vendredi 15 novembre 2013

Inventaire 20 - Gants Blancs



Ça crépite, ça réchauffe, c'est de saison.


SOFT MACHINE Pataphysical Introduction Part 1

SOFT MACHINE
Vol 2

Label : Barclay (Probe Probe Probe)
Année : 1969
Face 1 : Rivmic Melodies : 
Pataphysical Introduction Pt. 1 - A Concise British Alphabet Pt. 1 - Hibou, Anemone And Bear - A Concise British Alphabet Pt. 2 - Hulloder - Dada Was Here - Thank You Pierrot Lunaire - Have You Ever Bean Green? - Pataphysical Introduction Pt. 2 - Out Of Tunes
Face 2 : Esther's Nose Job : 
As Long As He Lies Perfectly Still - Dedicated To You But You Weren't Listening - Fire Engine Passing With Bells Clanging - Pig - Orange Skin Food - A Door Opens And Closes - 10:30 Returns To The Bedroom
Genre : Rock pataphysique
8° morceau de L'inventaire 20 : Pataphysical Introduction Pt. 1 

Le groupe doit son démarrage à la rencontre d'un milliardaire mécène à Majorque qui leur paye du matériel et leur donne les moyens de répéter. Leur nom est aussi le titre d'un "roman" de William Burroughs qui leur accorda en personne le droit de l'utiliser. Leurs débuts dans le Londres psychédélique de la fin des années 60 les amènera à faire une tournée en première partie du Jimi Hendrix Experience dont le génie gaucher viendra de temps en temps jouer de la basse avec eux sur scène. Ils barbotent alors au milieu des Beatles, des Stones ou encore des Yardbirds
Mais l'essentiel n'est pas là...
Soft Machine signe la réunion de trois personnalités singulières : Daevid Allen, guitariste, chanteur un peu barré, Kevin Ayers, chanteur, guitariste un peu barré, et Robert Wyatt, multi-instrumentiste chanteur un peu barré. On appelle à la rescousse Mike Ratledge, issu du premier groupe de Wyatt, pour tenir la basse. En plus de leur imaginaire poétique, les musiciens partagent un goût prononcé pour le jazz et une ouverture à tout ce que la modernité artistique peut offrir de terres vierges. Ainsi, il sera difficile de qualifier la musique de Soft Machine, parfois complexe et conceptuelle, d'autres fois spontanée et pleine d'humour, à l'image de cette "introduction pataphysique" (que nous avons placé en conclusion du mix pour respecter leur sens de l'absurde).
Soft Machine est à la charnière du rock psychédélique et du rock progressif, leur discographie en témoigne : on passe de la liberté la plus créative à une complexité intellectuelle qui finit par devenir un peu stérile. La carrière du groupe est courte est chaotique : Daevid Allen a déjà quitté le navire lorsqu'ils enregistrent le premier album. Au troisième c'est Kevin Ayers qui lâche l'affaire, puis Wyatt au cinquième. Leurs carrières solos respectives montrent qu'ils ont eu bien raison !  
Mike Ratledge garde le nom du groupe qui décline dès lors un jazz rock boursouflé avec un certain succès, jusqu'à la fin des années 70.

THE JAM The Butterfly Collector

THE JAM
Snap !

Label : Polydor
Année : 1983
Face A : 
In The City - Away From The Numbers - All Around The World - The Modern World - News Of The World - Billy Hunt - English Rose - Mr. Clean        
Face B :

David Watts - "A" Bomb In Wardour Street - Down In The Tube Station At Midnight - Strange Town - The Butterfly Collector - When You're Young - Smithers-Jones - Thick As Thieves        
Face C :

The Eton Rifles - Going Underground - Dreams Of Children - That's Entertainment - Start! - Man In The Corner Shop - Funeral Pyre      
Face D :
Absolute Beginners - Tales From The Riverbank - Town Called Malice - Precious - The Bitterest Pill (I Ever Had To Swallow) - Beat Surrender 
Genre : Brit Pop
7° morceau de L'inventaire 20 : The Butterfly Collector

S'il est un groupe exemplaire, à la charnière des années 70-80, ouvrant la brèche du nouveau son de l'Angleterre sans jamais s'enfermer dans les modes éphémères, c'est bien The Jam
En 6 albums produits entre 1977 et 1982, le trio absorbe l'énergie du punk et la classe des mods, anticipe la new-wave et s'inscrit dans la grande tradition du songwriting anglais tout en injectant des couleurs de soul et de rhythm'n'blues à une pop efficace, apparemment très simple, mais taillée au cordeau. Paul Weller écrivait les morceaux, chantait et déroulait ses riffs impeccables, secondé par une rythmique plus que solide, Bruce Foxton à la basse, et Rick Buckler à la batterie.
Lorsque le groupe se sépare sans amertume, il laisse à ses fans un album live témoin de la jubilation communicative du groupe sur scène et ce double LP de compilation qui inclut quelques raretés et singles jamais publiés en album, dont le superbe Butterfly Collectors choisi pour ce mix. Ce qui rend la chose aussi indispensable que le reste de la discographie d'un groupe qui rejoint une très haute lignée britannique, celles des Beatles, des Kinks, des Smiths et qui d'autre...
Qui a dit The Police ?  
 
  

SYREETA Black Maybe

SYREETA
Syreeta

Année : 1972
Label : Mowest (Motown)
Face A :
I Love Every Little Thing About You - Black Maybe - Keep Him Like He Is - Happiness 
Face B :
She's Leaving Home - What Love Has Joined Together - How Many Days - Baby Don't You Let Me Lose This - To Know You Is To Love You

Genre : Deeper Soul
6° morceau de L'inventaire 20 : Black Maybe

Le vrai conte de fée : Syreeta Wright est réceptionniste à la Motown. Un jour, elle est repérée par l'un des compositeurs maison, Brian Holland, qui la fait auditionner devant l'équipe dirigeante. Elle raccourci son nom en Rita Wright, commence comme choriste, puis enregistre un single originellement prévu pour Diana Ross. Et même si le titre ne devient pas un gros tube, c'est cette fois Stevie Wonder qui la remarque et l'encourage à passer à la composition. Elle participe à l'écriture de quelques succès Motown, la plupart du temps avec Stevie (Signed, Sealed Delivered, I'm Yours) qui finit même par l'épouser en 1970... 
Il lui produit alors ce premier album, sublime, où il écrit la plupart des morceaux, seul ou avec elle. Et même quand il arrange des reprises (une des Beatles, une de Smokey Robinson) ça plane très haut. Stevie Wonder est en pleine mutation, il vient de découvrir les claviers électroniques, oriente ses textes vers plus de profondeur et s'affranchit très nettement des normes Motown.
Il ne faudrait pas croire pour autant qu'il est seul responsable de ce moment de grâce. Syreeta Wright a cosigné 4 titres, elle chante divinement, investit chaque chanson d'une intensité fragile, tout en donnant une désarmante impression de facilité. 
Tout ça est plein d'amour sans être mièvre, produit avec finesse et tient bon 40 ans après. 
Contrairement à leur mariage, dissout avant même la sortie du disque. Ce qui ne les a pas empêchés de continuer à collaborer par la suite et c'est tant mieux. 
Pour nous en tous cas...

THE EASYBEATS Land Of Make Believe

THE EASYBEATS
Friday On My Mind (Compilation)

Label : Fan Club (New Rose)
Année : 1985
Face A : 
Friday On My Mind - Pretty Girl - Who'll Be The One - Remember Sam - I'll Make You Happy - You, Me, We Love - Do You Have A Soul - Heaven And Hell    
Face B :

Made My Bed, Gonna Lie In It - Good Times - Lisa - She's So Fine - Land Of Make Believe - Sorry - River Deep, Mountain High - Saturday Night - Hello, How Are You
Genre : Pop 60's
5° morceau de L'inventaire 20 : Land Of Make Believe

David Bowie a repris leur Friday On My Mind sur son album Pin-up. A l'époque, tout le monde avait le 45t des Easybeats, même ma mère... 
Malheureusement, ce succès planétaire n'eut guère de suite et on se demande bien pourquoi. D'aucuns prétendront que les origines australiennes du groupe leur interdisait de lutter à armes égales avec les Beatles et les Stones, mais alors comment expliquer ce premier (et dernier) succès, qui les amena d'ailleurs à s'installer à Londres dans l'espoir d'intégrer la déferlante ?
C'est d'autant plus absurde et dommage qu'à l'écoute de cette compilation, sortie en 85 sous le label Fan Club (une division de New Rose tout spécialement dédiée à l'exhumation des vieilles gloires), on se rend compte que le groupe en avait sous la semelle. De fait, si parmi les quelques 17 titres qui la constituent, rares sont ceux qui ont trouvé leur place dans les charts de l'époque, l'album ressemble aujourd'hui à un catalogue de ce que la pop sixties pouvait avoir de plus excitant : rythmiques seiches et tranchantes, riffs de guitares efficaces (Made My Bed, qui figurait en face B de Friday on my mind aurait aussi bien pu lui damer le pion) et ces vocaux de Stevie Wright qui, sans être un grand technicien, apporte la même énergie irrésistible dans les graves et les aigus. 
A l'exception de rares reprises (ici le River Deep, Mountain High cher à Ike & Tina Turner, dans une version moins soul et plus électrique), les compositions sont signées Vanda et Young, les deux guitaristes qui, pour se venger de leur insuccès, deviendront producteurs dans les années 70 du groupe des deux petits frères Young. Une formation bruyante et talentueuse appelée AC/DC...
Les vinyles étant particulièrement coton à trouver, nous recommanderons pour une fois le double CD paru en 1996 (et réédité depuis) sous le titre The Definitive Anthology. L'objet offre une soixantaine de titres qui montrent l'étendue des influences bien digérées du groupe (rock'n'roll, rythm'n'blues, mersey beat, etc). Il contient en plus un livret de 50 pages qui retrace l'histoire des Easybeats. Le meilleur résidant dans le "track by track", une revue détaillée des chansons par l'une des deux âmes du groupe, le guitariste Harry Vanda qui fait preuve de beaucoup d'humour et de distance par rapport à cette carrière avortée.



THE SHINS New Slang

THE SHINS
Oh Inverted World

Label : Omnibus/Sub Pop
Année : 2001
Face A :
Caring Is Creepy - One By One All Day - Weird Divide - Know Your Onion! - Girl Inform Me     
Face B :
New Slang - The Celibate Life - Girl On The Wing - Your Algebra - Pressed In A Book - The Past And Pending

Genre : Sparkling Pop
4°morceau de L'inventaire 18 : New Slang

Bien sûr, certains vont évoquer les Beach Boys pour les vocaux légers ou les Byrds pour les accords lumineux... Il serait cependant dommage de limiter The Shins à l'héritage des années 60, leurs compositions n'aimant rien tant que sortir des sentiers battus, déraper dans une mélancolie fugace ou une inquiétante étrangeté d'une seconde à l'autre. 
Ils sont l'un des tout premiers groupes de l'histoire à avoir attiré l'attention d'un gros label (la maison Sub Pop, chantre du grunge qui eut la bonne inspiration en 1989 de sortir le Bleach de Nirvana) par leur popularité sur le site Napster. Grâce à ce bouche-à-oreille exponentiel et à leur présence sur quelques bandes originales de films et séries, le groupe va devenir énorme aux États-Unis mais reste relativement méconnu en France. Pourtant, toute champêtre et ensoleillée qu'elle puisse être, leur musique ne manque pas de profondeur... 

Oh, et puis pas la peine de tergiverser : The Shins est ce qui est arrivé de mieux à la pop musique ces 15 dernières années.
- Selon qui ?
- Selon moi, pourquoi ? T'as une objection ? 

MIGHTY SPARROW No Love

SPARROW
Hotter Than Ever

Label : Ra / Trojan
Année : 1972
Face A :
Rope - Toronto Mas - Winer Girl - Woom Poom - Drunk And Disorderly 
Face B :
Miss Ruby - More Cock - Melody 72 - No Love - Donkey Car`nt Wine

Genre : Calypso
3°morceau de L'inventaire 20 : No Love

Nous avons déjà évoqué dans ces chroniques les origines du calypso, célébré en Amérique du Nord par un mythique album de Robert Mitchum ou le très recommandable Van Dyke Parks
Mais c'est plus au sud, entre Trinidad et Jamaïque, qu'il faut chercher les sources de cette musique festive, accompagnant des paroles reflétant souvent la réalité la plus crue. Actif depuis la fin des années 50, Slinger Francisco, connu sous le pseudonyme de Mighty Sparrow, surnommé parfois "The Bird" ou "The Birdie" est, depuis, l'une des figures les plus célèbres du genre, avec le bassiste Byron Lee qui a d'ailleurs supervisé l'enregistrement de cet album.
La musique de Sparrow est faite avant tout pour danser, elle est gavée jusqu'à la gueule d'énergie brute, de percussions, de cuivres, et de mélodies ensoleillées. On doit à cet infatigable ambianceur une grosse soixantaine d'albums étalés sur 40 ans, et une longévité encore plus importante sur scène, tout juste interrompue en 2010 pour raisons médicales à... 75 ans.

WENDY & LISA Fruit at the bottom

WENDY & LISA 
Fruit At The Bottom

Label : Virgin
Année : 1989
Face 1 :
Lolly Lolly - Are You My Baby - Satisfaction - Always In My Dreams- Everyday
Face B : 
From Now On (We’re One) - Tears Of Joy - Someday I - I Think It Was December - Fruit At The Bottom 
Genre : Funky pop
2°morceau de L'inventaire 20 : Fruit at the bottom

Elles ne sont pas que sexy. Multi-instrumentistes chez le petit Prince de Mineapolis à sa période majeure (de Purple Rain à Sign "O" the Times), Wendy Melvoin et Lisa Coleman, les deux amies d'enfance, ont pris leur envol pour un premier album sous leurs prénoms en 1987 et se taillent un petit succès avec le suivant, Fruit At The Bottom, qu'elles défendront énergiquement sur scène. 
L'influence de Rogers Nelson se fait encore bien sentir : ses rythmiques funky qui claquent, ses caisses claires en carton et cette production efficace mais kitch, mais aussi un sens mélodique très sûr et un groove imparable qui laissent à penser que les demoiselles n'étaient pas pour rien dans la période dorée de Prince (qui d'ailleurs connaîtra un passage à vide peu après leur départ). 
L'album est inégal, et sa production témoigne des dégâts de cette période charnière où le virage vers le cd numérique générait quelques faute de gouts irréparables. Mais il serait dommage de le laisser trainer dans les bacs de soldes où il agonise, ne serait-ce que pour le sensuel Lolly Lolly, ou cet énergique Fruit At The Bottom qui clôt l'album du même nom, titre qu'il est difficile de traduire autrement que par l'expression "Avoir des couilles au cul".

Postscriptum. : Aujourd'hui Wendy & Lisa écrivent de superbes musique pour des séries T.V.. Elles ont notamment remporté un Emmy Award pour leur travail sur Nurse Jacky.

 

KARL HEINZ SCHÄFFER Les Gants Blancs du Diable

KARL HEINZ SCHÄFFER
Les Gants Blancs du Diable

Label : Eden Roc
Année : 1973
Face A :
La Victime - La Valise - Kidnapping - Le Partage - Accroc - Les Gants Blancs - La Couleur Des Yeux
Face B : 
Couleurs - Karajan - "Suivi" -    L'Accuponcture - Les Preuves - Le Lien - Police Polka - Utopia
Genre : Musique de film
1°morceau de L'inventaire 20 : La Victime

Le film est invisible et la b.o. très recherchée. Réalisé par Laszlo Szabo (qui joue le Russe mystérieux du train dans La Sentinelle de Desplechin), Les Gants Blancs du Diable est apparemment un polar politique, un mélange de film de genre et de cinéma d'auteur qui fleure bon la subversion post-soixante-huitarde si on en croit le monologue de Jean-Pierre Kalfon en fin de face B. A part ça, la musique de Karl Heinz Schäffer oscille entre les arrangements classiques, les instrumentaux funky et les sonorités électroniques, avec ce goût de la liberté et de l'expérimentation propre aux années 70.
Au fil des ans, l'objet est devenu  totalement culte, d'autant plus qu'il n'a pas dû être tiré à des millions d'exemplaires à l'époque. Toujours dans les bons coups, le label Vadim a réédité cette bande originale en CD et vinyle. Leurs tarifs ne sont certes pas donnés mais, au vu de la côte de l'original, ça reste abordable. 
Du coup, il est difficile de décrire l'émotion qui vous saisit lorsque vous tombez sur le 33t d'époque dans un bac de disques pourris au marché aux puces. Et même si la galette a vécu, même si elle gratte beaucoup, elle reste incroyablement efficace. Mettre la b.o. des Gants Blancs du Diable sur la platine est une expérience troublante, qui doit faire sensiblement le même effet que de à monter à bord d'une machine à voyager dans le temps.

dimanche 13 octobre 2013

THE CARS This Could Be Love

THE CARS
Shake It Up

Label : Elektra
Année : 1981
Face A :
Since You're Gone - Shake It Up - I'm Not The One - Victim Of Love - Cruiser
Face B : 
A Dream Away - This Could Be Love - Think It Over - Maybe Baby 
Genre : Pop synthétique
7°morceau de L'inventaire 19 : This Could Be Love

Même si leurs albums se sont très bien vendus en France dans les années 80, les Cars restent un groupe important dans la culture américaine alors qu'ils ont tendance, ici, à disparaître des mémoires. 
Certainement parce que leur new wave est composée à 99% de tissus synthétiques, non seulement par l'omniprésence de claviers aux sonorités bubble-gum, mais jusque dans les guitares et batteries férocement datées. Du coup, leurs albums se ramassent par poignées dans les vide-greniers pour quelques centimes d'euros et c'est l'occasion de revenir sur l'essentiel : l'écriture de Ric Ocasek. Le leader de ce groupe faussement joyeux assure les mélodies un rien tortueuses et les riffs efficaces sur lesquels il pose sa voix qui plait aux filles... Après la séparation du groupe, il tentera une carrière solo mais, surtout, produira quelques albums d'artistes fort appréciables dont Alan Vega, Nada Surf, Jonathan Richman ou encore Guided By Voices.  Et, bien entendu, reformation en 2011...
D'inspirations inégales, les 6 albums qui embrassent les 10 ans de carrière de The Cars (1978-88) constituent en tous cas une belle illustration de ce que fut le versant le plus populaire de cette fameuse New Wave. Au célébrissime slow roule-galoche que diffusent encore les radios nostalgiques, (Drive, qui fera de leur album Heartbeat City un succès planétaire), nous avons préféré la lenteur et l'atmosphère un peu tordue de This Could Be love sur Shake It Up, leur précédent album sorti trois ans plus tôt, et, à notre humble avis, vachement plus inspiré... 

STRAY Move on

STRAY

Label : Transatlantic Records
Année : 1970
Face A :
All In Your Mind - Taken All The Good Things - Around The World In Eighty Days - Time Machine 
Face B :
Only What You Make It - Yesterdays Promises - Move One - In Reverse / Some Say
Genre : Chevelu et saturé
6°morceau de L'inventaire 19 : Move On

Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath et le MC5... Entre 68 et 70 vont sortir dans un mouchoir de poche une série de premiers albums qui vont définir les bases du hard rock avec ses qualités essentielles (un son puissant et une tendance au psychédélisme échevelé) et les défauts afférents (un goût un peu limite pour les chanteurs braillards et les solos virtuoses mais démonstratifs). 
Grands oubliés du lot, le groupe Stray émerge à Londres en 1966 et sort ce premier album 4 ans plus tard. Les guitares sont saignantes, les basses lourdes, mais on est loin du pilonnage bourrin qui caractérisera la décennie suivante : les morceaux sont élaborés, chacun à son atmosphère propre, sans donner non plus dans les structures complexes et étouffantes du rock progressif. En fait, ce qui frappe d'entrée à l'écoute de ce premier album de Stray, c'est le plaisir évident qu'ils prennent à jouer leur musique certes un peu enfumée, mais brute et totalement débridée. Ça ressemble fort à une jam session capturée live et sans édulcorants. 
Et la mayonnaise prend : Stray aura très vite ses fans et déroulera une carrière honorable quoi qu’ignorée du grand public. Probablement à cause d'un chant un peu insignifiant, seule véritable faiblesse d'un groupe qui n'a jamais vraiment disparu et s'est même fendu d'un nouvel album en 2010, après presque trente ans de silence...  

SLY AND ROBBIE The Woman For The Job

SLY AND ROBBIE
Silent Assassin

Label : Island
Année : 1989
Face A :
Rebel (Featuring – Shah Of Brooklyn) -  Adventures Of A Bullet (Featuring Shah Of Brooklyn) - Woman For The Job (Featuring Queen Latifah) - Man On A Mission (Featuring Shah Of Brooklyn) - Steppin' (Featuring Shah Of Brooklyn) 
Face B :
Under Arrest (Featuring Young MC) - Dance Hall (Featuring Willie D) - Party Together (Featuring KRS-One) - Living A Lie (Featuring Young MC) - Letters To The President (Featuring Shah Of Brooklyn) - Ride The Riddim (Featuring Willie D)
Genre : Hip Hop vieille école
5°morceau de L'inventaire 19 : The Woman For The Job

Sly Dunbar et Robbie Shakespeare constituent la section rythmique la plus sure et la plus inventive du reggae. Non contents d'avoir accompagné les plus grands artistes du genre et bien au-delà, d'être présents derrière leurs instruments respectifs sur quelques centaines de disques (autour de 1 000 en fait), ils ont produit également une quantité impressionnante d'albums en duo. Naturellement, une partie de ceux-ci est sous haute influence de la musique jamaïcaine, mais leur goût de l'aventure les a amenés à tâter à énormément de styles, à insuffler leur alchimie rythmique et sonore dans tout un tas de courants musicaux qui ne s'en portent que mieux depuis : pop, fusion, funk, électro... 
Ainsi, à la fin des années 80, s'adonnent-ils à la culture hip hop avec un bonheur évident, convoquant le gratin de l'époque à rapper sur leur alliance drum & bass imparable. Si ce morceau avec Queen Latifah dérive ostensiblement vers le ragga, la couleur générale est assez sèche, plus métallique, voire carrément digitale, probablement en grande partie grâce à la production audacieuse de KRS One, précurseur du rap qui fait de cet album un objet certes de son époque, mais qui, encore aujourd'hui, sort des sentiers déjà très balisés du genre.

VINCE TAYLOR Shakin' All Over

VINCE TAYLOR and The Playboys
The Black Leather Rebel

Label : Rebel Records
Année : 1992 (compilation)
Face A :
I Like Love - Right Behind You Baby - Brand New Cadillac - Pledge My Love - Move Over Tiger - Watcha Gonna Do - I'll Be Your Hero - Jet Black Machine        
Face B :
20 Flight Rock - C'Mon Everybody - Shakin' All Over - Shot Of Rythm & Blues - Lovin' Up A Storm - Baby Let's Play House - Ready Teddy - Memphis Tennessee
4°morceau de L'inventaire 19 : Shakin' All Over

Il serait l'une des inspirations pour le personnage du Ziggy Stardust de David Bowie... Mais ça n'est qu'une des nombreuses légendes qui entourent Vince Taylor, chanteur à la fois mythique et pathétique, perpétuellement à contre-temps de l'histoire du rock. Il est anglais et s'appelle Brian Maurice Holden dans le civil. Il sort son premier 45t de rock'n'roll en 1958 et connaît un succès éphémère en Angleterre. Mais la violence qui entoure ses prestations lui ferme les portes des salles de concerts et court-circuite sa carrière discographique. Il dissout plusieurs fois son groupe de "play-boys", qui a vu défiler quelques pointures en devenir, dont un jeune guitariste appelé Jimmy Page... 
Alors que ses compatriotes (les Beatles, puis les Stones) envahissent les États-Unis, il ne devra son salut qu'à la médiocrité du rock français : brut et sauvage, il passe ici pour un vrai de vrai à côté des gentils "yé-yé". Résultat : c'est Barclay qui fera sa carrière. Une poignée de 45t, puis un album en 1961, habilement intitulé "Le Rock c'est ça" : Vince Taylor devient ainsi le premier d'une longue tradition d'expatriés anglophones qui ne connurent le succès que dans l'hexagone. Mais ça ne va pas durer : l'esprit "Salut Les Copains" prend le dessus. Vince lui-même sort un infâme 45t sirupeux, Mimi. Il y perd sa crédibilité et, du coup, le soutien du nabab Barclay qui le laisse sans maison de disques. Déclin fulgurant, drogue, alcool, crise de mysticisme, clochardisation et internement psychiatrique : Vince Taylor a droit à la dégringolade totale, malgré une poignée d'indéfectibles fans et quelques tentatives de retour dans les années 70/80. Il se retire en Suisse et se marie en 1983. Un cancer l'emporte en 1991.
L'année d'après sort cette compilation The Black Leather Rebel. Au verso de la pochette on peut lire "Vince has not yet had the breaks he deserves". Ce qui signifie approximativement "Vince n'a toujours pas eu le succès qu'il mérite". Peut-être. En tous cas, l'influence souterraine du félin du rock a ressurgi quelques fois au grand jour, que ce soit dans les excentricités de Lux Interior (The Cramps) ou la radicalité d'un Jamie Hince (The Kills). 
Et puis, de toute façon, un type qui compte le grand Pascal Comelade dans son fan club ne peut pas être foncièrement mauvais.

OHIO PLAYERS Streakin' Cheek To Cheek

SOUL POWER
(Compilation)

Label : Mercury
Année : 1975(?)
Face A : Shirley & Company : Shame, Shame, Shame - Jerry Butler : Chain Gang - Crystal Grass : Heavy Eyes - Buddy Miles : Them Changes - Don Covay : It's Better To Have (And Don't Need) - Jerry Butler : Ain't That Good News     
Face B : Jerry Butler : One Night Affair - Buddy Miles : We Got To Live Together - Crystal Grass : Crystal World - Jerry Butler : Respect - Bobby Marchan : Ain't Nothin' Wrong With Whitey - Joe Tex : A Mother's Prayer
Face C : Joe Tex : I Gotcha - Don Covay : Memphis - Crystal Grass : You're All I Ever Dreamed Of - Joe Tex : King Thaddeus - The Joneses : Sugar Pie Guy Pt. 1 - The Joneses: Sugar Pie Guy Pt. 2 
Face D : Bobby Marchan : Bump Your Booty - Jerry Butler : Stop Steppin' On My Dreams - Ohio Players : Streakin' Cheek To Cheek - Joe Tex : Give The Baby Anything The Baby Wants - Crystal Grass : You've Got The Love I Needed So Bad Girl - Ohio Players : Skin Tight
Genre : Disco Funk
3°morceau de L'inventaire 19 : Streakin' Cheek To Cheek

Une compilation destinée apparemment uniquement au marché français : quatre faces glanées dans la discographie d'une poignée de groupes, à cette période charnière où le funk n'a pas encore adopté toutes les faiblesses du disco. Ce poing noir levé, l'association des termes "soul" et "power" composés en lettres dégoulinantes évoquant quelque graffiti revendicatif : le visuel de  la pochette cligne gentiment de l'oeil vers la fibre militante, même si ce n'est pas la teneur essentielle des morceaux choisis pour cette compilation. 
Pour ouvrir le bal Il y a bien le Shame, Shame, Shame de Shirley and Co. qui était censé s'adresser directement au Nixon du Watergate, mais ne nous y trompons pas : ce double est en réalité orienté vers les D.J. et les pistes de danse. 
Preuve en est cet irrésistible morceau des Ohio Players, groupe très méconnu en France et essentiellement réputé pour ses pochettes à fortes connotations sexuelles, voire carrément SM dans la première partie de leur discographie. Les deux morceaux présents sur cette compilation prouvent que les Ohio Players n'étaient pas seulement un groupe à pochettes, même s'ils ont mis beaucoup d'eau dans leur groove à mesure que les années 80 s’approchaient. A part ça, cette compilation regorge de petites perles funky. Ce doit être pour ça qu'elle est si difficile à trouver...


THE FOLK IMPLOSION Back To The Sunrise

THE FOLK IMPLOSION
One Part Lullaby

Label : Domino
Année : 1999
Face A : 
My Ritual - One Part Lullaby - Free To Go - Serge
Face B :
E.Z.L.A. - Mechanical Man - Kingdom Of Lies
Face C :
Gravity Decides - Chained To The Moon - Merry-Go-Down
Face D :
Someone You Love - No Need To Worry - Back To The Sunrise
Genre : American Pop Songs
2°morceau de L'inventaire 19 : Back To The Sunrise

Par opposition à la sophistication ultime du trip-hop et de l'électro pop, les journaux se sont mis à employer le terme "lo-fi" pour qualifier des albums privilégiant le "do it yourself" aux albums surproduits, nécessitant 6 mois d'enregistrements, un producteur de renom et une  technologie digne de la NASA. Une façon d'opposer artificiellement Guided By Voices et Radiohead par exemple...
Lou Barlow serait alors le chantre de cette nouvelle religion, une espèce de songwriter pressé qui multiplie les albums, les collaborations et les projets qu'il préfère sortir rapidement sur de petits labels. Avec Sebadoh, Sentridoh, The Folk Implosion, Deluxx Folk Implosion, Deep Wound et quelques autres groupes plus ou moins éphémères, Barlow a pu conjuguer son goût de l'expérimentation avec un sens très sûr du songwriting, naviguant entre mélodies mélancoliques et brusques accès de violence.
The Folk Implosion correspond à la partie la plus apaisée de son inspiration, notamment sur One Part Lullaby, co-écrit avec John Davis dont ce sera, hélas, la dernière collaboration avec Barlow avant d'aller fonder le groupe de heavy metal, F5. Dommage, cet album est un sans faute peuplé de ritournelles entêtantes avec, en bonus, un instrumental en forme d'hommage à Gainsbourg.

 

BUDDY SARKISIAN Mecca Interlude

08 10 13 BUDDY SARKISSIAN Soul of the East, 1964
BUDDY SARKISSIAN and HIS MECCA FOUR
Soul of the East

Label : Wyncotte
Année : 1964
Face A :
Mecca Interlude - Tempo Of The Veils - Laurentien Dreams - Drumselero - Chifti Sands
Face B :
Turkish Nightmare - Desert Moods - Carribean Holiday - 6/8 Delight - Moorish Echoes
Genre : Oriental Groove
1° morceau de L'inventaire 19 : Mecca Interlude

Ramassé avant tout pour sa pochette, l'album Soul of the East s'est révélé une excellente surprise. Le quartet de Buddy Sarkisian sonne diaboliquement bien, entre mélopées arabisantes et arrangements tziganes renforcés par la présence d'un maître du violon oriental : Fred Elias. Ce dernier est encore actif aujourd'hui dans la "musique élégante pour danse du ventre". Ce n'est pas très étonnant quand on entend la virtuosité du type et son inspiration mélodique qui n'est pas sans rappeler certains improvisateurs du jazz. 
Si tous les titres n'ont pas forcément le tempo de ce Mecca Interlude qui ouvre l'album, il n'y a aucun temps faible d'un bout à l'autre : rapide ou lent, romantique ou sensuel, chaque morceau vaut le détour et donne à regretter que ce soit la seule trace discographique de Sarkissian et ses Mecca Four
Croyez-moi les amis : ce groupe est en feu ! 

lundi 23 septembre 2013

Inventaire 18 - Camino Cortado


De l'Espagne profonde à une Galaxie très lointaine en 26 minutes : gros trip !

GALAXIE 500 Tugboat

GALAXIE 500
Today

Label : Shimmy Disc
Année : 1988
Face A :
Flowers - Pictures - Parking Lot - Don't Let Our Youth Go To Waste 
Face B :
Temperature's Rising - Oblivious - It's Getting Late - Instrumental - Tugboat
Genre : Pop atmosphèrique
8° morceau de L'inventaire 18 : Tugboat

A la fin des années 80, le terme d'"indie pop" commençait à éclore parmi les journalistes les plus pointus de la presse musicale. Il embrassait une flopée de groupes auxquels il fallait rajouter des sous-étiquettes pour essayer de les différencier entre eux. Les américains de Galaxie 500 se virent ainsi affubler du terme "Dream pop" qui leur va bien au teint. 
Leur trio basique (guitare/basse/batterie), leur guitare électrique éthérée et leurs morceaux mid tempo étirés par des improvisations psychédéliques : le groupe part de l'essence du rock et s'élève vers des cieux inexplorés. Bien sûr, comme presque tout le monde à ce moment-là, ils sont sous l'influence du Velvet Underground, mais leur son est unique et personnel, en grande partie dû à la voix légèrement fausse et nasillarde de Dean Wareham. Ce timbre un peu androgyne, entre Daisy et Donald Duck, fait tour à tour figure d'atout et de défaut du groupe.
Après 3 albums, Galaxie 500 se sépare. La section rythmique, Naomi Yang et Damon Krukowski, tentera diverses formules : Magic Hour, Pierre Etoile ou, tout bêtement, Damon et Naomi. De son côté, Dean Wareham connaitra un succès un peu plus consistant avec Luna qui a sorti 9 albums entre 1992 et 2006. 
Il vient de sortir un single sous son nom.


ROOTS MANUVA Bashment Boogie

ROOTS MANUVA
Run Come Save Me

Label : Big Dada Recordings
Année : 2001
Face A :
...No Strings - Bashment Boogie - Witness (1 Hope) - Join The Dots
Face B : 
Ital Visions - Artical - Hol' It Up - Stone The Crows
Face C :
Kicking The Cack - Dub Styles - Trim Body - Sinny Sin Sins - Evil Rabbit
Face D :
Swords In The Dirt - Highest Grade - Dreamy Days 
Genre : Smart Hip Hop
7°morceau de L'inventaire 18 :  Bashment Boogie


Roots Manuva (Rodney Hylton Smith à la ville) est londonien, c'est peut-être pour ça qu'il n'affiche aucun des clichés qui ont étouffé le rap américain (survêt, grosses baguouzes, voitures de kéké et armada de "bitchiz"... je vous fais un dessin ?). Pas plus dans son attitude que dans sa musique, et surtout pas dans son flow posé, grave et parfois chantant. 
Délivrant depuis presque 15 ans de beaux albums sur Big Dada, (filiale complémentaire du label Ninja Tune, plus centrée sur les voix) il adore brouiller les pistes, mélanger l'électronique la plus avant-gardiste avec des sonorités old school, et fuit comme la peste tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin a de la répétition. L'homme a du goût, des idées et, ce qui est encore plus rare, une élégance naturelle qui en impose. 
En Angleterre, Run Come Save me, son second album, s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires. On ne compte plus depuis ses apparitions, participations, contributions (Leftfield, Gorillaz, etc). 
En résumé, s'il reste un peu ignoré par chez nous, c'est une erreur : Roots Manuva est grand.

REGINE Capone Et Sa P'Tite Phyllis

REGINE

Label : Pathé
Année : 1967
Face A : 
Gueule De Nuit - L'Amour À Contre Cœur- De Deux Choses L'Une - Raconte-Moi, Dandy - Quelque Part À Paris - Capone Et Sa P'Tite Phyllis
Face B :
Ouvre La Bouche, Ferme Les Yeux - Attends-Moi - Les Maisons Grandes - Eugène - Les Cafés - Moi, J'Aime Ça 
Genre : Chanson française de qualité
6° morceau de L'inventaire 18 : Capone Et Sa P'Tite Phyllis

La reine de la nuit, l'inventeuse des discothèques, et, si l'on en juge par la pochette de ce premier album, le modèle vestimentaire d'Austin Powers : Régine est une sorte d'icône. 
Avec son accent de titi parisien et son franc-parler digne d'une tenancière de bordel, elle fait partie de la culture française au même titre que l'andouillette ou l'almanach Vermot. Et même si ce sont ses activités de patronne de boîtes de nuit un peu partout à travers le monde qui l'ont enrichie, Régine a sorti une petite dizaine de disques, de ce premier en 1967 jusqu'à un album de duos sorti pour ses 80 ans, en 2009, avec des personnalités aussi diverses que Lavilliers, Arthur H, Didier Wampas, Boy George et même l'horrible Cali... Elle y reprend bien sûr ses grands succès (La Grande Zoa, Les P'tits papiers) mais aussi pas mal de titres de ce premier album. 
Faut dire qu'elle y était à l'époque bien servie : une chanson de Barbara, une autre du duo Lanzmann/Dutronc, et deux de Gainsbourg qui fut certainement son auteur le plus pertinent. Et même si Ouvre la bouche, ferme les yeux garde encore aujourd'hui un parfum de provocation efficace, c'est la ballade Capone et sa p'tite Phyllis qui l'a emporté pour ce mix, grâce à son mélange d'humour et de mélancolie, emballé par de délicieux arrangements signés Michel Colombier.  

THE BELIEVERS Psychedelic Shack

THE BELIEVERS
A Salute to Motown

Label : Amos Records/Bell
Année : 197?
Face A :
Wait A Minute Befor You Leave Me - You've Made Me So Very Happy - Psychedelic Shack - The Love You Save - With Love Lighting Up My Life
Face B :
War - I Wish It Would Rain - Love Child - Yester-me, Yester-you, Yesterday - I Can't Get Next To You
Genre : Groovy Baby
5° morceau de L'inventaire 18 : Psychedelic Shack

Difficile de trouver des infos sur cet album : on appelle ça du "rare groove". Pas de note de pochette, aucune info sur les musiciens qui composent les Believers, tout au plus un nom de producteur, Dick Glasser, qui enregistrea un single en tant que chanteur en 1957 avant de se lancer dans une fructueuse carrière de l'autre côté de la vitre. Il produit nombre de chanteurs pop, rock ou country entre le début des années 60 et la fin des années 70, mais sa spécialité semble bien être les instrumentaux. On lui doit en particulier quelques hits des Ventures, un album des Marketts autour de Batman qui ne devrait pas tarder à émerger dans un mix, et donc cet album des obscurs Believers
Comme le titre l'indique, les 10 titres du LP sont issus du catalogue Motown repris en version instrumentale, sans fioriture ni débordement. Il s'agit certainement de capitaliser sur des succès déjà éprouvés pour aboutir à un produit qui servira aussi bien à emballer vos soirées festives qu'à créer une ambiance feutrée lors d'un tête à tête intime. Car, comme c'est souvent le cas avec ce genre de produits qui réserve une place d'honneur à l'orgue électrique, les ballades tournent vite à la musique d'ascenseur. Heureusement, il y a quelques tueries funky, dont une bonne version du War d'Ewyn Starr et cette reprise infernale des Temptations, qui trône au beau milieu du mix.



THE THE Beyond Love

THE THE
Jealous of Youth/Beyond Love

Label : Epic
Année : 1990
Genre : Twisted Pop
4°morceau de L'inventaire 18 : Beyond Love

Derrière ce nom de groupe absurde se cache Matt Johnson, crooner à l'esprit torturé, auteur d'une dizaine d'albums en 30 ans de carrière où, dans une belle schizophrénie, la pop la plus sucrée et les atmosphères les plus inquiétantes se marient le plus naturellement du monde. Volontiers synthétique, généreux d'une voix qui le destinait plutôt à jouer les chanteurs à minettes, Matt transforme ses douleurs en parfaites pop songs. 
Aussi mancunien et végétarien que Morrissey, ami de longue date de Johnny Marr qui viendra lui prêter main forte après la séparation des Smiths, il classe quelques singles dans les charts anglais mais reste un artiste plutôt méconnu dans le reste du monde et notamment en France. On lui doit un grand album (Dusk), un drôle d'hommage à Hank Williams (Hanky Panky) et quelques chansons irrésistibles (This is the day). En 1990, entre deux albums, il sort le single Jealous of Youth en face B duquel il recycle ce Beyond Love, déjà présent sur Mind Bomb.
Après 10 ans de silence, ses deux derniers albums sont des bandes originales de film.

COATY DE OLIVEIRA Bahianada No Rio

LE FORRO BRESILIEN
(Coaty de Oliveira)

Label : Arion
Année : 1975
Face A :
Transamazônia - Abôio -    Terno De Salaõ - Calúmba Da Praia - Bambelô 
Face B :
Caatinga - Procissaõ - Bahianada No Rio - Capoeira De Santana - Carnaval De Recife
Genre : Brazilian Groove
3° morceau de L'inventaire 18 : Bahianada No Rio

Le titre et la pochette du LP pourraient faire penser à une compilation de musique festive (d'après les notes figurant au verso, le forro est une célébration musicale qui se pratique toute la nuit dans le nord-este brésilien), mais en fait il s'agit bien de l’album d'un artiste, Coaty de Oliveira, dont on trouve difficilement en tout et pour tout 2 LP en France (la pochette du  second ne faisant qu'ajouter à la confusion). 

Ceci est aussi un album de Coaty de Oliveira
Il semble cependant que la carrière du musicien fut nettement plus productive. Et qu'il ne soit aujourd'hui qu'en semi-retraite, si l'on en juge par quelques annonces de concerts sur sa page FB.
Quoiqu'il en soit, les 10 titres présents sur cette sortie française de 1975 alternent instrumentaux et morceaux chantés, balades mélancoliques et invitations à danser, avec une grande richesse mélodique et une prise de son signée Bob Chaubaroux (?) qui rend honneur à la puissance acoustique du groupe. 

Le label français indépendant Orion, spécialisé depuis les années 70 dans le classique et les musiques traditionnelles des cinq continents, liste ici les instruments utilisés pour l'album : ça va de la banale clarinette à la "cuica" en passant par le "zabumba", l'"afuche" ou le "agôgô".