lundi 19 août 2019

TwinSelecter radio - épisode 1 : Brainstorm

POISON GIRLS Other

POISON GIRLS
Chappaquiddick Bridge

Label : Water Wing Records (Og : Crass Records)
Année : 1980
A1 Another Hero    
A2 Hole In The Wall (Thisbe's Song)    
A3 Underbitch    
A4 Alienation    
B1 Pretty Polly    
B2 Good Time (I Didn't Know Sartre Played Piano)    
B3 Other    
B4 Daughters And Sons    
C Statement

Genre : Antiglamourous Punk
TS Radio 1 Brainstorm - Morceau 4 : Other

Poison Girls a déjà infiltré les Inventaires des Cercles Parfaits en 2012. Je venais de les découvrir, tout émoustillé d'avoir dégotté un groupe confidentiel de l'ère punk qui n'avait jamais fait l'unanimité mais me semblait avoir un son singulier, une démarche authentique, le tout emmené par une chanteuse mère de famille et quarantenaire, Vi Subversa, morte le 19 février 2016 dans une bien triste indifférence.
Depuis, m'étant procuré l'essentiel de leur discographie (trois albums studio et quelques EP tout aussi passionnants), je confirme la créativité et la cohérence d'un groupe dont le radicalisme politique n’empêchait pas une véritable ambition musicale, au contraire ! 
En témoigne ce Other lancinant et légèrement inquiétant qui figure sur ce premier album au climat oppressant et urbain. Chappaquiddick Bridge (qu'un petit label de l'Oregon a eu la bonne idée de rééditer dans une très belle édition agrémentée d'un 45t, comme le pressage original) devrait s'aligner dans toute discothèque paranoïaque qui se respecte aux côtés des premiers Suicide et Joy Division
Pour ne pas dénoter dans le mix, le morceau est coupé avant sa dernière partie. On peut l'écouter dans son intégralité ici.

JAMES HORNER Brainstorm Main Title

JAMES HORNER
Brainstorm (bande originale)

Label : Milan
Année : 1983
A1 Main Title    
A2 Lillian's Heart Attack    
A3 Gaining Access To The Tapes    
A4 Michael's Gift To Karen    
B1 First Playback    
B2 Race For Time    
B3 Final Playback/End Titles

Genre : Musique de l'espace
TS Radio 1 Brainstorm, Morceau 3 : Brainstorm Main Title

Mort en 2015 dans un accident d'avion, James Horner est passé à la postérité pour avoir commis la bande originale d'un des plus grands succès cinématographiques de tous les temps : Titanic
Généralement considéré comme un compositeur "classique" du cinéma, respectant les codes traditionnels des musiques de film, il a pourtant fait ses classes au Royal College Of Music avec György Ligeti, celui-là même qui fout les chocottes lorsque l'ascenseur déverse son sang dans Shining. James Horner a probablement appris avec lui la puissance de la dissonance et quelques audaces d'orchestration qu'on retrouve plutôt dans la première partie de sa carrière. 
Il faut dire qu'il débute dans les années 80 dans un genre qui lui laisse pas mal les coudées franches. Battle Beyond The Stars, Star Trek 2 et 3, Aliens, Cocoon... pendant près d'une décennie, il navigue essentiellement dans la SF à l'époque où le genre connaît une nouvelle jeunesse à Hollywood. 
Sa partition pour Brainstorm de Douglas Trumbull s'appuie sur un grand orchestre et une habile utilisation des voix pour créer un va-et-vient entre le merveilleux et l'angoisse. A l'image du vertige qui s'empare des personnages du film lorsqu'ils inventent et expérimentent cet appareil aussi fascinant que terrifiant : un magnétoscope qui peut enregistrer les sensations et les faire partager. 
Un peu ce qu'on essaie de faire sur ce blog...

CHRIS ISAAK Talk To Me

CHRIS ISAAK
Silvertone

Label : Warner Bros. Records
Année : 1985
A1 Dancin'
A2 Talk To Me    
A3 Livin' For Your Lover
A4 Back On Your Side
A5 Voodoo
A6 Funeral In The Rain
B1 The Lonely Ones
B2 Unhappiness
B3 Tears
B4 Gone Ridin'
B5 Pretty Girls Don't Cry
B6 Western Stars 

Genre : Beautiful lament
TS radio 1 Brainstorm, morceau 2 : Talk To Me

Avec son physique de "perfect american male", qui cherche sa place entre Elvis, James Dean, Chet Baker..., sa voix de mâle blessé par les aléas de la passion amoureuse, ses guitares brillantes et nostalgiques, Chris Isaak semble se lire comme un livre ouvert. Depuis ses premiers succès (Dancin' sur ce premier album puis Blue Hotel, en 1987, qui le révèle à toute l'Europe) il incarne ce crooner nostalgique des 50's, coincé dans une faille spatio-temporelle, ni tout à fait d'alors, ni vraiment d'aujourd'hui, aussi pathétique qu'un Silver Surfer en perpétuel exil cosmique. 
Pourtant, on sent bien que quelque chose se trame derrière ce visage et ces chansons trop lisses, comme si cette voix était le véhicule idéal pour passer la frontière qui sépare l'observation du voyeurisme, la souffrance du masochisme, la passion de l'addiction et ainsi de suite. Son Wicked Game accompagne les temps sulfureux de Sailor et Lula tandis que Kubrick choisit Baby Did a Bad Bad Thing en écho aux déviances d'Eyes Wide Shut
A bien y regarder, Talk To Me, deuxième morceau du premier album Silvertone annonçait déjà la couleur avec ses chœurs fantomatiques et l'incantation suppliante de la voix principale. En vérité je vous le dis, ce Chris Isaak n'est pas très sain.  



GEORG DEUTER Pearls

DEUTSCHE ELEKTRONISCHE MUSIK 3
Compilation

Label : Soul Jazz Records
Année : 2017
A1 Klaus Weiss : Wide Open Space Motion
A2 A.R. & Machines : I'll Be Your Singer, You'll Be My Song
A3 Deutsche Wertarbeit : Deutscher Wald
A4 Dzyan : Khali
A5 Missus Beastly : Geisha
B1 Alex : Derulé
B2 Agitation Free : In The Silence Of The Morning Sunrise
B3 Georg Deuter : Pearls
B4 Michael Bundt : The Brain Of Oscar Panizza
C1 Popol Vuh : Ja, Deine Liebe Ist Süsser Als Wei
C2 Novalis : Dronsz
C3 Bröselmaschine : Schmetterling
D1 Neu! : Neuschnee
D2 Between : And The Waters Opened
D3 La Düsseldorf : White Overalls
D4 Klaus Weiss : Constellation
E1 Achim Reichel : Tanz Der Vögel In Den Winden
E2 Roedelius : Lustwandel
E3 Pyrolator : Die Haut Der Frau
E4 Cluster : Hollywood
F1 Streetmark : Passage
F2 Niagara : Rhythm Go
F3 Michael Bundt : Neon

Genre : Free pop from Germany
TS Radio 1 Brainstorm, morceau 1 : Pearls

La discographie de Deuter est fortement dispensable, à moins de pratiquer la médiation où de chercher à intégrer une secte. Séduit lui-même par le gourou indien Bhagwan Shree Rajneesh lors d'un voyage spirituel, l'Allemand Georg Deuter lui dédiera de nombreux disques qui sentent le patchoulis et l'encens, dans lesquels la flûte, la guitare acoustique et quelques douces percussions le disputent aux sons de fontaines, de petits oiseaux et de vent dans les arbres... Le genre de truc qui donne envie de sniffer de la colle en s’enfonçant une épingle à nourrice dans le lobe de l'oreille.
Cependant, comme beaucoup de ses contemporains des années 70, Georg taquine le synthétiseur et fabrique des boucles aux sonorités réjouissantes qui sont parfaites pour ouvrir un mix !
Pour le reste, cet ultime volume des compilations que Soul Jazz consacre aux audacieux musiciens de la pop avant-gardiste allemande des années 70 est peut-être le meilleur des trois. L'absence du groupe Can y est largement compensée par un tas de découvertes hallucinantes, dont les 9 minutes de The Brain Of Oscar Panizza par Michael Bundt, mélange de groove puissant et d'expérimentations diverses qui finiront bien par intégrer un mix un de ces jours. 
Sans entrer plus dans le détail, soulignons que si le titre de ces compilations reste un peu abusif (la sélection est loin de se cantonner à la musique électronique), leur contenu permet d'embrasser la décennie dorée de cette formidable vague allemande sans s'épuiser et se ruiner à dénicher les albums originaux.