vendredi 1 février 2013

Inventaire n°11 - En attendant De Castelpouille



Astuce du jour  : 
Pour profiter pleinement de votre mix, nous vous conseillons de monter le volume de votre hi-fi à 11. 
Si votre bouton de volume n'est pas gradué, une rotation jusqu'à la butée conviendra tout autant.

STEVIE WONDER Workout Stevie Workout

STEVIE WONDER
Greatest Hits

Label : Tamla Motown
Année : 1968
Face A : Shoo-Be-Doo-Be-Doo-Da-Day - A Place In The Sun - Uptight (Everything's Alright) - Travlin' Man - High Heel Sneakers - Sad Boy - Kiss Me Baby - Workout Stevie Workout
Face B : Fingertips Pt. 2 - Hey Harmonica Man - Contract On Love - Castles In The Sand - Nothing's Too Good For My Baby - I Was Made To Love Her - Blowin' In The Wind - I'm Wondering
Genre : Rhythm'n'soul
9ème morceau de L'inventaire n°11 : Workout Stevie Workout

Avec le temps, ce premier "Greatest Hits" de Stevie Wonder, sorti en 1968, est presque devenue une compilation de raretés. Le jeune surdoué n'a alors que 18 ans et déjà une petite dizaine d'albums à son actif. Mais cette sélection inclut des singles éparpillés à droite à gauche, très peu réédités depuis, et des versions lives survoltées, comme ce Workout Stevie Workout inclus dans le mix
Et puis Stevie Wonder continuera à aligner les hits (l'album studio qui suit cette compil' est My Cherie Amour) et ne cessera d'évoluer : beaucoup de titres de ses débuts disparaîtront des "Best of" qui suivront.  En 2000 cependant, la Motown a sorti un double CD rétrospectif. Le premier volume, baptisé Early Classics, reprend quelques uns des titres de cette prodigieuse compilation.

ROBERT WYATT Solar Flares

ROBERT WYATT
Ruth is stranger than Richard

Label : Virgin
Année : 1975
Side Ruth :
Soup Song - Sonia - Team Spirit - Song For Che
Side Richard : 
Muddy Mouse (A) - Solar Flares - Muddy Mouse (B) - Black Notes And 1 White Note -Muddy Mouse (C) - Muddy Mouse

Genre : Pop onirique
8ème morceau de L'inventaire n°11: Solar Flares

Robert Wyatt est membre fondateur de Soft Machine avec Daevid Allen et Kevin Ayers (qui vient de mourir le 18 février dernier à 69 ans). Le groupe expérimente dans toute les directions, navigue entre surréalisme, rock progressif, free jazz, apartés ludiques et autres revendications pataphysiques. 
Après le troisième album, Robert Wyatt s'échappe et développe une discographie libertaire nourrie de multiples rencontres et jamais prévisibles. Ruth is stranger than Richard suit son "classique" (bien que le terme ne convienne pas vraiment au bonhomme) Rock Bottom et s'annonce comme un album concept, avec une face féminine (Ruth) et une face masculine (Richard). Mais évidemment, ça ne suffit pas à donner une idée de la chose. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent jamais, on retrouve parmi les musiciens Brian Eno qui a quitté Roxy Music et Phil Manzanera qui en est toujours membre mais prend des vacances. On y retrouve aussi d'autres habitués des dérapages musicaux incontrôlés comme le multi-instrumentiste fou Fred Frith ou Gary Windo qui vient plutôt du jazz... 
Bref : c'est de la musique sans étiquette, avec une drôle de pochette.


TOMMY TUCKER Satisfyin' Feeling

TOMMY TUCKER
Mother Tucker

Label : Red Lightnin'
Année : 1974
Face A :
Hi Heel Sneakers - Tell Me Who's Worng - Lean Greens - That's How Much I Love You - I'm On The Telephone - It Don't Make Sense - Satisfyin' Feeling - My Babe
Face B :
Is That The Way God Planned It? - Ooh Baby - Silly Little Cynthia - Never Let Me Go - Mama She Treats Me Your Son So Mean - Country To The City - Your Love's A Habit With Me - Drunk
Genre : Funky Blues
7ème morceau de L'inventaire °11 : Satisfyin' Feeling

C'est évidemment le genre de disque qu'on ramasse à 2€ maximum pour sa pochette. Les marques de bon goût affleurent ici, entre l'alliance osée knacky/mayonnaise/rouge à lèvres et le jeu de mot du titre : on peut s'attendre légitimement à du gros disco qui tâche, le genre regorgeant de pochettes à connotations sexuelles très chargées.
En fait Tommy Tucker produit un blues très électrique et souvent groovy (appellé ici et là le "Chicago Blues", bien que le type vienne de Springfield, Ohio), qui pourrait figurer aux côtés de perles du rare groove si ce n'était une production parfois désastreuse. Sa discographie se résume à 4 albums parus probablement entre le milieu des années 60 et le début des années 80, dont trois contenant le morceau Hi Heel Sneakers qui semble être son premier single. 
S'il n'est pas vendu comme une compilation, cet album, Mother Tucker, ressemble tout de même à un grand fourre-tout, ce qu'il est : les chansons qui le composent ont été enregistrées entre 62 et 69 dans différents studios avec des musiciens très divers. Quelques morceaux sortent du lot : une excellente version de My Babe, le standard de Willie Dixon, Is that the way god planned it ? qui ouvre la face 2, ou encore ce Satisfyin' Feeling dont la basse massive réveille notre inventaire n°11.
Ayant abandonné la musique pour devenir agent immobilier, Tommy Tucker est mort en 1982 des émanations du produit qu'il utilisait pour refaire son plancher.
Maintenant, reste plus qu'à trouver son dernier album au titre nettement plus poétique : The Rock is my pillow - The cold ground is my bed (Le rock est mon oreiller - Le sol froid est mon lit).

PEREZ PRADO Mambo #5

PEREZ PRADO AND HIS ORCHESTRA
Latin Dance Party (vol. 4)

Label : Sonodisc/Seeco
Année : 196?
Face A :
Mambo No. 5 - Las Siete Y Media - Habana - Mi Cazuelita - Chambeleque - Saca La Mano 
Face B :
Electricidad - Siempre Contigo - Kandela - Hembra Mala - Tu No Tienes Suerte - Actopan

Genre : Cubanismo
6ème morceau de L'Inventaire n°11 : Mambo #5



La discographie de Perez Prado est une jungle. Prolixe et populaire, il a enregistré entre 1955 et 1975, avec diverses formations, des albums qui ont connus pour la plupart une diffusion internationale. Sans compter les compilations, collaborations (notamment avec Rosemary Clooney, la tante de George) et quelques lives. 
Chef d'orchestre et pianiste à la rythmique irrésistible, il s'est toujours entouré de musiciens de haut vol, notamment du côté des percussionnistes à qui il donne souvent la place d'honneur. On a l'impression que c'est la norme dans la musique cubaine, mais lorsqu'on réécoute certains albums du "King of Mambo" aujourd'hui (en particulier celui-ci ou encore le bien-nommé Concierto Para Bongos), on se rend compte qu'ils ont un petit quelque chose en plus, une espèce de puissance rythmique, aussi sèche que le funk qu'on découvrait au même moment dans l'hémisphère nord. 
C'est particulièrement flagrant dans ce Mambo #5, qui n'a rien à voir avec celui de Lou Bega, et c'est tant mieux !

MOE TUCKER Fired Up

MOE TUCKER
I spent a week there the other night

Label : New Rose
Année : 1991
Face A :
Fired Up - That's Bad - Lazy - S.O.S. - Blue, All The Way To Canada 
Face B :
(And) Then He Kissed Me - Too Shy - Stayin' Put - Baby, Honey, Sweetie - I'm Not - I'm Waiting For The Man 

Genre : Rock
5ème morceau de L'inventaire n°11 : Fired Up


Force est de constater que Moe Tucker a sorti moins de mauvais albums que Lou Reed...
La batteuse martiale du Velvet a réalisé quelques singles, quatre albums studio et deux live durant une longue période qui suit la séparation du meilleur groupe du monde et s'achève au début des années 2000. Elle n'a jamais réglé ses comptes avec qui que ce soit de la période Factory/Velvet. Elle n'a jamais essayé d'imiter aucun de ses camarades. Par contre elle a repris avec un plaisir communicatif Heroin dans son premier album solo, Pale Blue Eyes dans Life in exile after abdication (1989) et I'm waiting for the man (un peu mieux que Vanessa Paradis) dans la version CD de celui-ci. 
Lou Reed est venu faire des parties guitares, Sterling Morrisson aussi, John Cale joue du violon et du synthétiseur. L'histoire ne dit pas s'ils étaient dans le studio en même temps. Il y a une jolie reprise du standard des Crystals, Then he kissed me et quelques morceaux plus énervés, comme ce Fired Up qui sent le punk new-yorkais à plein nez.   
Bonne nouvelle pour les fans, le label de rééditions Sundazed vient de sortir une anthologie qui embrasse une grande partie de sa discographie : Moe Tucker I Feel so far away.

KIRSTY MacCOLL Dancing in limbo

KIRSTY MacCOLL 
Kite

Label : Virgin
Année : 1989
Face A : 
Innocence - Free World - Mother's Ruin - Days - No Victims - Fifteen Minutes 
Face B : 
Don't Come The Cowboy With Me Sonny Jim! - Tread Lightly - What Do Pretty Girls Do? - Dancing In Limbo - The End Of A Perfect Day - You And Me Baby  

Genre : Bioutifoul Songs
4ème morceau de L'inventaire n°11 : Dancing in limbo


Pour beaucoup d'entre nous, Kirsty MacColl est apparue aux côtés du génial alcoolique Shane MacGowan, leader des Pogues, un beau jour de l'hiver 88, pour lui donner la réplique sur Fairytale of New York, un duo de noël beau et cruel. 
Avant d'épouser le producteur Steve Lillywhite, Kristy avait commencé en 1981 avec un album intitulé Desperate Character dont le single There's A Guy Works Down The Chip Shop Swears He's Elvis s'était taillé un petit succès Outre-Manche, mais pas ici. Sa belle voix grave, ses pop songs simples et inspirées, et son indéniable bon goût (Johnny Marr joue de la guitare sur cet album et, cette même année 88, elle reprend You Just haven' earned it yet baby des Smiths sur un single difficile à trouver) font qu'on découvre toujours quelques bonnes surprises planquées dans ses albums. 
Kristy MacColl a fini tragiquement en décembre 2 000, percutée par un crétin en hors-bord alors qu'elle nageait paisiblement dans les eaux du Mexique, dans un espace réservé à la baignade. Un drame d'une ironie cruelle pour celle qui avait enregistré en 93 un album intitulé Titanic Days...

PEOPLE ROCK OUTFIT Blacky Joe

THE WORLDS ENDS 
Afro Rock & Psychedelia in 1970's Nigeria (Part 1)
Label : Soundway
Année : 2010
Face A : The Ify Jerry Krusade : Nwantinti / Die Die - The Hygrades : Rough Rider - The Hykkers : Deiyo Deiyo (Akpuwunlobi) Face B : The Mebusas : Mr. Bull Dog (45 Version) - Founders 15 : Don't Take Me For A Ride - Ceejebs : Eti Ufok Face C :Tony Grey. Super 7 : Yem Efe - The Identicals : Akwa Kayi Ji Bia Nuwa - P.R.O. : Blacky Joe Face D : Cicada : Oli Nkwu - Eppi Fanio : Ikoko Ti Yio Jata (On Perseverance) - Bongos Ikwue : All Night Long Face E : The Lijadu Sisters : Life's Gone Down Low - The Funkees : Breakthrough     - Wrinkar Experience : Soundway Face F : The Wings : Afam Efuna - Big John Oaikhena : Soul Generation
Genre : Afro-Psyché
3ème morceau de L'inventaire n°11 : P.R.O. - Blacky Joe

En 1972, le guitariste Lenny Kaye sort une compilation de pépites des années 60 remplies d'obscurs groupes se complaisant dans un psychédélisme débridé  avec un son garage que les punk essaieront de rattraper une décennie plus tard. La compil' Nuggets est devenue objet de culte et d'influence, un jalon dans l'histoire du disque.
Il faudrait peu de chose pour que ce triple LP en devienne un équivalent africain aujourd'hui. 17 morceaux enregistrés au Nigeria par la génération qui a survécu à la guerre civile (la guerre du Biafra, en 67), par des groupes dont il est très difficile de trouver la moindre trace, la moindre discographie, même en cherchant dans les replis d'internet. Particulièrement en ce qui concerne People Rock Outfit dont le morceau Blacky Joe, choisi pour ce mix, est à la croisée de tellement de styles qu'il résiste à tout étiquetage. Mais il n'est qu'un exemple au milieu de cette débauche de guitares fuzz, de rythmiques funky, de farfisas en roue libre, de mélodies lancinantes surchargées en électricité... On doit ces trouvailles au formidable label Soundway Records qui a publié le volume 2 dans la foulée, une sélection à peine moins stupéfiante contenant 19 autres morceaux.
A titre personnel, je donne toute la discographie des Doors pour une seule face de ces disques.   


THE MUSIC MACHINE Talk Talk

MACHINE ROCK
Compilation 
Label : TeeVee Records Inc.
Année : ???
Face A : JIMMY SOUL : If you wanna be happy - PRESTON EPPS : Bongo Rock - CASCADES : Rhythm of the rain - BOBBY LEWIS : Tossin and turnin - TOMMY ROE : Sheila - WILBERT HARRISON : Kansas City - BEACH BOYS : Surfin - PARIS SISTERS : I Love How You Love Me - COZY COLE : Topsy Part 2 - THE MARCELLS : Blue Moon - JERRY KELLER : Here Comes the Summer - THE CHAMPS : Tequila
FACE B : LESLEY GORE : It's my party - SANDY NELSON : Tenn Beat - TEDDY BEARS : To know him is to love him - FREDDY CANNON : Palisades Park - DANNY AND THE JUNIORS : At the hop - BUDDY HOLLY : Oh Boy - ANGELS : My boyfriend's back - KATHY YOUNG AND THE INNOCENTS : A thousand stars - MUSIC MACHINE : Talk talk - CRESTS : 16 Candles - THE SURFARIS : Wipe out 
Genre : 60's nuggets
2ème morceau de L'inventaire n°11 : Talk Talk par The Music Machine
 
Voilà le genre de choses pour lesquelles nous écumons les vide-greniers, marchés aux puces et autres disquaires d'occases. Perdu dans les bacs d'un déstockage de disques à 2€, cet album émane d'un curieux label américain, TeeVee Records, qui, si j'ai bien compris le principe, ne produit que des compilations de chanteurs plus ou moins ringards, lancées par des pubs télés qui ne le sont pas moins (ringardes). L'argument massue, pour le choix des artistes, semble être le volume capillaire des chanteurs, le brushing façon casque, ce qui permet tout de même de retrouver dans leur catalogue Johnny Cash, au milieu de Merle Haggard (?), Conway Twitty (??) ou encore Johnny Rodriguez (???)
Mais il faut toujours détailler le contenu d'une compil', aussi rebutant que soit aspect extérieur. 
La présence de quelques instrumentaux jubilatoires (Wipe out des Surfaris) ou de la version de Blue Moon par The Marcells (qui figure au générique du Loup-Garou de Londres de John Landis) suffisaient déjà à justifier la dépense. Je lâchais ma pièce au guichet et partais à la maison, le disque sous le bras, bien décidé à tirer le meilleur de ce produit de consommation courante...
C'est en fin de face B que je pris ma gifle, en découvrant le demi-tube du groupe maudit The Music Machine, grand oublié des sixties. En moins de deux minutes, leur single Talk Talk résume l'essentiel du rock : fulgurant, sauvage, irrésistible. 
Turn On, le premier album de The Music Machine, sorti en 66, recèle bien d'autres surprises. Mais il y a peu de chance de le débusquer dans un bac à 2
Qu'à cela ne tienne : continuons à chiner, nous en tirerons toujours quelque chose...

BRIAN ENO DAVID BYRNE A secret life

BRIAN ENO DAVID BYRNE
My life in the bush of ghosts

Label : Polydor/EG (Sire)
Année : 1981
Face A :
America Is Waiting - Mea Culpa - Regiment - Help Me Somebody - The Jezebel Spirit
Face B :
Qu'Ran - Moonlight In Glory - The Carrier - A Secret Life - Come With Us - Mountain Of Needles

Genre : Mixture atmosphérique
1er morceau de L'inventaire n°11 : A secret life


Brian Eno : clavier originel de Roxy Music, producteur de plusieurs centaines d'albums depuis les années 80 dont certains des plus importants, influents et célèbres (John Cale, Bowie, Talkingheads, U2, James, etc), il est aussi l'un des inventeurs de ce qu'on a appelé, faute de mieux, l'ambient pour définir des enregistrements très éloignés du format de la chanson pop, où l'atmosphère qui est crée est plus importante que l'accroche mélodique (Du qui fait planer, quoi !)
David Byrne : membre fondateur des Talkingheads avec lesquels il avait déjà pas mal déblayé le terrain, tombe un jour amoureux de la musique cubaine et découvre qu'il peut s'échapper du rock.
Quand ces deux-là décident de s'amuser ensemble, forcément, ça fait quelques étincelles. Ici, ils amorcent avec quelques longueurs d'avances sur leurs collègues une série de titres où l'utilisation de samples et l'ouverture vers des sonorités orientales, tribales et funky sonnent de façon littéralement inouïes.  En plus, ça n'a ni le côté mollasson de certaines pièces maîtresses de la discographie d'Eno, ni la tendance parfois imitative de David-Byrne-découvre-la-world-music. 
C'est frais, c'est riche, avec une production à peine datée années 80 qui chatouille un peu la nostalgie. Selon la formule consacrée : souvent imités, jamais égalés.