dimanche 27 novembre 2016

Inventaire 44 - Kou Kino Mambo

THE REMAINS But I Ain't Got You

THE REMAINS
Diddy Wah Diddy


Label : Eva Records
Année : 1983 (compilation)
A1 All Good Things
A2 When I Want To Know
A3 Why Do I Cry
A4 Ain't That Her
A5 I Believe In You
A6 Mercy, Mercy
A7 My Babe
A8 Time Of Day
A9 But I Ain't Got You
A10 I Can't Get Away From You
B1 Diddy Wah Diddy
B2 Once Before
B3 Lonely Weekend
B4 You Got A Hard Time Coming
B5 Say You're Sorry
B6 Don't Look Back
B7 Thank You
B8 Me Right Now
B9 Heart

Genre : Rock 60's
7° morceau de L'Inventaire 44 : But I Ain't Got You

Grandeur et décadence d'un groupe plein de promesses... The Remains, parfait quatuor de rock qui s'est formé sur les bancs de l'université de Boston, n'aura existé que deux petites années. 
Au début, comme tout le monde, ils alignent les reprises de rock'n'roll et de rhythm'n'blues, en injectant ici et là des compositions de leur chanteur guitariste Barry Tashian. La mayonnaise prend : les Remains ont un son, brut mais élégant, et se défendent très bien sur scène, notamment en Nouvelle-Angleterre où ils tournent inlassablement. Signature sur le label Epic, passage au très populaire Ed Sullivan Show de Noël, leurs 45 commencent à tourner en radio et se vendre, notamment leur reprise du Diddy Wah Diddy de Bo Didley et Why Do I Cry, typique de l'écriture de Tashian, à mi-chemin entre le rock garage et cette pop mélancolique que les Anglais appelaient "Merseybeat". 
Et justement, les Beatles reviennent en 66 aux États-Unis pour ce qui s'avérera leur dernière tournée. En pleine ascension, les Remains sont recrutés pour assurer leur première partie dans 14 villes américaines durant trois semaines. Ce devait être leur rampe de lancement, ce sera leur chant du cygne : le batteur décide brutalement de quitter le groupe qui tentera mollement de le remplacer avant de jeter l'éponge...
Dans les années 80, le label français Eva sort cette compilation qui contient 19 titres, soit plus que leur unique LP et les quelques 45t d'époque en proposaient. Deux ans plus tard, ce sera Fan Club, sous label de New Rose, qui sortira un double album encore plus fourni. C'est ce qu'on appelle de beaux restes : jamais groupe n'aura aussi bien porté son nom !


JAD WIO L'Amour à la hâte

JAD WIO
Contact

Label : Garage/Just In distribution
Année : 1989
A1 Priscillia
A2 Brilnombrilnom
A3 L'Amour A La Hâte
A4 3615 Mad Sex
A5 B.B. Pin Up Boy
B1 Ophelie
B2 Version X Du Beauty And The Beast
B3 Gimme Ur Night
B4 Ride On
B5 C'Est Ça

Genre : Cabaret New-Wave
6° morceau de L'Inventaire 44 : L'Amour à la hâte

"Moite, moite, tu m'fais moite
Moite, moite, l'amour à la hâte". 
On reconnaît tout de suite une chanson de Kbye et Bortek, la double identité derrière l'entité Jad Wio. Un mélange caractéristique d'ambiance cabaret, de production new-wave et de riffs garage, le tout emballé dans une imagerie cuir SM du meilleur effet, avec suffisamment d'humour pour ne pas sombrer dans le ridicule.
Ne cherchez pas ailleurs la touche de glamour qui a toujours manqué au rock français, elle est là, dans cette curieuse mixture apparue au milieu des années 80. Tandis que les autres groupes français tentent tant bien que mal de souffler sur les dernières braises du punk et récupèrent l'affreux qualificatif de "rock alternatif", Jad Wio parvient à hybrider les rythmiques froides de Bauhaus et la sueur des Cramps, tout en assumant subtilement l'influence de Gainsbourg. On retrouve d'ailleurs dans L'Amour à la hâte un clin d’œil à Melody Nelson ("Tu as le cheveu rouge / C'est ton parfum naturel"). Quant au titre de l'album, Contact, il fait référence à un titre que Gainsbourg avait écrit pour Brigitte Bardot, et que Jad Wio reprendra sur leur 33t suivant, Fleur de métal, un album construit autour du concept de "beatnick sidéral" dont le vinyl vient d'être réédité et qu'on trouve ces jours-ci à 10€ un peu partout. 
Je serais vous, je foncerais !

FRANK ZAPPA and THE MOTHERS Camarillo Brillo

FRANK ZAPPA and THE MOTHERS
Over-Nite Sensation

Label : Discreet 
Année : 1973
A1 Camarillo Brillo
A2 I'm The Slime
A3 Dirty Love
A4 Fifty-Fifty
B1 Zomby Woof
B2 Dinah-Moe Humm
B3 Montana

Genre : Country-Jazz-Rock
5° morceau de L'Inventaire 44 : Camarillo Brillo

Génie absolu pour les uns, virtuose pénible pour les autres, Zappa est un artiste à part : tout le monde est au moins d'accord là-dessus. 
Mais évidemment, ça ne dit pas grand chose de cette discographie qui ressemble à une jungle, forte d'une soixantaine d'albums combinant studio et enregistrement de concerts, avec les Mothers of Invention ou sous son nom seul. 
Les étiquettes lui dégringolent toutes dessus mais n'adhèrent jamais totalement : psychédélique, progressif, fusion, jazz-rock, expérimental mais aussi parfois  très classique avec des morceaux de pur rock'n'roll, des sonorités country, des rythmes reggae ou funk... Il faut des agités dans le genre de Pacôme Thiellement pour oser aborder son œuvre dans son ensemble et forcément s'engager sur des chemins ésotériques. Ou bien des musicologues avertis, de savants mélomanes capables d'analyser compositions et arrangements pour extraire la substantifique moelle de cette créativité compulsive.
Si vous n'appartenez pas à ces deux catégories, que vous ne faîtes pas non plus partie des fans transis, ni des allergiques hostiles au bonhomme, reste l'option aléatoire : piocher au hasard des rencontres dans cette inépuisable discographie et choisir ici ou là une chanson qui vous accroche l'oreille. 
Ainsi, en toute subjectivité, au mépris de tout contexte et de tout argumentaire, ce Camarillo Brillo se retrouve au beau milieu de notre Inventaire 44. Eusse-t-il été signé George Michael que ça n'aurait pas changé grand chose !


RUFUS THOMAS The Funky Bird

RUFUS THOMAS
Crown Prince of Dance

Label : Stax
Année : 1973
A1 Git On Up And Do It
A2 I Know You Don't Want Me No More
A3 Funkiest Man Alive
A4 Tutti Frutti
A5 Funky Robot
B1 I Wanna Sang
B2 Baby It's Real
B3 Steal A Little
B4 I'm Still In Love With You
B5 The Funky Bird

Genre : Papy Groovy
4° morceau de L'Inventaire 44 : The Funky Bird

Rufus Thomas a 56 ans lorsqu'il enregistre ce cinquième album en 1973. Sa carrière est déjà longue, entamée depuis les années 30 de façon itinérante dans les "tent shows", au sein du groupe Rabbit Foot Minstrels. En 1953, il s'est déjà acquis une solide réputation de chanteur, danseur et "entertainer" à Memphis et ses environs, quand Sam Phillips lui demande de venir enregistrer pour Sun Records une réponse au Hound Dog de Big Mama Thornton. Ce sera Bear Cat, premier véritable succès du label (numéro 3 des charts R'n'B) deux ans avant l'arrivée d'Elvis Prelsey.
Mais c'est 10 ans plus tard, au sein du label Stax dont il est l'une des premières signatures avec sa fille Carla, que Rufus Thomas prend toute son ampleur. Certes, plus foutraque et dilettante que James Brown, il doit quand-même être considéré comme l'un des pères fondateurs du funk, qu'il préfère saignant, brut et nettement plus fun que le parrain du genre. 
Sur scène et sur ses albums, Rufus crée ainsi tout un tas de danses associées à des animaux et créatures diverses. Du Walking The Dog de son premier LP chez Stax  (que reprendront les Rolling Stones) aux Funky Robot et Funky Bird qui figurent sur cet album, en passant par les mémorables Funky Chicken et Funky Penguin, Rufus Thomas danse au milieu de son propre bestiaire, comme le "funkiest man alive" qu'il reste encore, 15 ans après sa mort !

THE TOM TOM CLUB Pleasure Of Love

THE TOM TOM CLUB
Close To The Bone

Label : Island/Sire
Année : 1983
A1 Pleasure Of Love
A2 On The Line Again
A3 This Is A Foxy World
A4 Bamboo Town
B1 The Man With The 4-Way Hips
B2 Measure Up
B3 Never Took A Penny
B4 Atsababy! (Life Is Great)

Genre : Fun & Funky
3° morceau de L'Inventaire 44 : Pleasure Of Love

En 1981, Tina Weymouth et Chris Frantz, joli couple qui assure la redoutable section rythmique des Talkingheads, décide d'aller prendre l'air et de monter un projet convivial (un personnel fluctuant d'une dizaine de membres), familial (les trois sœurs de Tina Weymouth sont de la fête) et surtout très libre. 
Le Tom Tom Club réussit un mélange inédit de rythmes propres à enflammer les pistes de danse  avec des sonorités venues d'un peu partout, une pointe d'Afrique par-ci, une phrase venue d'extrême-orient par-là, un peu de frénésie latino cachée ailleurs, le tout enrobé d'une électro qui est tout sauf froide et robotique. Les Talkingheads en moins rock et plus fun ! 
Ce qui ne semblait au départ qu'une récréation, voire une blague inspirée, va en fait connaître un succès considérable. Deux singles inondent les radios et les clubs : Wordy Rappinghood et le multi-samplé Genius Of Love (143 occurrences référencées dont It's Nasty de Grandmaster Flash dès 1981). 
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Même si le Tom Tom Club ne retrouvera jamais le succès de ces deux premiers hits, leur discographie compte cinq albums studios jusqu'à The Good, The Bad and The Funky sorti en 2000.  
Close To The Bone, leur deuxième album, ne contient pas de véritable tube mais reste de très haut niveau avec ses huit chansons mid-tempo, polyrythmiques et bourrées d'idées. Si la violence souterraine du guitariste Adrian Belew n'est plus de la partie, le synthé onirique de Wally Badarou a pris le relais et prolonge cette célébration de la vie et des couleurs qui caractérise le groupe et que retranscrivent à merveille les pochettes dessinées par James Rizzi.

SALAD Cardboy King

SALAD
Ice Cream

Label : Island Records
Année : 1997
A1 U.V.    
A2 Yeah Yeah    
A3 Written By A Man    
A4 Broken Bird    
A5 Wanna Be Free
A6 A Size More Woman Than Her   
B1 Cardboy King    
B2 Namedrops    
B3 Foreign Cow    
B4 Terrible Day    
B5 Wolves Over Washington
B6 The Sky's Our Terminal

Genre : Sugar Pop
2° morceau de L'Inventaire 44 : Cardboy King

Une de ces comètes que la pop a produit tout au long de son histoire, et particulièrement lors du renouveau britannique des années 90 : la carrière du groupe Salad dure sept ans mais se résume en fait à deux albums sortis à deux années d'écart. 
Emmené par Marijne Van Der Vlugt, une jeune Hollandaise mannequin et présentatrice sur MTV Europe, Salad affiche d'emblée un mélange de glamour et de guitares saturées qui tombe pile poil. Sans avoir la punk attitude d'Elastica ni le féminisme incisif d'Echobelly, le groupe se fait remarquer par la presse spécialisée dès ses premiers singles auto-produits et se retrouve signé sur le prestigieux label Island Records. Motorbike To Heaven frôle de près le top 40 et Drink The Elixir est en rotation intensive sur MTV (et en France sur M6). Sorti en 1995, l'album Drink Me atteint la 16ème place du classement anglais...
Sauf qu'il y a 10 000 groupes anglais qui se partagent le morceau à ce moment-là, que le deuxième album se plante en beauté, certainement parce que le son et les compositions de Salad manquent de cette étincelle qui fait les grands groupes : n'est pas Blondie qui veut. 
Island va les lâcher après le flop de leur dernier single, ce Cardboy King qui reste pourtant toujours aussi frais 20 ans après.
"On nous a assimilés à la Britpop mais on était plutôt une version précoce de Kaiser Chiefs." affirme aujourd'hui Marijne, sans qu'on comprenne exactement ce qu'elle entend par là...






THE SURFERS Kou Kino Mambo

LES SURFERS
Tahiti

Label : Barclay (Or : HiFi Records)
Année : 1960
A1 Drums Of Tahiti    
A2 My Sweet Sweet    
A3 Kou Kino Mambo     
A4 My Wahine & Me    
A5 Song Of Old Hawaii    
A6 Tiare    
B1 Ulili E    
B2 South Sea Island Magic    
B3 Beauty Hula    
B4 Kuu Lei    
B5 Kalua    
B6 Nane Waimea
Genre : Hawaiian mood
1° morceau de L'Inventaire 44 : Kou Kino Mambo

Entre 1959 et 1974, les Surfers d'Hawai (il existe une flopée d'autres groupes portant le même nom) vont enregistrer neuf albums dont un live, une compilation de morceaux tirés de films "exotiques", un album de noël... 
Il y avait un engouement dans les années 60 pour cette sonorité particulière qui mêlait harmonies vocales, rythmiques au ukulélé, guitare hawaïenne slidée et vibraphone. S'il nous est difficile aujourd'hui d'affirmer que ceux-ci sont meilleurs ou moins bons que les Waikiki Brothers ou les Merrymen, on appréciera à sa juste valeur ce Kou Kino Mambo : un chant doux mais enlevé, posé sur une basse vocale irrésistible. Le procédé faisait fureur à l'époque, une technique héritée des groupes de Doo-wop qu'on retrouve sur le Book Of Love des Monotones ou I Wonder Why des Belmonts. Ce que la pop sucrée sixties avait de mieux à offrir, une sorte de paradis perdu... 

On apprend au dos de la pochette que les Surfers "trouvent que Tahiti est le meilleur de leurs disques, parce qu'il comprend les titres qui leur sont réclamés le plus fréquemment quand ils se présentent au Stardust ou au Flamingo à Las Vegas et au Edgewater Beach Hotel de Chicago."
N'ayant pas d'élément de comparaison on les croira sur parole et l'on en profitera pour étudier attentivement la pochette intérieure qui nous explique (enfin) comment fonctionne un disque hi fi stéréo Barclay :



vendredi 23 septembre 2016

Inventaire 43 - Back from London 4 (via Bruxelles) : I'll never be 45 again

ROY ORBISON Yo Te Amo Maria

ROY ORBISON
Oh, Pretty Woman
Yo Te Amo Maria

Label : London Records/Monument
Année : 1964
Genre : Ballades rock
10° morceau de L'Inventaire 43 : Yo Te Amo Maria

Roy Orbison n'était pas un rocker. Ce n'était même pas un crooner, tant le terme implique une maîtrise un peu distante de la séduction vocale. 
Lui, avec son léger strabisme caché derrière de grosses lunettes carrées, son physique de Sancho Pança et ses éternelles chansons d'amour, on le voyait mal rivaliser avec Elvis, Eddie Cochran, Chuck Berry ou même Johnny Cash
Seulement voilà : la sincérité du bonhomme, son falsetto presque féminin et la conviction avec laquelle il assène son romantisme naïf finissent par emporter toutes les résistances. Roy Orbison marquera les années 60, sera l'un des rares américains à infiltrer les charts anglais en plein Mersey Beat, survivra tant bien que mal aux années 70 et réussira même un come-back inespéré juste avant sa mort, avec le bel album Mistery Girl, composé entre autres par Elvis Costello, Bono et The Edge de U2 ou encore T-Bone Burnett
Roy Orbison décède en 1988, juste avant la sortie du disque, et avant le succès immense du film qui porte le nom de son plus grand tube : Pretty Woman. Il reste une flopée de chansons sentimentales qu'on ne pardonnerait à personne d'autres, dont In Dreams, que David Lynch réveillera pour la b.o. de Blue Velvet, et, de façon plus confidentielle, cette jolie ballade aux accents hispanisant en face B de l'inévitable Pretty Woman...

THE JAM Smithers-Jones

THE JAM
When You're Young
Smithers-Jones

Label : Polydor
Année : 1979
Genre : Brit'pop
9° morceau de L'Inventaire 43 : Smithers-Jones

On a déjà dit ici tout le bien qu'on pensait de la discographie impeccable de The Jam.
Il est toujours excitant de tomber sur leurs 45t, même lorsqu'on connaît les albums. Sur ce deux titres sorti en aout  1979 en Angleterre, en face A, le morceau When You're Young se classera dix-septième dans les charts, mais ne figurera pas sur le quatrième album sorti dans la foulée : Setting Sons
En revanche, la face B, Smithers-Jones, fait partie des grandes réussites du LP : l'une des rares chansons écrites par le bassiste Bruce Foxton. Sur l'album, ce portrait d'un petit employé de bureau reposant uniquement sur un splendide arrangement de cordes rappelle immanquablement Eleanor Rigby des Beatles
On découvre ici la version du single (qui est à priori celle d'origine), plus conforme au son électrique habituel des Jam, elle n'est pas sans évoquer certains morceaux des Kinks dédiés à la classe moyenne anglaise. 
Plutôt que de choisir entre les deux, on s'émerveillera de la solidité d'un morceau qui garde son pouvoir de suggestion quelle qu'en soit la version. Ce pourrait être la définition d'un classique.

THE TROGGS Any Way That You Want Me

THE TROGGS
Any Way That You Want Me
66-5-4-3-2-1

Label : Page One
Année : 1966
Genre : Rock/Pop 60's
8ème morceau de L'Inventaire 43 : Any Way That You Want Me

Même si les Troggs étaient déjà présents dans l'Inventaire numéro 13 (petite chronique d'époque ici), tomber sur un de leurs singles dans les sous-sols d'un magasin londonien procure toujours un grand plaisir qu'il serait dommage de ne pas partager.
En 1966, au tout début de leur longue carrière, après une série de 45t épatants, arrive ce Any Way You Want Me. Le morceau est plus calme que ses prédécesseurs, plus pop, presque solennel dans le couplet, avant de s'envoler dans un refrain qui détourne habilement les trois accords de Wild Thing
C'est comme une forme d'auto-sampling, un recyclage inspiré dont le groupe était coutumier (voir à la même époque I Want You, décalque presque parodique du même Wild Thing), mais qui produit ici l'une des plus émouvantes chansons de leur discographie. 
Le groupe Spiritualized en fera une reprise majestueuse de 6min30 sur leur premier single, en 1990.

OHIO PLAYERS Who'd She Coo?

OHIO PLAYERS
Who'd She Coo? /
Fopp

Label : Mercury
Année : 1976
Genre : F.A.H. (Funky As Hell)
7° morceau de L'Inventaire 43 : Who'd She Coo?

Les Ohio Players sont aujourd'hui surtout connus et recherchés pour les pochettes de leurs quatre LP : Pain, Pleasure, Ecstasy et Climax, sur lesquelles la top model noire au crâne rasé, Pat Evans, se retrouve seule où avec un homme, dans des postures évoquant clairement le sexe, le cuir, le SM... 
Sans nier la puissance visuelle de ces pochettes, il serait un peu dommage de passer à côté de leur contenu. Durant les années 70, les Ohio Players sortent un peu plus d'un album par an, chargé de munitions funky à ranger pas très loin des Isley Brothers et des premiers Kool & The Gang
En fait, la formation existe depuis 1959 et commence sa carrière comme groupe maison pour un petit label de Dayton (Ohio, évidemment) : Compass Records, puis passe chez Capitol pour un album, avant d'exploser chez Westbound, puis chez Mercury. 
Cette longue maturation explique surement la maîtrise technique absolue d'un sextet de multi-instrumentistes qui écumera les scènes américaines et publiera des albums jusqu'au milieu des années 80, tentant même un retour en 88 avec Back, dont la pochette n'a rien à envier à leur mythique quadrilogie, même si entretemps, les Ohio Players ont mis beaucoup de disco dans leur funk et se sont un peu noyés dans la production plastique de l'époque. 
N'empêche : quand on trouve un single de la bonne période, on ramasse sans hésiter... Même sans pochette.

La mythique pochette de Pleasure, rarissime !

LONGPIGS The Wonder Drug

LONGPIGS
Lost Myself / Floss / The Wonder Drug / When You're Alone

Label : Mother Records
Année : 1996
Genre : Power Pop
6° morceau de L'Inventaire 43 : The Wonder Drug

Ça n'engage que moi bien sûr : Longpigs est certainement le groupe le plus sous-estimé des années 90. 
Classique dans leur formation (voix-guitare-basse-batterie) et guère plus original dans leur son pop-rock, Longpigs allie trois qualités qui auraient dû leur ouvrir les portes du succès. De véritables chansons, écrites et abouties, dont certaines à l'indéniable potentiel tubesque (franchement, quel morceau d'Oasis peut s'aligner sur le démentiel She Said ?). Une véritable puissance de feu, toutes guitares dehors, notamment due au talentueux Richard Hawley (nous y reviendrons un peu plus tard). Et une présence scénique attestée : ceux qui ont vu à l'époque leur concert à la Route du Rock, ou à défaut en ont écouté la retransmission, chez Bernard Lenoir sur France Inter, gardent le souvenir ému d'une prestation chargée en électricité.
Après un démarrage foireux chez Elektra, le groupe est finalement signé sur le jeune label Mother Records, créé par U2. Mais, comme Jack apparus à la même époque*, The Longpigs arrive un peu tard, dans un britpop fatiguée et fatigante. Ils ont beau multiplier les premières parties bien visibles (Suede, Supergrass, Radiohead, et plus tard U2), parcourir les festivals, abreuver les radios de singles, le succès est très relatif, malgré l'accueil chaleureux réservé au premier album The Sun Is Often Out
En 1999 ils sortent Mobile Home, leur deuxième LP magnifiquement écrit, dans l'indifférence quasi-générale. En 2000, leur label ferme ses portes. Lors d'un concert des Pretenders, le chanteur et le batteur se foutent sur la gueule et ce dernier quitte le groupe. Un remplaçant tient les baguettes durant un an, mais l'histoire capote très vite. Fini les Longpigs
Restent deux albums impeccables et une poignée de singles gavés d'inédits (dont ce Wonder Drug qui, comme She Said, jette un œil acerbe sur la superficialité des milieux branchés) et de bon souvenirs... 
Et puis Richard Hawley, le guitariste, qui est allé faire du remplacement chez le groupe de son pôte Jarvis, Pulp, avant de sortir  huit albums hautement recommandables sous son nom. Tout n'est pas perdu... 

* voir le début de ce même mix


THE LONGPIGS Lost Myself (45t) pochette intérieure



NINO FERRER Mao et moa

NINO FERRER
Mao et Moa / Mon copain Bismarck

Label : Riviera
Année : 1967
Genre : Funny Jerk
5° morceau de L'Inventaire 43 : Mao et Moa

Nino Ferrer déclara en 1971 que Métronomie était son "premier album". Nino Ferrer en avait marre d'être le chanteur rigolo des Cornichons et de Mirza. Et, en effet, s'ouvrait à lui une période beaucoup plus audacieuse, musicalement très riche et surprenante, qui ne connaîtra malheureusement qu'un succès d'estime (à l'exception du 45t Le Sud... qu'il disait ne pas aimer beaucoup non plus).
Malgré les perles que contiennent effectivement Métronomie, Nino Ferrer & Leggs (celui-ci tout particulièrement, arrangé en partie par Jean-Claude Vannier : un bijou !), Nino and Radiah et Suite en oeuf, il serait dommage de jeter au panier la période des premiers tubes. 
Comme Dutronc à la même époque, Nino Ferrer fait de la "véritable variété verdâtre", une parodie des sons venus d'Amérique du Nord avec des paroles pleines d'ironie et de jeux de mots. Mais d'une part, comme Dutronc encore, ses textes captent souvent ce qu'il y a de drôle dans l'air du temps (Si je suis rapide et rusé/Quand je fais mes Mao croisés/Me disait un esquiMao/C'est grâce à la pensée de Mao). D'autre part Nino Ferrer s'est emparé du Rhythm'n'Blues américain avec une crédibilité qui faisait cruellement défauts aux yéyés d'à côté. Ses rythmiques claquent comme du son Stax et l'organe de Nino tient bien debout face aux voix de ses maîtres James Brown et Wilson Pickett.
Même s'il n'aimait pas beaucoup le milieu, Nino Ferrer prenait la musique au sérieux dès ses débuts. Du coup, on en profite encore...

RONI SIZE REPRAZENT Who Told You

RONI SIZE REPRAZENT
Who Told You (10'' Promo)

Label : Talkin' Loud
Année : 2000
Who Told You
Who Told You (Instrumental)
Who Told You (Acapella)
Genre : Heavy Drum'n'Bass
4° morceau de L'Inventaire 43 : Who Told You

Difficile de raconter à ceux qui ne l'ont pas vécu la gifle qu'infligent, au tournant des années 90-2000, Roni Size et son gang sur scène. 
Très loin de l'image mécanique déshumanisée qu'on associe un peu vite à l'électro, le Roni Size Reprazent, avec son batteur épileptique, sa contrebasse massive, son MC et sa chanteuse possédés et ses quatre savants fous derrière les outils électroniques peut-être comparé aux plus audacieuses formations  de jazz de la fin des années 50. Toujours sur le fil, en prise de risque permanente, les musiciens déroulent sur un rythme infernal leurs sonorités inouïes et réussissent, malgré l'usine à gaz en surchauffe qui constitue leur ordinaire, à faire sauter en rythme un parterre de danseurs ravis. Jungle, Drum'n'Bass, Electro Funk, toutes les étiquettes sont un peu limitées, voire caricaturales pour évoquer ce qui se passe sur scène. 
Si l'enregistrement ne restitue pas toujours cette énergie, Who Told You, syncope infernale, spirale sans fin, martelée par Dominique Smith alias Dynamite MC donne une petite idée de la puissance d'un groupe dont les deux premiers albums, New Forms et In The Mode marquent le début d'une nouvelle ère dont les héritiers se font, hélas, un peu désirer.   

BOBBIE GENTRY Mississippi Delta

BOBBIE GENTRY
Ode to Billie Joe / Mississippi Delta

Label : Capitol Records
Année : 1967
Genre : Country
3° morceau de L'Inventaire 43 : Mississippi Delta

Nous sommes nombreux à avoir cru ne pas aimer la country jusqu'au jour où nous avons entendu Bobbie Gentry
Outre sa voix rocailleuse et déchirante, Roberta Lee Strater alias Bobbie Gentry écrit des chansons parfaites, dont nombre deviendront, selon la formule consacrée, des "classiques instantanés". Ne serait-ce que sur ce petit 45 tours, le premier de sa carrière qui contient d'emblée deux chefs-d’œuvre. 
La face A, Ode To Billie Joe, est plus connue en France, notamment grâce à la remarquable adaptation qu'en fait Joe Dassin cette même année 1967 : Marie-Jeanne. Mais ce Mississipi Delta, musclé par une rythmique très électrique avec cette étonnante entrée de cuivres graves sur le refrain, prouve que la country des années 60 peut s'inviter sur les pistes aux côtés des plus grands standards de rhythm'n'blues. Ce n'est pas un hasard si le chanteur Billy Lee Riley s'est immédiatement emparé du morceau pour en donner une version légèrement accélérée et terriblement funky à découvrir ici

JACK Biography Of A First Son

JACK
Biography Of A First Son / For Luna

Label : Too Pure
Année : 1996
Genre : Pop with guts
2° morceau de L'Inventaire 43 : Biography Of A First Son

En 1995, Oasis, Blur, Pulp et quelques autres ont sorti l'artillerie lourde et remis l'Angleterre au centre de la culture pop. 
En 1996, la toute puissante "brit'pop" semble vivre ses dernières heures. Trop de meilleurs groupes du monde enterrés avant d'avoir sortis leur premier LP, trop de frime et de déclarations fracassantes en couverture d'une presse complaisante et pas assez de songwriting... 
C'est alors qu'arrive le premier album de Jack, Pioneer Soundtracks, et l'on a bien cru que la relève était assurée. A la fois lyrique et intime, le sextet venu de Cardiff, porté par la voix profonde d'Anthony Reynolds, tranche avec la tendance générale et sort un disque qu'il est difficile de prendre à la légère. Malgré les trois singles impeccables qui en sont extraits, un accueil critique unanime et des prestations scéniques remarquées, Jack passe peu en radio et les ventes s'en ressentent. Après trois albums et 10 ans d'existence, le groupe jette l'éponge.  
Réécouter Biography Of A First Son 20 ans après sa sortie laisse un drôle de goût de nostalgie mêlé d'un sentiment de gâchis...

Anthony Reynolds a sorti depuis quelques albums et continue à se produire sporadiquement sous son nom. 
Il a également écrit un livre sur le groupe Japan et un autre sur Scott Walker et les Walker Brothers
Définitivement un homme de goût...  

THE BEACH BOYS The T M Song

THE BEACH BOYS
Rock And Roll Music / The T M Song

Label : Reprise Records/Brother Records
Année : 1976
Genre : Psychedelic Surf Music
1° morceau de L'Inventaire 43 : The T M Song

Après l'escale hollandaise (voir ici), une nouvelle plongée dans la période la plus confuse des Beach Boys, celle où le groupe, ringardisé par l'évolution de la pop et fragilisé par ses tensions internes, tente de se maintenir à flot entre deux tournées nostalgiques, en sortant des albums plus ou moins ambitieux. 
Au départ, 15 Big Ones devait être un double album, finalement ramené à un simple de 15 chansons*, avec une face consacrée aux reprises, l'autre à de nouvelles compositions dont une seule signée Brian Wilson
Premier single tiré de l'album, ce 45 propose en face A une reprise du Rock And Roll Music de Chuck Berry assez anecdotique. On accordera un peu plus d'attention à cette T M Song, les lettres T et M pour "Transcendental Meditation". Il signe le retour à la production et à l'écriture de Brian Wilson, ici défendant l'un de ses nouveaux dadas, la méditation transcendantale, dans un morceau court mais empreint d'une inspiration qu'on croyait définitivement perdue chez le génie en souffrance. 
Et même si le LA Weekly classe la chanson parmi les 5 chansons les plus "dopiest"  (traduire "débile") du groupe, on continuera à défendre ce drôle de morceau, dédié à une pratique dont Mike Love, le cousin ennemi de Brian Wilson au sein des Beach Boys, s'est aujourd'hui fait une ardent prêcheur.

* L'une des raisons de son titre, en plus du fait que le groupe célèbre en 1976 ses 15 ans d'existence.

jeudi 4 août 2016

Inventaire 42 - Nous ne voulons pas être triste


ALAN VEGA Love Cry

ALAN VEGA
(First)

Label : Celluloid (Or:PVC Records)
Année : 1981
A1 Jukebox Babe    
A2 Fireball    
A3 Kung Foo Cowboy    
A4 Love Cry    
B1 Speedway    
B2 Ice Drummer    
B3 Bye Bye Bayou    
B4 Lonely

Genre : Electronic Rockabilly
8° morceau de L'Inventaire 42 : Love Cry

A peine sorti le deuxième album de Suicide (le groupe qu'il constitue avec Martin Rev), Alan Vega prépare ce premier solo, sans titre, ni fioritures. 
A ses côtés, seul un mystérieux Phil Hawk est crédité à la guitare. On entend pourtant des lignes de basse, parfois un piano et une batterie minimaliste dont les lignes ressemblent à une boîte à rythme programmée par un débutant, mais qui sonne pourtant comme une vraie (sauf sur Speedway où la présence d'une machine ne fait aucun doute)... 
C'est Vega lui-même qui produit l'album, ce qui n'est pas une mauvaise idée si on en juge par le son parfois désastreux de ses albums suivants. Il s'ouvre par l'unique succès de sa carrière, Juke-box Baby, qu'on entendait alors sur les radios européennes et qui fera même l'objet d'un improbable maxi 45 tours. Alan Vega a la côte chez les branchés de l'époque, notamment dans les pages de Libé qui adorent raconter ses concerts sous forme de coitus interruptus : un quart d'heure, vingt minutes durant lesquelles une partie du public lui crache dessus (ceci expliquant peut-être cela...)
Si cette légende s'appuie sur une réalité tangible, l'essentiel est ailleurs, ce disque en témoigne. Tout ici est élémentaire, évident et pertinent. C'est un album simple et parfait, affuté comme le rasoir du docteur Robert Elliott. 
Love Cry, dernier morceau de la face A, ferme notre Inventaire numéro 42. Alan Vega est mort le 16 juillet de cette année 2016. 

COMPOST Funky Feet

COMPOST
Take Off Your Body

Label : Columbia
Année : 1972
A1 Take Off Your Body
A2 Thinkin'
A3 Bwaata
A4 Happy Piece
B1 Country Song
B2 Sweet Berry Wine
B3 Funky Feet
B4 Inflation Blues

Genre : Jazz fusion
7° morceau de L'Inventaire 42 : Funky Feet

On ne sait pas qui a eu l'idée saugrenue d'affubler ce rassemblement de pointures d'un nom pareil mais le résultat est là : Compost a beau avoir des allures de "supergroup"*, il porte l'un des noms les plus ridicules de l'histoire de la musique.
A part ça, sur ce premier album, enregistré par un Martin Rushent débutant qui n'était pas encore la star des producteurs de punk-rock et de pop synthétique, les cadors de la fusion élaborent un jazz-funk toujours sur le fil, entre les mauvais tics de virtuoses qui se la pètent et le bon groove de musiciens pas manchots. Notamment Jack DeJohnnette qui lâche la batterie qui l'a rendu célèbre pour s'atteler aux claviers avec un bonheur communicatif. Le groupe n'aura que trois ans d'existence. Leur second album sort en 73 dans l'indifférence générale, malgré quelques invités prestigieux, dont l'aventureuse chanteuse Jeanne Lee
Par contre, sur ce Funky Feet, issu du premier album et choisi pour le mix, c'est le batteur Bob Moses qui assure les vocaux dans un style qui rappelle un peu les percussions vocales de l'Indien Trilok Gurtu. Et ce n'est pas la seule bonne raison de se mettre en quête de ce LP, réédité en CD en 2010 mais pas facile à dégotter quand-même...

* Supergroup: Quand des personnalités déjà célèbres dans un genre de musique se réunissent en espérant multiplier les talents et, éventuellement, les recettes...

10cc I Wanna Rule The World

10cc
How Dare You!

Label : Mercury
Année : 1976
A1 How Dare You
A2 Lazy Ways
A3 I Wanna Rule The World
A4 I'm Mandy Fly Me
A5 Iceberg
B1 Art For Arts Sake
B2 Rock 'N' Roll Lullaby
B3 Head Room
B4 Don't Hang Up
Genre : Pop art
 6° morceau de L'Inventaire 42 : I Wanna Rule The World

Difficile pour un petit francophone de comprendre toute la finesse et l'ironie des paroles des chansons de 10cc. Ceci explique peut-être qu'à l'exception de leur méga tube I'm not in love (slow baveux imparable dont les synthétiseurs marquèrent à jamais Dunkel et Godin, les deux recycleurs du groupe Air), le groupe n'ait pas laissé beaucoup de traces par chez nous. 
Leur discographie s'avère pourtant pleine de bonnes surprises, jusqu'à l'album Bloody Tourists, 1978, année où Eric Stewart, guitariste et membre fondateur du groupe, subit un accident de voiture dont il aura beaucoup de mal à se remettre. Avant ça, depuis leur formation à Manchester en 1972, 10cc déroule 6 albums studio très éclectiques,  aspirant tous les genres musicaux qui passent à leur portée pour inventer une espèce de pop à la fois virtuose et ironique qui n'est pas sans rappeler la flamboyance (et parfois le kitsch) de leurs cousins d'outre-atlantique : Sparks.
Ainsi, ce I Wanna Rule The World à la structure complexe fonctionne comme un mini-opéra rock sur le thème de l'ambition démesurée (I wanna be a boss/I wanna be a big boss/I wanna boss the world around/I wanna be the biggest boss/that ever bossed the world around), trois ans avant le Bicycle Race de Queen dont l'inspiration musicale et les arrangements semblent assez proche.
Quant à la pochette, elle est signée Hipgnosis, célèbre collectif de graphistes des années 70 à qui l'on doit entre autres les pochettes des Pink Floyd.


HI RHYTHM On The Loose

HI RHYTHM
On The Loose

Label : Fat Possum (Or: Hi Records)
Année : 1976
A1 On The Loose
A2 Superstar
A3 Since You've Been Gone
A4 Purple Rain Drops
B1 I Remember, Do You
B2 Save All My Lovin'
B3 You Got Me Comin'
B4 Skinny Dippin' 

Genre : Groovy stuff 
5° morceau de L'inventaire 42 : On The Loose

Les Funk Brothers accompagnaient les stars de la Motown. Les MG's et les Mar-Keys accompagnaient Sam & Dave, Otis Redding et toute l'écurie Stax. Quant à Hi Rhythm, comme leur nom l'indique ils sont le "backing band" du label Hi Records, notamment sur les enregistrements de la star maison : Al Green. 
On peut donc les entendre sur une flopée d'albums et de standards de la soul, mais ce On The Loose est leur seule sortie  officielle sous leur nom. Bien entendu, on y retrouve le son "Hi", ce mélange de groove et de sophistication qu'on attribue généralement à Willie Mitchell, patron de la boîte et producteur attitré d'Al Green, mais dont les musiciens qui posent fièrement* sur la pochette sont certainement en grande partie responsables. 
La plupart des morceaux sont signés Turner et Hodges, les deux claviers du groupe. Par contre il n'est précisé nulle part lequel d'entre eux assure les parties vocales. C'est dommage car, même si on est loin de la douceur sensuelle et miraculeuse d'Al Green, le timbre du chanteur est ici funky à souhait, parfait pour ce 33 tours qui recèle son lot de pépites de rare groove. 
Et pas la peine de craquer sa tirelire pour dénicher l'original : le label Fat Possum, au départ créé pour enregistrer R.L. Burnside et autres vieux bluesmen oubliés, a élargi son activité aux rééditions de raretés à des prix très honnêtes. Qu'il en soit ici remercié.

 * Quoique je ne sois pas convaincu que le jeune homme à droite assume aujourd'hui totalement la combinaison violette et marron à poutre apparente...