letters To The President (Featuring Shah Of Brooklyn) - Ride The Riddim (Featuring Willie D)
Genre : Hip Hop vieille école
5°morceau de L'inventaire 19 : The Woman For The Job

Sly Dunbar et Robbie Shakespeare constituent la section rythmique la plus sure et la plus inventive du reggae. Non contents d'avoir accompagné les plus grands artistes du genre et bien au-delà, d'être présents derrière leurs instruments respectifs sur quelques centaines de disques (autour de 1 000 en fait), ils ont produit également une quantité impressionnante d'albums en duo. Naturellement, une partie de ceux-ci est sous haute influence de la musique jamaïcaine, mais leur goût de l'aventure les a amenés à tâter à énormément de styles, à insuffler leur alchimie rythmique et sonore dans tout un tas de courants musicaux qui ne s'en portent que mieux depuis : pop, fusion, funk, électro... 
Ainsi, à la fin des années 80, s'adonnent-ils à la culture hip hop avec un bonheur évident, convoquant le gratin de l'époque à rapper sur leur alliance drum & bass imparable. Si ce morceau avec Queen Latifah dérive ostensiblement vers le ragga, la couleur générale est assez sèche, plus métallique, voire carrément digitale, probablement en grande partie grâce à la production audacieuse de KRS One, précurseur du rap qui fait de cet album un objet certes de son époque, mais qui, encore aujourd'hui, sort des sentiers déjà très balisés du genre.

VINCE TAYLOR Shakin' All Over

VINCE TAYLOR and The Playboys
The Black Leather Rebel

Label : Rebel Records
Année : 1992 (compilation)
Face A :
I Like Love - Right Behind You Baby - Brand New Cadillac - Pledge My Love - Move Over Tiger - Watcha Gonna Do - I'll Be Your Hero - Jet Black Machine        
Face B :
20 Flight Rock - C'Mon Everybody - Shakin' All Over - Shot Of Rythm & Blues - Lovin' Up A Storm - Baby Let's Play House - Ready Teddy - Memphis Tennessee
4°morceau de L'inventaire 19 : Shakin' All Over

Il serait l'une des inspirations pour le personnage du Ziggy Stardust de David Bowie... Mais ça n'est qu'une des nombreuses légendes qui entourent Vince Taylor, chanteur à la fois mythique et pathétique, perpétuellement à contre-temps de l'histoire du rock. Il est anglais et s'appelle Brian Maurice Holden dans le civil. Il sort son premier 45t de rock'n'roll en 1958 et connaît un succès éphémère en Angleterre. Mais la violence qui entoure ses prestations lui ferme les portes des salles de concerts et court-circuite sa carrière discographique. Il dissout plusieurs fois son groupe de "play-boys", qui a vu défiler quelques pointures en devenir, dont un jeune guitariste appelé Jimmy Page... 
Alors que ses compatriotes (les Beatles, puis les Stones) envahissent les États-Unis, il ne devra son salut qu'à la médiocrité du rock français : brut et sauvage, il passe ici pour un vrai de vrai à côté des gentils "yé-yé". Résultat : c'est Barclay qui fera sa carrière. Une poignée de 45t, puis un album en 1961, habilement intitulé "Le Rock c'est ça" : Vince Taylor devient ainsi le premier d'une longue tradition d'expatriés anglophones qui ne connurent le succès que dans l'hexagone. Mais ça ne va pas durer : l'esprit "Salut Les Copains" prend le dessus. Vince lui-même sort un infâme 45t sirupeux, Mimi. Il y perd sa crédibilité et, du coup, le soutien du nabab Barclay qui le laisse sans maison de disques. Déclin fulgurant, drogue, alcool, crise de mysticisme, clochardisation et internement psychiatrique : Vince Taylor a droit à la dégringolade totale, malgré une poignée d'indéfectibles fans et quelques tentatives de retour dans les années 70/80. Il se retire en Suisse et se marie en 1983. Un cancer l'emporte en 1991.
L'année d'après sort cette compilation The Black Leather Rebel. Au verso de la pochette on peut lire "Vince has not yet had the breaks he deserves". Ce qui signifie approximativement "Vince n'a toujours pas eu le succès qu'il mérite". Peut-être. En tous cas, l'influence souterraine du félin du rock a ressurgi quelques fois au grand jour, que ce soit dans les excentricités de Lux Interior (The Cramps) ou la radicalité d'un Jamie Hince (The Kills). 
Et puis, de toute façon, un type qui compte le grand Pascal Comelade dans son fan club ne peut pas être foncièrement mauvais.

OHIO PLAYERS Streakin' Cheek To Cheek

SOUL POWER
(Compilation)

Label : Mercury
Année : 1975(?)
Face A : Shirley & Company : Shame, Shame, Shame - Jerry Butler : Chain Gang - Crystal Grass : Heavy Eyes - Buddy Miles : Them Changes - Don Covay : It's Better To Have (And Don't Need) - Jerry Butler : Ain't That Good News     
Face B : Jerry Butler : One Night Affair - Buddy Miles : We Got To Live Together - Crystal Grass : Crystal World - Jerry Butler : Respect - Bobby Marchan : Ain't Nothin' Wrong With Whitey - Joe Tex : A Mother's Prayer
Face C : Joe Tex : I Gotcha - Don Covay : Memphis - Crystal Grass : You're All I Ever Dreamed Of - Joe Tex : King Thaddeus - The Joneses : Sugar Pie Guy Pt. 1 - The Joneses: Sugar Pie Guy Pt. 2 
Face D : Bobby Marchan : Bump Your Booty - Jerry Butler : Stop Steppin' On My Dreams - Ohio Players : Streakin' Cheek To Cheek - Joe Tex : Give The Baby Anything The Baby Wants - Crystal Grass : You've Got The Love I Needed So Bad Girl - Ohio Players : Skin Tight
Genre : Disco Funk
3°morceau de L'inventaire 19 : Streakin' Cheek To Cheek

Une compilation destinée apparemment uniquement au marché français : quatre faces glanées dans la discographie d'une poignée de groupes, à cette période charnière où le funk n'a pas encore adopté toutes les faiblesses du disco. Ce poing noir levé, l'association des termes "soul" et "power" composés en lettres dégoulinantes évoquant quelque graffiti revendicatif : le visuel de  la pochette cligne gentiment de l'oeil vers la fibre militante, même si ce n'est pas la teneur essentielle des morceaux choisis pour cette compilation. 
Pour ouvrir le bal Il y a bien le Shame, Shame, Shame de Shirley and Co. qui était censé s'adresser directement au Nixon du Watergate, mais ne nous y trompons pas : ce double est en réalité orienté vers les D.J. et les pistes de danse. 
Preuve en est cet irrésistible morceau des Ohio Players, groupe très méconnu en France et essentiellement réputé pour ses pochettes à fortes connotations sexuelles, voire carrément SM dans la première partie de leur discographie. Les deux morceaux présents sur cette compilation prouvent que les Ohio Players n'étaient pas seulement un groupe à pochettes, même s'ils ont mis beaucoup d'eau dans leur groove à mesure que les années 80 s’approchaient. A part ça, cette compilation regorge de petites perles funky. Ce doit être pour ça qu'elle est si difficile à trouver...


THE FOLK IMPLOSION Back To The Sunrise

THE FOLK IMPLOSION
One Part Lullaby

Label : Domino
Année : 1999
Face A : 
My Ritual - One Part Lullaby - Free To Go - Serge
Face B :
E.Z.L.A. - Mechanical Man - Kingdom Of Lies
Face C :
Gravity Decides - Chained To The Moon - Merry-Go-Down
Face D :
Someone You Love - No Need To Worry - Back To The Sunrise
Genre : American Pop Songs
2°morceau de L'inventaire 19 : Back To The Sunrise

Par opposition à la sophistication ultime du trip-hop et de l'électro pop, les journaux se sont mis à employer le terme "lo-fi" pour qualifier des albums privilégiant le "do it yourself" aux albums surproduits, nécessitant 6 mois d'enregistrements, un producteur de renom et une  technologie digne de la NASA. Une façon d'opposer artificiellement Guided By Voices et Radiohead par exemple...
Lou Barlow serait alors le chantre de cette nouvelle religion, une espèce de songwriter pressé qui multiplie les albums, les collaborations et les projets qu'il préfère sortir rapidement sur de petits labels. Avec Sebadoh, Sentridoh, The Folk Implosion, Deluxx Folk Implosion, Deep Wound et quelques autres groupes plus ou moins éphémères, Barlow a pu conjuguer son goût de l'expérimentation avec un sens très sûr du songwriting, naviguant entre mélodies mélancoliques et brusques accès de violence.
The Folk Implosion correspond à la partie la plus apaisée de son inspiration, notamment sur One Part Lullaby, co-écrit avec John Davis dont ce sera, hélas, la dernière collaboration avec Barlow avant d'aller fonder le groupe de heavy metal, F5. Dommage, cet album est un sans faute peuplé de ritournelles entêtantes avec, en bonus, un instrumental en forme d'hommage à Gainsbourg.

 

BUDDY SARKISIAN Mecca Interlude

08 10 13 BUDDY SARKISSIAN Soul of the East, 1964
BUDDY SARKISSIAN and HIS MECCA FOUR
Soul of the East

Label : Wyncotte
Année : 1964
Face A :
Mecca Interlude - Tempo Of The Veils - Laurentien Dreams - Drumselero - Chifti Sands
Face B :
Turkish Nightmare - Desert Moods - Carribean Holiday - 6/8 Delight - Moorish Echoes
Genre : Oriental Groove
1° morceau de L'inventaire 19 : Mecca Interlude

Ramassé avant tout pour sa pochette, l'album Soul of the East s'est révélé une excellente surprise. Le quartet de Buddy Sarkisian sonne diaboliquement bien, entre mélopées arabisantes et arrangements tziganes renforcés par la présence d'un maître du violon oriental : Fred Elias. Ce dernier est encore actif aujourd'hui dans la "musique élégante pour danse du ventre". Ce n'est pas très étonnant quand on entend la virtuosité du type et son inspiration mélodique qui n'est pas sans rappeler certains improvisateurs du jazz. 
Si tous les titres n'ont pas forcément le tempo de ce Mecca Interlude qui ouvre l'album, il n'y a aucun temps faible d'un bout à l'autre : rapide ou lent, romantique ou sensuel, chaque morceau vaut le détour et donne à regretter que ce soit la seule trace discographique de Sarkissian et ses Mecca Four
Croyez-moi les amis : ce groupe est en feu !