mercredi 1 mai 2013

Inventaire 14 - Back from London (with Soul, Heavy Stuff and Classics)









ROY LEE JOHNSON & THE VILLAGERS The Dryer

STAX FUNK 
Get Up & Get Down

Label : Stax
Année : 1989
Face A : Isaac Hayes :Theme From Shaft - Dynamic Soul Machine : Moving On - Fat Larry's Band : Castle Of Joy - Sho-Nuff : Funkasize You - Sons Of Slum : What Goes Around (Must Come Around) - Bar-Kays : Holy Ghost - Sir Mack Rice : Dark Skin Woman Part 1/2 - Sho-Nuff : You Choose Me - Dramatics : Watcha See Is Watcha Get - Isaac Hayes : Theme From The Men 
Face B : Bar-Kays : Son Of Shaft - Inez Foxx : Circuits Overloaded - Roy Lee Johnson & The Villagers : The Dryer Part 1 & 2 - Fat Larry's Band : FLB - Bernie Hayes : Cool Strut Part 1 - Mar-Keys : Black - Jean Knight : Mr. Big Stuff - Dramatics : Get Up & Get Down
Genre : Groovy Baby
9ème morceau de L'inventaire 14 : The Dryer

Personnalité insaisissable de la soul et du funk, Roy Lee Johnson a disséminé une poignée de singles et d'album ici et là, au fil des rencontres et des opportunités. Son premier titre de gloire est d'avoir composé Mr Moonlight que les Beatles reprendront sur leur troisième album officiel  : Beatles for sale
N'ayant jamais vraiment rencontré le succès, il se retrouve tout de même embarqué dans l'une de ces souls revues qui écumaient les États-Unis. Au cours de cette tournée il se lie d'amitié avec Otis Redding. Celui-ci le ramène dans ses bagages vers sa région de prédilection où Roy Lee Johnson s'installe quelques temps. Tout d'abord aux mythiques studios de Muscle Shoals, en Alabama (où furent produits entre autres les grands albums de Wilson Pickett et Aretha Franklin) et, bien sûr, à Memphis, chez Stax, pour qui il enregistre un album de funk, devenu aujourd'hui d'autant plus recherché qu'il n'a pas été réédité en CD.
C'est l'une des perles de cette compilation Stax Funk où les titres méconnus ou oubliés côtoient les grands classiques (Isaac Hayes ou les Bar-Kays). 
Inutile de préciser qu'il n'y a aucun déchet !  

AL GREEN Sha-La-La (Make Me Happy)

AL GREEN
Explores Your Mind

Label : Hi Records
Année : 1974
Face A :
Sha-La-La (Make Me Happy) 
Take Me To The River 
God Blessed Our Love 
The City 
 One Nite Stand 
Face B : 
I'm Hooked On You 
Stay With Me Forever 
Hangin' On 
School Days 
Genre : Sweet Soul Music
8ème morceau de L'inventaire 14 : Sha-La-La (Make Me Happy)

"Tu vois, Al, il faudrait que tu t'adoucisses encore un peu plus. Il faut que tu murmures. Il faut que tu enregistres la plus lumineuse des musiques. La mélodie est forcément belle. Tu dois la chanter doucement. Ce qu'on va essayer de faire, c'est de te faire jouer avec la dynamique de la mélodie, lui insuffler des changements subtils mais significatifs. Il m'a répondu : Je ne peux pas chanter comme ça. C'est trop doux. Personne n'a jamais chanté comme ça.
Willie Mitchell, producteur d'Al Green in Sweet Soul Music de Peter Guralnick, éditions Allia.

CYMANDE Willies' Headhache

CYMANDE
Second Time Around

Label : Janus Records
Année : 1973
Face A :
Anthracite - Willies' Headache - Genevieve - Trevorgus - To You
Face B :
For Baby Ooh - Fug - Crawshay     - Bird - Them And Us

Genre : Groovy but cool
7ème morceau de L'inventaire n°14 : Willies' Headhache

En France, le groupe Cymande n'était connu que de quelques initiés, jusqu'au jour où Jimmy Jay sample leur premier single, The Message, pour bâtir les fondations du premier tube de MC Solaar : Bouge de là. Il est loin d'être le seul à avoir eu l'idée de puiser dans leur courte discographie (3 albums entre 72 et 74, et un retour dispensable en 81, un peu pourri par une production en carton). Ils n'auraient pu être qu'un groupe de funk parmi les autres si les huit musiciens du groupe, basés à Londres mais venus des Antilles (Jamaïque, Guyane et Saint-Vincent), n'avaient su intégrer aussi naturellement les sonorités de leurs pays d'origine. Aérienne et lumineuse, la musique de Cymande a des accents de Calypso, des rythmes et des percussions tournées vers l' Afrique et un penchant pour l'improvisation qui la fait facilement dériver vers le Jazz. La grosse basse bien ronde de Steve Scipio semble tenir la baraque, lier toutes ces influences, et injecter sa touche de groove à toutes les compositions. Comme, par exemple, dans cette boucle mid-tempo autour de laquelle s'articule le très, très cool Willies' Headache, choisi pour L'inventaire 14.
Inutile de dire que depuis le festival de samples opéré sur leur production dans les années 90, les trois premiers albums du groupe sont devenus un peu moins faciles à trouver.

THE SURFARIS Walk, don't run

THE SURFARIS
Wipe Out, Surfer Joe

Label : Dot Records (Rééd : Contour)
Année : 1963
Face A :
Wipe Out - Wiggle Wiggle - Torquay - You Can't Sit Down - Green Onions - Tequila
Face B :
Wild Weekend - Teen Beat - Yep - Memphis - Surfer Joe - Walk, Don't Run
Genre : Surf music
6ème morceau de L'inventaire 14 : Walk, don't run)

Pas grand chose à dire sur les Surfaris : les groupes de surf music furent légion et se ressemblaient souvent, au point qu'on ne sait plus guère quel instrumental attribuer à qui. 
Bien sûr, on peut distinguer Link Wray comme l'inventeur involontaire du genre, comme on peut attribuer la palme de la sauvagerie au guitariste Dick Dale, inclure ou exclure le très sucré Duanne Eddy ou les touche-à-tout Ventures... Guitare, basse, batterie et parfois saxophone, l'instrumental surf doit être à la fois rythmé et ensoleillé, il atteint rarement les 3 minutes. Malgré la surexploitation du genre, en particulier pour illustrer le moindre sujet télévisé évoquant tout ce qui se rapproche du soleil, de la plage, des sports de glisse, etc, l'instrumental surf reste encore miraculeusement efficace sur les pistes de danse.
Pour la petite histoire, Ron Wilson, le batteur des Surfaris, dont les roulements martiaux ont marqué définitivement le genre (voir son solo sur Walk, Don't Run, inclus dans ce mix), a commis dans les années 80 une reprise de Louie, Louie avec des cornemuses. De la Californie à l’Écosse, il n'y a qu'un pas...


THE GLORIES Give Me My Freedom

SOUL DIRECTION
Compilation

Label : Direction
Année : 1969
Face A : Johnny Johnson & The Bandwagon : Stone Soul Picnic - Inez & Charlie Foxx : I Ain't Going For That - Taj Mahal : Dust My Broom - Pretty Purdie : Funky Donkey - The Tymes : People - Ray King Soul Band : Knock On Wood
Face B : Sly & The Family Stone : Life - Peaches & Herb : Something You Got - The Glories : Give Me My Freedom - Cliff Nobles & Co : The Camel - The Chambers Brothers : In The Midnight Hour
Genre : Soul & Funk
5ème morceau de L'inventaire 14 : Give Me My Freedom.

On croirait entendre les Supremes avec une voix plus grave, moins sucrée. The Glories était un trio vocal figurant sur une poignée de singles, sortis essentiellement sur le petit label Date
Malgré l'efficacité du morceau (signé par un Warren Levine à la carrière toute aussi éphémère), on peut à peine parler d'un "one hit wonder" pour ce groupe au nom trompeur. Le single ne se classera même pas dans les charts, même s'il est devenu depuis une pièce recherchée par les mods et autres boulimiques de soul sixties. Initialement titré I Love You Babe But Give Me My Freedom, le titre est affiché en version courte dans cette compilation ramassée un peu au hasard et à vil prix au Music & Video Exchange (voir photo accompagnant l'Inventaire 14) Elle compte pourtant quelques morceaux de choix, dont un instrumental de Bernard Purdie, issu du même album que Soul Drums diffusé dans ce mix.  
Quant à la pochette qui sent bon la marrée, si l'on peut douter de son efficacité commerciale, on lui reconnaitra au moins le mérite de trancher avec l'habituelle cohorte de filles sexy qui habillent généralement ces compilations.
De là à dire que c'est un progrès...

ELVIS COSTELLO God's Comic

ELVIS COSTELLO
Spike The Beloved Entertainer

Label : Warner Bros. Records
Année : 1989
Face A :
...This Town... - Let Him Dangle - Deep Dark Truthful Mirror - Veronica - God's Comic - Chewing Gum - Tramp The Dirt Down
Face B :
Stalin Malone - Satellite - Pads, Paws And Claws - Baby Plays Around - Miss MacBeth - Any King's Shilling - Last Boat Leaving 
Genre : Pop sophistiquée
4ème morceau de L'inventaire 14 : God's Comic.

Avec son physique Buddyhollesque et son pseudonyme composite (son prénom vient évidemment de celui de Presley, son nom de celui de sa grand-mère), Costello a déboulé en pleine explosion punk pour prendre tout le monde de court. Ses premiers morceaux, efficaces et tranchants, dénotaient une maturité exceptionnelle et un sens de l'humour qui emporta aussi bien l'adhésion du public que la reconnaissance critique. Le succès de ses premiers albums s'accompagnait de tournées ludiques où le chanteur laissait le hasard décider du choix et de l'ordre des chansons, en proposant au public de monter sur scène pour faire tourner une grande roue contenant les titres de son répertoire. 
Malheureusement, le succès ou la lassitude auront raison de cette fantaisie et, à l'image d'un Joe Jackson (en moins prétentieux tout de même), Costello perdra pas mal de son énergie et de son inspiration au profit d'une écriture plus sophistiquée, plus intello, un brin ennuyeuse. 
Si cette tendance a déjà montré le bout de son nez lorsqu'il publie ce dixième album, Spike échappe miraculeusement à l'ennui, notamment grâce aux interventions du Dirty Dozen Brass Band, fanfare funk qui apporte ce qu'il faut d'énergie brute à quelques titres. On notera aussi, parmi les noms prestigieux venus prêter mains forte à Costello, les guitaristes T-Bone Burnett et Marc Ribot (échappé de chez Tom Waits) ainsi qu'un petit bassiste prometteur du nom de Paul McCartney (Costello étant au même moment en train d'écrire et produire l'album de l'ex-Beatles : Flowers in the Dirt). 
Bref, c'est un joyeux fourre-tout où, entre un single pop impeccable (Veronica) et une ballade irlandaise (Stalin Malone), Costello règle son compte à Margaret Thatcher (Tramp The Dirt Down) et accouche d'une des plus belles chansons de sa carrière : God's Comic, que nous avons choisi pour ce mix.


PRINCESS SUPERSTAR Do It Like A Robot

PRINCESS SUPERSTAR
Last of the Great 20th Century Composers

Label : The Corrupt Conglomerate
Année : 2 000
Face A : 
Intro: Last Of The Great 20th Century Composers - Do It Like A Robot - Meet You Halfway (Keep It On The Alright) - I Hope I Sell A Lot Of Records At Christmastime - Come Up To My Room - Kool Keith's A#! - Bump Your A#! Off 
Face B : 
NYC C--T - Year Two Thousand - Love / Hate To Be A Player - Sex (I Like) - Do It Like A Robot (Jon Spencer Remix) - My Life 
Genre : Hot Hip Hop
3ème morceau de L'inventaire 14 : Do It Like A Robot.

La pochette a beau donner l'impression qu'une auréole flotte au-dessus de sa tête, Princess Superstar n'est pas une sainte. Elle aime le rap, l'électro, le rock, les expérimentations diverses et même les chants de noël, (I Hope I Sell A Lot Of Records At Christmastime), mais surtout, elle aime le cul ! Et en particulier celui de Kool Keith auquel elle dédie une chanson dans cet album. Certainement touché par l'attention, le grand expérimentateur du hip-hop viendra faire le malin sur l'album suivant dans le morceau Keith'n'Me
Il serait cependant dommage de réduire la miss au rôle de "queen bitch". Son humour ravageur, son sens du groove imparable, son flow pétillant et la précision de ses compos en font l'une des figures les plus fraîches d'un hip hop qui n'a guère brillé depuis le début de ce siècle . L'irrésistible Do It Like A Robot n'est qu'un des bâtons de dynamites répartis tout au long disque : l'album aurait aussi bien pu s'appeler First of the Great 21th Century Composers.

BERNARD PURDIE Soul Drums

PRETTY PURDIE
Soul Drums

Label : Date
Année : 1968
Face A :
Soul Drums - Bee 'N' Tee - Caravan - Soul Bossa Nova - Jimmy's Back 
Face B :
Funky Donkey - Bill's Groove - On The Outskirts Of Minitown - Testifyin' - Modern Jive - Blow Your Lid (But Watch Your Cool)

Genre : Funky Beat
2ème morceau de L'inventaire n°14 : Soul Drums

L'homme joue sur 3 000 albums. Il a plusieurs patterns de batterie déposés à son nom (le "Purdie shuffle", le "Half-time Purdie shuffle", le "Bernard Purdie half-time feel shuffle"...) Il a mis dans sa poche Aretha Franklin, Miles Davis, Steely Dan, les Last Poets, Isaac Hayes, James Brown, les Rolling Stones... Pas étonnant qu'il ait un melon de la taille d'une citrouille : Bernard "pretty" Purdie se prétend volontiers le "meilleur batteur du monde", ce qui ne veut pas dire grand chose, et son site l'annonce comme "le batteur le plus enregistré du monde", ce qui est probablement vrai. 
Évidemment, quand un musicien de cette trempe sort un album sous son nom, on s'attend à ce que ça bouge. On n'est pas déçu. Et même si Purdie en fait des caisses, Soul Drums n'est pas pour autant un album de démonstration. L'énergie incroyable qui alimente ces 11 instrumentaux en fait une valeur sûre pour remuer du popotin dans les soirées, que ce soit sous forme brute ou en échantillons, ce que pas mal de DJ ont déjà compris depuis longtemps.
A l'heure où j'écris ces lignes, l'homme va sur ces 74 ans, ce week-end, il fait de la démo dans un magasin de batteries à Marseille...

THE SEEDS Flower Lady & Her Assistant

THE SEEDS
Future

Label : GNP Crescendo
Année : 1967
Face A : Introduction - March Of The Flower Children - Travel With Your Mind - Out Of The Question - Painted Doll - Flower Lady & Her Assistant - Now A Man
Face B : A Thousand Shadows - Two Fingers Pointing At You - Where Is The Entrance Way To Play - Six Dreams - Fallin' t Dreams To Remember - Wichita Lineman - Bakers Instant 
Genre : LSD musical
1er morceau de L'inventaire 14 : Flower Lady & Her Assistant

Toutes les innovations de la pop étant généralement attribuées au Beatles, le psychédélisme n'échappe pas à la règle, avec quelques morceaux de Rubber Soul en 65 pour étayer la plaidoirie.On s'en fout ! La plus belle incarnation du garage psychédélique, c'est bien les Seeds, emmenés par un illuminé décharné répondant au nom de Sky Saxon, qu'il trouvait plus meuh-meuh que son véritable patronyme de Richard Elvern Marsh. Après avoir décroché la timbale avec leur premier single Pushin' too hard et tenu la tête hors de l'eau avec Can't seem to make you mine issu de leur deuxième album, The Seeds réussit à se saborder avec ce qui ressemble bien à un album concept : Future. Trop tôt, trop barré, le monde n'était peut-être pas prêt. Pourtant, c'est beau comme une amanita muscaria. Et même si on ne comprend pas trop de quoi  ça parle, la musique suffit à planter le décor. On s'attend à tout moment à voir débarquer le lapin d'Alice... 
Ce sera le dernier album du groupe qui, à l'instar du Velvet Underground, sera très influent après sa séparation. Malheureusement, Sky Saxon n'en profitera guère : ayant découvert que Dieu était un chien au tournant des années 70, il passera plus de temps à méditer qu'à produire des albums. Ceux-ci sortiront au compte goutte sur d'obscurs petits labels
Comme quoi, la drogue, ça fait des jolis disques, mais pas seulement.

PS 1 : Ce pressage trouvé au Music & Video Exchange à Notting Hill Gate (Londres) est allemand, il date de 1980, et il est tout blanc !


PS 2 : En 2004, Sky Saxon descend de son perchoir, engage des petits jeunes et reprend le répertoire des Seeds en tournée. Malgré sa soixantaine et un vécu sur la tangente, il a bien fait : le concert que j'ai vu était ébouriffant.

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PS 3 : Sky Saxon est soi-disant mort en 2009.