mardi 4 décembre 2012

Inventaire n°9 - Cuckoo

Un mix chaotique exécuté en zone de turbulences :





KRISTIN HERSH Cuckoo

Kristin HERSH
Hips and Makers

Label : 4AD
Année : 1994
Face A  :Your Ghost - Beestung - Teeth - Sundrops - Sparky - Houdini Blues - A Loon 
Face B : Velvet Days - Close Your Eyes - Me And My Charms - Tuesday Night - The Letter - Lurch - Cuckoo - Hips And Makers

Genre : Beautiful songs
8ème morceau de L'inventaire n°9 : Cuckoo

Son groupe, The Throwing Muses, fut la première signature américaine du prestigieux label anglais 4AD. Kristin Hersch y imposait sa voix aux accents graves et ses compositions rock plutôt torturées. La dame est étrange, un peu bipolaire, et parfois gênée par la présence de se demi-sœur au sein du groupe, la très douée Tanya Donelly qui s'échappe avec les Breeders puis fonde Belly en 1992. 
Les Throwing Muses battent de l'aile, Kristin écrit alors ce premier album solo, très acoustique et très inspiré. Hips and Makers est souvent résumé au tube qu'il contient, Your Ghost, sorte de danse macabre exécutée en duo avec Michael Stipe de R.E.M. et c'est dommage.
En fait il n'y a rien à jeter dans cet album : 15 chansons sans batterie, avec une guitare, parfois un violoncelle, un coup de tambourin, et cette voix qui emporte tout sur son passage. Même lorsqu'elle reprend le traditionnel Cuckoo, ça reste du Kristin Hersh. Hips and Makers marque le début d'une carrière solo prolifique, riche aujourd'hui d'une dizaine d'albums.

LEW DAVIES and his orchestra - Riders in the sky

LEW DAVIES and his orchestra
Strange Interlude

Label : Command
Année : 1961
Face A :
Riders In The Sky - Strange Interlude - In A Mist - Gone With The Wind - Wild Goose - Intermezzo 
Face B :
Old Devil Moon - Ebb Tide - The Riddle Song - The Witching Hour - Laura - Spellbound 
Genre : Space Age Pop

7ème morceau de L'Inventaire n°9 : Riders in the sky

En ces temps reculés, dans ces drôles de contrées discographiques, l'artiste n'existait presque plus. Des collections entières de musiques d'ambiance, de décorations sonores, de disques d'illustrations, de librairie musicale, tout un monde où  comptait avant tout l'atmosphère dégagée par le son, tandis que le nom sur la pochette n'intéressait pas grand monde. Acoustique chaleureuse, balbutiements électroniques, précision de la stéréophonie, arrangements sophistiqués sur des mélodies simplissimes, jazz feutré sans soliste, ces disques que les esthètes jugeaient alors sans personnalité, constituent aujourd'hui un monde enchanté, une planète au parfum d'éden que certains ont qualifié d'"Easy Listening". D'autre l'appellent "Space Age Pop Music". Moi j'appelle ça de la musique parfaite. Vous, vous l'appellerez comme il vous chante...
Lew Davies fut arrangeur, notamment pour la mythique collection Persuasive Percussion sous la houlette d'Enoch Light (autre furieux de la musique parfaite) , il a signé une poignée d'albums avec son propre orchestre. Aujourd'hui, citer son nom vous fera passer pour un initié.

STAN RIDGWAY Can't stop the show

STAN RIDGWAY
The Big Heat

Label : I.R.S.
Année : 1985
Face A :
The Big Heat - Pick It Up (And Put It In Your Pocket) - Can't Stop The Show - Pile Driver - Walkin' Home Alone
Face B :
Drive She Said - Salesman - Twisted - Camouflage

Genre : Short Stories
6ème morceau de L'inventaire n°9 : Can't stop the show

Dans les années 80, Wall of Voodoo proposait un curieux mélange de rock un peu tordu construit sur quelques éléments basiques du rock américain, un harmonica lancinant, combinés avec des sonorités new wave un peu cheap, des boucles synthétiques oppressantes et une boîte à rythme qui ressemblait à une machinerie d'usine. Au-dessus de cette ambiance étouffante surfait la voix de Stan Ridway, grave et acide, un peu nasillarde mais quand même chaleureuse, quelque chose qui oscillait entre la déclamation du prêcheur et le récit du conteur.
Et puis Stan s'est échappé. Il est allé chanter le générique de Rusty James de Francis Ford Coppola sur une b.o. magistrale signée Stewart Copeland, puis il a commencé une carrière solo avec The Big Heat en 1985. Si l'identité sonore est moins marquée que dans Wall Of Voodoo, le talent de songwriter s'affirme. Chaque chanson est un court métrage, une nouvelle... Can't stop the show par exemple est raconté par un homme qui dirige une équipe de stripteaseuse. Si vous ne comprenez pas l'anglais, laissez vous guider par l'atmosphère.

Stan Ridgway a 58 ans, ils continue à produire des albums. Et c'est toujours aussi bien :





THE SOUL SEARCHERS Soul to the people

THE SOUL SEARCHERS
We The People

Label : Sussex
Année : 1972
Face A :
We The People  - Your Love Is So Doggone Good - It's All In Your Mind     - Soul To The People 
Face B :
Think - 1993 - When Will My Eyes See - Blowout

Genre : Groovy baby
5ème morceau de L'inventaire n°9 :  Soul to the people

Deux albums au début des années 70 : la carrière éclair des Soul Searchers n'est malheureusement pas un cas unique dans la galaxie du groove. Aujourd'hui, ces albums (parfois juste une poignée de singles) de groupes éphémères font les délices des collectionneurs, compilateurs et autres D.J. qui samplent allègrement le moindre coup de baguette, la moindre ligne de basse, pourvu qu'ils provoquent un minimum de fourmillement dans les jambes. Ici, c'est un festival ! Emmenés par le guitariste Chuck Brown (décédé en mai dernier) les types entrent direct dans le lard, avec cuivres, percus, wah-wah, tambourin, et une petit flûte d'époque qui laisse envie de se laisser pousser les cheveux et fumer la moquette. Moins convaincants sur les rares ballades (souvent la faiblesse des collectifs funky...) The Soul Searchers est cependant une alternative idéale aux débauches psychédéliques de Sly & The Family Stone. Moins foutraques, plus jazzy, ils signent ici un premier album qui, 40 ans plus tard, connaît une belle postérité. Reste plus qu'à trouver leurs second LP maintenant...

BAND OF HOLY JOY The Aspidistra House

THE BAND OF HOLY JOY
More Tales From The City

Label : Flim Flam Productions
Année : 1987
Face A :
Who Snatched The Baby - Mad Dot - When Stars Come Out To Play - The Aspidistra House - The Tide Of Life 
Face B :
Don’t Stick Knives In Babbies’ Heads - Leaves That Fall In Spring - Cities - Fishwives - Goodnight, God Bless And Goodbye

Genre : Pop Cabaret
4ème morceau de L'inventaire n°9 :
The Aspidistra House

Soudain, il fut possible de croire à une musique pop à la fois euphorique et mélancolique, un joyeux bordel collectif dans lequel violons et cuivres côtoyaient guitares et claviers sans jamais trancher entre acoustique, électrique et synthétique. Le groupe doit aussi son identité au chanteur Johnny Brown dont la voix plaintive, qui peut en rebuter certains à la première écoute, donne cette ambivalence tragi-comique à la plupart des morceaux. 
The Band Of Holy Joy, qui se transformera en Band Of Holy Joy et même Holy Joy pour l'album Tracksuit Vendetta en 1992, fait l'objet d'un petit culte en Angleterre et en Espagne depuis 25 ans. Sinon, il fallut un Bernard Lenoir pour diffuser leur musique à la radio en France à l'époque et même les inviter à jouer live : on découvrit alors une débauche sonore généreuse à mille lieux des poses arrogantes de la brit' pop. Malgré diverses implosions, le groupe est encore actif, il sort des albums et se produit sur scène. Mais ils ne passent plus par chez nous. 
Ce premier album studio officiel, comme le suivant, When stars comme out to play, un live sorti la même année, n'ont jamais été édités en CD

GAINSBOURG Le Cadavre Exquis

GAINSBOURG
L'Ami Caouette/Le Cadavre Exquis

Label : Philips
Année : 1975
Genre : Gainsbourg
3ème morceau de L'Inventaire n°9 : Le Cadavre Exquis

Entre les albums Rock Around The Bunker et L'Homme à tête de chou, tout en achevant le film (et la B.O.) Je t'aime moi non plus, Gainsbourg sort ce 45t. Une irrésistible machine à danser en face A et un morceau qui annonce le groove moelleux des variations sur Marilou en face B : impec' ! Juste, ils auraient pu faire un effort pour la pochette...


JAMES WHITE Stained Sheets

JAMES WHITE AND THE BLACKS
Off White

Label : ZE Records/Island
Année : 1979

Face A :
Contort Yourself - Stained Sheets - (Tropical) Heat Wave - Almost Black
Face B :
White Savages     - Off Black - White Devil - Bleached Black 

Genre : Underground new-yorkais
2ème morceau de L'inventaire n°9 : Stained Sheets

Dans le sillage de la déferlante punk initiée par les New-York Dolls et épanouie sur la scène minable du CBGB (Blondie, Television, Patti Smith, Ramones, Talking Heads, Suicide...) une meute de musiciens suburbains, assoiffés de sonorités nouvelles et d'expériences nocturnes, remonta directement des entrailles de la ville dans les clubs et petites salles branchées de New York. Textes éructés sur des couches de guitares saturées, de basses grondantes et de batteries tribales, morceaux déstructurés, passés au papier de verre et livrés en pâture à un public friand d'agression sonore, ce fut un temps de confusion et d'audace certainement aidé par l'abus de substances tout aussi  inspiratrices qu'illégales. 
James White ne chante pratiquement pas, il parle parfois, il joue du saxophone comme un épileptique, et son carnet d'adresse fourmille de musiciens échappés de Sainte-Anne. Parmi eux la prêtresse des bas-fonds, Lydia Lunch, ex-compagne de monsieur Blanc qui  vient ici feuler sous le pseudonyme de Stella Rico, transformant un instrumental tranquillement jazzy en maladie sexuellement transmissible.
James White, de son vrai (?) nom James Chance  tourne encore en solo avec une bande orchestre. Il paraît qu'il ne souffle même plus dans son saxophone.
Faudrait pas vieillir !

KALEIDOSCOPE Cuckoo

KALEIDOSCOPE
Bacon from Mars

Label : Edsel Records
Année : 1983
Face A : 
Egyptian Gardens - If The Night - Please - Keep Your Mind Open - Pulsating Dream - Oh Death -     Why Try - I Found Out
Face B : 
Life Will Pass You By - Lie To Me - Petite Fleur - Banjo - Cuckoo - Nobody - Elevator Man - Hello Trouble

Genre : Folk psychédélique
1er morceau de L'inventaire 9 : Cuckoo

A la fin des années 60, entre les grands mouvements de contestation populaire, l'effervescence de la contre culture et les effluves cannabisées d'un summer of love permanent, ils étaient nombreux les groupes américains à mélanger les racines profondes de la culture américaine (blues et country pour faire vite) et des sonorités plus étranges. L'électricité, les drogues et les instruments exotiques, très à la mode depuis que les Beatles avaient introduit la sitar dans la musique pop, furent les ingrédients miracle d'une vague de groupes qui finiraient par perdre leur fraîcheur première dans la virtuosité pénible du rock progressif. Kaleidoscope fait partie de cette mouvance de la côte ouest (ils sont originaires de Los Angeles) et, si le groupe n'a jamais connu le grand succès, ils ont pourtant tourné entre 67 et 70 et côtoyé quelques têtes d'affiche de l'époque (les Who, le Grateful Dead...). Ils publient quatre albums et se distinguent par une grande souplesse musicale et une façon très naturelle d'intégrer leurs multiples influences à leur collectif pourtant très hétérogène. L'alchimie entre sonorités traditionnelles et échappées électriques fonctionne à merveille. Ils seront décrits par le journaliste musical Pete Frame (NME, Sounds, Melody Maker, Rollong Stones) comme "Le plus mystérieux et charismatique de tous les ensembles musicaux de Los Angeles".


Cette compilation, sortie en 1983, porte le titre A Bacon from Mars ("Un bacon venu de Mars")qui aurait dû être celui du deuxième album de Kaléidoscope. Mais une incompréhension au moment de la conception de la pochette l'a finalement fait sortir sous le titre A beacon from Mars ce qui signifie "Un signal venu de Mars" : titre qui n'a rien à voir avec la choucroute.