lundi 23 septembre 2013

Inventaire 18 - Camino Cortado


De l'Espagne profonde à une Galaxie très lointaine en 26 minutes : gros trip !

GALAXIE 500 Tugboat

GALAXIE 500
Today

Label : Shimmy Disc
Année : 1988
Face A :
Flowers - Pictures - Parking Lot - Don't Let Our Youth Go To Waste 
Face B :
Temperature's Rising - Oblivious - It's Getting Late - Instrumental - Tugboat
Genre : Pop atmosphèrique
8° morceau de L'inventaire 18 : Tugboat

A la fin des années 80, le terme d'"indie pop" commençait à éclore parmi les journalistes les plus pointus de la presse musicale. Il embrassait une flopée de groupes auxquels il fallait rajouter des sous-étiquettes pour essayer de les différencier entre eux. Les américains de Galaxie 500 se virent ainsi affubler du terme "Dream pop" qui leur va bien au teint. 
Leur trio basique (guitare/basse/batterie), leur guitare électrique éthérée et leurs morceaux mid tempo étirés par des improvisations psychédéliques : le groupe part de l'essence du rock et s'élève vers des cieux inexplorés. Bien sûr, comme presque tout le monde à ce moment-là, ils sont sous l'influence du Velvet Underground, mais leur son est unique et personnel, en grande partie dû à la voix légèrement fausse et nasillarde de Dean Wareham. Ce timbre un peu androgyne, entre Daisy et Donald Duck, fait tour à tour figure d'atout et de défaut du groupe.
Après 3 albums, Galaxie 500 se sépare. La section rythmique, Naomi Yang et Damon Krukowski, tentera diverses formules : Magic Hour, Pierre Etoile ou, tout bêtement, Damon et Naomi. De son côté, Dean Wareham connaitra un succès un peu plus consistant avec Luna qui a sorti 9 albums entre 1992 et 2006. 
Il vient de sortir un single sous son nom.


ROOTS MANUVA Bashment Boogie

ROOTS MANUVA
Run Come Save Me

Label : Big Dada Recordings
Année : 2001
Face A :
...No Strings - Bashment Boogie - Witness (1 Hope) - Join The Dots
Face B : 
Ital Visions - Artical - Hol' It Up - Stone The Crows
Face C :
Kicking The Cack - Dub Styles - Trim Body - Sinny Sin Sins - Evil Rabbit
Face D :
Swords In The Dirt - Highest Grade - Dreamy Days 
Genre : Smart Hip Hop
7°morceau de L'inventaire 18 :  Bashment Boogie


Roots Manuva (Rodney Hylton Smith à la ville) est londonien, c'est peut-être pour ça qu'il n'affiche aucun des clichés qui ont étouffé le rap américain (survêt, grosses baguouzes, voitures de kéké et armada de "bitchiz"... je vous fais un dessin ?). Pas plus dans son attitude que dans sa musique, et surtout pas dans son flow posé, grave et parfois chantant. 
Délivrant depuis presque 15 ans de beaux albums sur Big Dada, (filiale complémentaire du label Ninja Tune, plus centrée sur les voix) il adore brouiller les pistes, mélanger l'électronique la plus avant-gardiste avec des sonorités old school, et fuit comme la peste tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin a de la répétition. L'homme a du goût, des idées et, ce qui est encore plus rare, une élégance naturelle qui en impose. 
En Angleterre, Run Come Save me, son second album, s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires. On ne compte plus depuis ses apparitions, participations, contributions (Leftfield, Gorillaz, etc). 
En résumé, s'il reste un peu ignoré par chez nous, c'est une erreur : Roots Manuva est grand.

REGINE Capone Et Sa P'Tite Phyllis

REGINE

Label : Pathé
Année : 1967
Face A : 
Gueule De Nuit - L'Amour À Contre Cœur- De Deux Choses L'Une - Raconte-Moi, Dandy - Quelque Part À Paris - Capone Et Sa P'Tite Phyllis
Face B :
Ouvre La Bouche, Ferme Les Yeux - Attends-Moi - Les Maisons Grandes - Eugène - Les Cafés - Moi, J'Aime Ça 
Genre : Chanson française de qualité
6° morceau de L'inventaire 18 : Capone Et Sa P'Tite Phyllis

La reine de la nuit, l'inventeuse des discothèques, et, si l'on en juge par la pochette de ce premier album, le modèle vestimentaire d'Austin Powers : Régine est une sorte d'icône. 
Avec son accent de titi parisien et son franc-parler digne d'une tenancière de bordel, elle fait partie de la culture française au même titre que l'andouillette ou l'almanach Vermot. Et même si ce sont ses activités de patronne de boîtes de nuit un peu partout à travers le monde qui l'ont enrichie, Régine a sorti une petite dizaine de disques, de ce premier en 1967 jusqu'à un album de duos sorti pour ses 80 ans, en 2009, avec des personnalités aussi diverses que Lavilliers, Arthur H, Didier Wampas, Boy George et même l'horrible Cali... Elle y reprend bien sûr ses grands succès (La Grande Zoa, Les P'tits papiers) mais aussi pas mal de titres de ce premier album. 
Faut dire qu'elle y était à l'époque bien servie : une chanson de Barbara, une autre du duo Lanzmann/Dutronc, et deux de Gainsbourg qui fut certainement son auteur le plus pertinent. Et même si Ouvre la bouche, ferme les yeux garde encore aujourd'hui un parfum de provocation efficace, c'est la ballade Capone et sa p'tite Phyllis qui l'a emporté pour ce mix, grâce à son mélange d'humour et de mélancolie, emballé par de délicieux arrangements signés Michel Colombier.  

THE BELIEVERS Psychedelic Shack

THE BELIEVERS
A Salute to Motown

Label : Amos Records/Bell
Année : 197?
Face A :
Wait A Minute Befor You Leave Me - You've Made Me So Very Happy - Psychedelic Shack - The Love You Save - With Love Lighting Up My Life
Face B :
War - I Wish It Would Rain - Love Child - Yester-me, Yester-you, Yesterday - I Can't Get Next To You
Genre : Groovy Baby
5° morceau de L'inventaire 18 : Psychedelic Shack

Difficile de trouver des infos sur cet album : on appelle ça du "rare groove". Pas de note de pochette, aucune info sur les musiciens qui composent les Believers, tout au plus un nom de producteur, Dick Glasser, qui enregistrea un single en tant que chanteur en 1957 avant de se lancer dans une fructueuse carrière de l'autre côté de la vitre. Il produit nombre de chanteurs pop, rock ou country entre le début des années 60 et la fin des années 70, mais sa spécialité semble bien être les instrumentaux. On lui doit en particulier quelques hits des Ventures, un album des Marketts autour de Batman qui ne devrait pas tarder à émerger dans un mix, et donc cet album des obscurs Believers
Comme le titre l'indique, les 10 titres du LP sont issus du catalogue Motown repris en version instrumentale, sans fioriture ni débordement. Il s'agit certainement de capitaliser sur des succès déjà éprouvés pour aboutir à un produit qui servira aussi bien à emballer vos soirées festives qu'à créer une ambiance feutrée lors d'un tête à tête intime. Car, comme c'est souvent le cas avec ce genre de produits qui réserve une place d'honneur à l'orgue électrique, les ballades tournent vite à la musique d'ascenseur. Heureusement, il y a quelques tueries funky, dont une bonne version du War d'Ewyn Starr et cette reprise infernale des Temptations, qui trône au beau milieu du mix.



THE THE Beyond Love

THE THE
Jealous of Youth/Beyond Love

Label : Epic
Année : 1990
Genre : Twisted Pop
4°morceau de L'inventaire 18 : Beyond Love

Derrière ce nom de groupe absurde se cache Matt Johnson, crooner à l'esprit torturé, auteur d'une dizaine d'albums en 30 ans de carrière où, dans une belle schizophrénie, la pop la plus sucrée et les atmosphères les plus inquiétantes se marient le plus naturellement du monde. Volontiers synthétique, généreux d'une voix qui le destinait plutôt à jouer les chanteurs à minettes, Matt transforme ses douleurs en parfaites pop songs. 
Aussi mancunien et végétarien que Morrissey, ami de longue date de Johnny Marr qui viendra lui prêter main forte après la séparation des Smiths, il classe quelques singles dans les charts anglais mais reste un artiste plutôt méconnu dans le reste du monde et notamment en France. On lui doit un grand album (Dusk), un drôle d'hommage à Hank Williams (Hanky Panky) et quelques chansons irrésistibles (This is the day). En 1990, entre deux albums, il sort le single Jealous of Youth en face B duquel il recycle ce Beyond Love, déjà présent sur Mind Bomb.
Après 10 ans de silence, ses deux derniers albums sont des bandes originales de film.

COATY DE OLIVEIRA Bahianada No Rio

LE FORRO BRESILIEN
(Coaty de Oliveira)

Label : Arion
Année : 1975
Face A :
Transamazônia - Abôio -    Terno De Salaõ - Calúmba Da Praia - Bambelô 
Face B :
Caatinga - Procissaõ - Bahianada No Rio - Capoeira De Santana - Carnaval De Recife
Genre : Brazilian Groove
3° morceau de L'inventaire 18 : Bahianada No Rio

Le titre et la pochette du LP pourraient faire penser à une compilation de musique festive (d'après les notes figurant au verso, le forro est une célébration musicale qui se pratique toute la nuit dans le nord-este brésilien), mais en fait il s'agit bien de l’album d'un artiste, Coaty de Oliveira, dont on trouve difficilement en tout et pour tout 2 LP en France (la pochette du  second ne faisant qu'ajouter à la confusion). 

Ceci est aussi un album de Coaty de Oliveira
Il semble cependant que la carrière du musicien fut nettement plus productive. Et qu'il ne soit aujourd'hui qu'en semi-retraite, si l'on en juge par quelques annonces de concerts sur sa page FB.
Quoiqu'il en soit, les 10 titres présents sur cette sortie française de 1975 alternent instrumentaux et morceaux chantés, balades mélancoliques et invitations à danser, avec une grande richesse mélodique et une prise de son signée Bob Chaubaroux (?) qui rend honneur à la puissance acoustique du groupe. 

Le label français indépendant Orion, spécialisé depuis les années 70 dans le classique et les musiques traditionnelles des cinq continents, liste ici les instruments utilisés pour l'album : ça va de la banale clarinette à la "cuica" en passant par le "zabumba", l'"afuche" ou le "agôgô".    

SIMPLE MINDS Citizen (Dance of youth)

SIMPLE MINDS
Real to real cacophony

Label : Virgin (Zoom Records)
Année : 1979
Face A : 
Real To Real - Naked Eye - Citizen (Dance Of Youth) - Carnival (Shelter In A Suitcase) - Factory
Face B : 
Cacophony - Veldt - Premonition - Changeling - Film Theme - Calling Your Name - Scar
Genre : New Wave
2° morceau de L'inventaire 18 : Citizen (Dance Of Youth)

Avant que Jim Kerr ne se prenne pour Bono (à moins que ce ne soit l'inverse), les Simple Minds ressemblaient plus à un cousin germain de Magazine qu'à un groupe de stades. Sous l'influence notable de Kraftwerk (le morceau Real To Real rappelle d’ailleurs furieusement le plus gros succès du duo allemeand : Radioactivity), ce deuxième album déroule une pop synthétique, un peu froide mais dynamique, angoissante et dansable à la fois. La voix, mixée dans le fond, est méconnaissable pour tout fan qui a commencé à biberonner avec les tubes Alive and Kicking ou (Don't you) forget about me. et disparaît à deux reprises lors d'instrumentaux qui font partie des secrets les mieux gardés de la musique synthétique. 
Attiré par le monochrome de la pochette, l'amateur de vinyle en soif perpétuelle de découverte réalise qu'il était passé à côté de celui-ci dans sa jeunesse et qu'il a peut-être bien fait : avec le recul, ce morceau d'anthologie resté coincé dans les années 80 a pris de la bouteille. Reste plus qu'à trouver Life in a day, Empires and dance et Sister Feelings Call, les autres albums du groupe qui précèdent leur virage à 180°.

LOS ROLLER Camino Cortado

SENSACIONAL SOUL 2
Compilation
Label : Vampi Soul
Année : 2009
Face A : Los Gatos Negros : Hey, Hey Bunny - Jae's Soul : Sintonía En Soul - Los Albas : Bugulú - Conjunto Brillant's : Las Bellas Ilusiones - Karlo Y Su Conjunto : Abandonado - Los Gogo : Tu Lo Tienes, Mi Amor - Chus Martínez : Soul 2 - Ossie Laine Show : Higher & Higher
Face B : Los Bravos : Rudy's In Love - Las 4 Monedas : Perdóname - Los Roberts : El Saltamontes - Gino : La Vida Es Un Juego De Azar - La Nueva Banda De Santisteban : Limón Y Sal - Henry C. Martin : Donkey - The Brisks : Stone Free - Los Roller : Camino Cortado        
Face C : Los Kifers : El Sol Es Una Droga - Henry : Lo Que Puede Ocurrir Con El Café - Los Pops : No, No, No - Lone Star : La Máquina Infernal - Conexión : I Don't Know What To Do - Evolution : I'm Walkin' High - Wagon : Para Siempre - Los Pekenikes : Polución        
Face D : Los Ros : ¡Yeah! - Manolo Y Ramón : Lágrimas, Sonrisas - Joe Cogra Group : Darkness - Ritmo Pilé : Pilé Beat - Peter Soto : Boom Boom - Los Talismanes : East Side Story - Los 5 Diablos : El Fuego - Alex Y Los Findes : Es Mejor Dejarlo Como Está

Genre : Spanish Sound of the Sixties
1° morceau de L'inventaire 18 : Camino Cortado

L'Espagne n'a pas bonne réputation en matière de musique pop : sirupeuse, kitch, souriante... de quoi donner de l'urticaire à n'importe quel fan des Smiths et de Joy Division ! Comme d'habitude, derrière le cliché se dissimule une malle au trésor qui ne demande qu'à être ouverte. 
C'est ce que fait Vampi Soul, label madrilène hautement recommandable, spécialisé dans la réédition d'incunables des années 60 et 70. Leur éventail est large : de la redécouverte de la petite française exilée aux Etats-Unis, Claudine Longet (la beauté qui irradie le film The Party) aux premiers albums des Last Poets en passant par les bombes funky de Betty Davis. Aussi éclectiques et pertinents que soient leurs choix, ils ne se distingueraient pas beaucoup des autres labels chasseurs de perles (Brown Sugar, Soul Jazz records...), si leur catalogue ne laissait pas une large place au trésor national. 
Ainsi en va-t-il de ces compils Sensacional Soul qui révèlent au monde ébahi un vivier de groupes et d'individualités, certes influencées par tous les courants anglais et américains de l'époque, mais avec une touche typiquement espagnole, une énergie décomplexée qui n'en finit pas de surprendre. Reprises dans le texte ou traduites en espagnol (Camino Cortado, choisi pour ouvrir ce mix, est une version infernale d'un des premiers grands classiques du blues : Crossroads de Robert Johnson), compositions inspirées par la Motown ou le garage rock californien, et même deux publicités radiophoniques au groove sauvage... 
Les disques sont de belle facture avec, notamment, des pochettes intérieures qui reproduisent les visuels des 45t d'origine et détaillent l'histoire de chaque morceau, en anglais et en espagnol. On y apprend, entre autres, que les Roller venaient de Murcia, qu'ils n'ont enregistré qu'un single : cette version de Crossroads pleine de fuzz, précurseur du No Fun des Stooges, et qui, selon le rédacteur, "n'a rien à envier à celle de Cream". 
Lu et approuvé !