dimanche 3 mars 2013

Inventaire n°12 - Confession



Le Français chante en anglais, le Cubain fait de la pop, l'Australien reste digne.

LITTLE AIDA Confession No.6

LITTLE AIDA
Confessions 

Label : Jazz Fudge
Année : 1996
Face A  :
I Got Something To Say - Confession No.4 - Confession No.5 - Confession No.6 - I Hear Voices
Face B :
Who R U Boy? (Reprise) - Who R U Boy ? - Time's Not Waiting - Time's Not Leaving

Genre : Hip Hop Nocturne
8ème morceau de L'inventaire n°12 : Confession No.6

Andre Gurov alias Pierre Vadim ou DJ Vadim a débarqué avec ses scratches au ralenti, son hip hop infusé aux expérimentations acoustiques de Pierre Henry, et ses beats épurés à 40 bpm. Sous son label Jazz Fudge ou avec les camarades de Ninja Tune, il a participé à la nouvelle vague de l'électro anglaise qui, sans quitter les dance floors, voulait du son neuf et ne dédaignait pas flirter avec l'expérimental. 
Le projet Little Aïda est l'une des premières sorties discographiques de Vadim. Un projet qui accueille la voix de Tessa Rubinstein, particulièrement mise en valeur sur ce Time's Not Leaving, quasiment a capella, soutenu par un accord synthétique sourd et une seconde voix à l'aigu. C'est grandiose.
Les albums suivant de Vadim vont lui apporter la reconnaissance mais après le très riche U.S.S.R. Life from the other side, sa musique se fait moins surprenante. En 2007 cependant, soit 10 ans après le premier, Little Aïda sort un second album, Mad Country. Il y a Tessa (mais pas Vadim) et plein de musiciens autour d'elle pour un mélange country folk plein de guitares et claviers : rien à voir...

ROBERT FORSTER Heart Out To Tender

ROBERT FORSTER
Danger in the past

Label : Beggars Banquet
Année : 1990
Face A :
Baby Stones - The River People - Leave Her Satisfied - Heart Out To Tender - Is This What You Call Change 
Face B :
Dear Black Dream - Danger In The Past - I've Been Looking For Somebody - Justice

Genre : La classe australienne
7ème morceau de L'inventaire n°8 : Heart Out To tender

Nos années romantiques ont été bercées par les Go-Betweens, quatuor à l'écriture exigeante et  à l'équilibre parfait. Non seulement en ce qui concerne le genre (deux femmes, deux hommes, tous indispensables) mais aussi au niveau du dosage acoustique/électrique, entre l'inspiration champêtre et les solitudes urbaines, et aussi sur la répartition des compositions entre Grant McLennan et Robert Forster, deux songwriters aux inspirations complémentaires.  
Du coup, envisager des carrières solo semblait risqué. On se disait qu'il manquerait quelque chose. On avait tort. Grant McLennan publiera 4 albums assez inégaux au niveau de la production mais très attachants. Forster démarre en 1990 avec ce faussement vintage Danger in the past qui bénéficie de deux guitaristes des Bad Seeds : Hugo Race et surtout Mick Harvey qui assure aussi la production. Les chansons y sont solides, l'ironie est de mise, sans perdre ce vieux fond sentimental qui a couru sur toute la carrière de l'homme dont la voix, toujours à la limite de la justesse, finit toujours par emporter le morceau. 
McLennan est mort en 2006, peu de temps après une re-formation des Go-Betweens (pour une fois réussie). Le dernier album de Forster, The Evangelist, date de 2008. Il a tourné en Europe en 2012.    

NINO FERRER Vomitation

NINO FERRER 
Nino and Radiah

Label : CBS
Année : 1974
Face A : 
South - Moses - Vomitation - Hot Toddy
Face B : 
Mint Julep - The Garden- Looking For You - New York  
Genre : French Hippie Rock
6ème morceau de L'inventaire n°12 : Vomitation

L'album anglophone de Nino Ferrer qui, jamais à un paradoxe près, enregistre South (Le Sud, la version française sortira un an plus tard et fera le carton que l'on sait) à Londres et tout les autres morceaux... à Paris. 
A part ça, et même si Manu Dibango n'est plus son arrangeur et vole de ses propres ailes, il produit là un album plein de funk et d'humour. Derrière Nino Ferrer, le groupe ICE, sept américains basés à Paris spécialisés dans le disco-funk, très prisés des DJ pour leurs albums sous le nom du Lafayette Afro Rock Band, se lâchent tout particulièrement sur Hot Toddy (8 min30) et New York (5min). Vomitation, quant à lui, parle de haricots blancs, de masturbation et de vomi.
Pour ceux qui l'ignoreraient encore, la madame à côté de Nino s'appelle Radiah Frye et c'est la maman de Mia Frye. Elle est créditée pour ses vocaux et sa sympathie. Comme quoi, elle n'a pas fait que des conneries dans sa vie...



HAITIAN ORCHESTRA Sous Les Palmiers

JAZZ AND HOT DANCE IN MARTINIQUE 1929-1950
(Compilation)
Label : Harlequin
Année : 1985 
Face A  :
L'Orchestre Antillais : Serpent Maigre / Mussieu Dollar - Orchestre E. Léardée Du Celèbre Bal Colonial De La Rue Blomet : La Belle Amélie - Orchestre Créol's Band : Ninon / Taint No Sin - Notte And His Creol Band De La Coupole Montparnasse : En Bas Caille La / I've Found A Wonderful Girl - Salnave And His Band : Brown Love
Face B :
Jazz Sam Castandet : Sweet Georgia Brown - Haitian Orchestra : Sous Les Palmiers - Fredy Jumbo Et Son Orchestre : Swing 42 - Jean Ferret Et Son Orchstre : Swing Guitars - Harry Cooper Et Son Orchestre : Nuages - Ensemble Swing Du Hot Club : Georgina - Jam Session No.6 : China Boy - Orchestre Del's Jazz Biguine : La Figuie
Genre : Jazz des îles
5ème morceau de L'inventaire n°12 : Sous les palmiers

Sans être passéiste, ni fétichiste comme le dessinateur Robert Crumb qui ne jure que par les 78 tours, il est toujours bluffant de découvrir à quel point les premiers enregistrements d'un genre ou d'une école musicale gardent leur fraîcheur et cristallisent un moment essentiel de la musique. 
Cette compilation est le neuvième volume d'une série consacrée au jazz à travers le monde (de Finlande à l'Australie) et regroupe des combos Antillais, Martiniquais, Guadeloupéens, Haïtiens, etc... 
On y danse la biguine, on y chante plutôt en créole, et l'instrumentation accueille volontiers banjo, clarinette et violon. Sous les palmiers est un morceau signé Sidney Bechet. Il n'a jamais autant swingué.

COWBOY JUNKIES Sweet Jane

COWBOY JUNKIES
The Trinity Session

Label : RCA Victor
Année : 1988
Face A : 
Mining For Gold - Misguided Angel - I Don't Get It - I'm So Lonesome I Could Cry - To Love Is To Bury
Face B :
200 More Miles - Dreaming My Dreams With You - Sweet Jane - Postcard Blues - Walking After Midnight
Genre : Spiritual Rock
4ème morceau de L'inventaire n°12 : Sweet Jane

Cowboy Junkies est à ranger parmi les drogues douces. Les Canadiens,révélés au monde à la fin des années 80 avec ce deuxième album enregistré en une seule journée dans une église, ont inventé une espèce de rock lent mystique et nocturne, qu'il est bon d'oublier de temps en temps pour le ressortir les soirs de grand froid en plein hiver. 
Beaucoup de reprises dans leur discographie, mais ça n'a pas grande importance : à l'image du Sweet Jane choisi pour ce mix, les Cowboy Junkies se réapproprient les chansons allant même, dans ce cas précis, jusqu'à s'inspirer d'une version méconnue au tempo plus lent, plus adapté à leur mélancolie, que Lou Reed adoubera en la traitant de "meilleure et plus authentique version jamais entendue". 
Sans faire de vague ni changer fondamentalement de style, le groupe fêtera bientôt trente ans de carrière avec une grosse vingtaine d'albums studio. Ils tournent beaucoup au Canada. Si vous n'y habitez pas, vous pouvez toujours suivre leur journal de tournée sur leur site.

THE SWEET The Juicer

THE SWEET & THE PIPKINS
(Split album)

Label : Music For Pleasure
Année : 1974
Face A (The Sweet) : 
The Lollipop Man – Time – All You'll Ever Get From Me – The Juicer – Get On The Line – Mr McGallagher
Face B (The Pipkins) : 
Gimme Dat Ding – Yakety Yak - The People That You Wanna Phone Ya – My Baby Loves Lovin'– Busy Line – Sunny Honey Girl
Genre : Metal Glam
3ème morceau de L'inventaire n°12 : The Juicer

Sur la face A, les premiers enregistrements de The Sweet, quatuor anglais surgi à la fin des années 60, qui allait vite opter pour le Métal qui tâche avec l'album Sweet Fanny Adams
Ce split album, sorti en France et en Allemagne, dévoile un groupe qui se cherche, entre une pop sixties un peu niaise mais bien rythmée et quelques morceaux plus électriques influencés par Led Zep'. C'est le cas de The Juicer : bon riff, bon groove, bon solo, bono vox. 
On retiendra aussi cette pochette mirifique : quatre têtes de winners chevelus, taillés pour passer au Top of the Pop de l'époque, ou bien pour débarquer sur L'île aux Enfants... Looks et vêtements qui résonnent d'ailleurs avec celle du Teenage Filmstars qui ouvre ce 12ème mix.
A part ça, sur la face B, The Pipkins, un insupportable duo musico-rigolo dont on se demande bien pourquoi ils ont été associés à nos adorables chevelus.

SILOS All Falls Away

SILOS
Cuba

Label : Record Collect
Année : 1987
Face A : 
Tennessee Fire - She Lives Up The Street - For Always - Margaret - Mary's Getting Married 
Face B :
Memories - Just This Morning - Going Round - It's Alright - All Falls Away 

Genre : Pop Havano-New-yorkaise
2ème morceau de L'inventaire n°12 : All Falls Away

Les Silos, chouchoutés par le gratin de la pop indépendante et la critique américaine des années 80 (le très influent magazine Rolling Stones les déclare "meilleur nouveau groupe américain" en 87, année de sortie de cet album Cuba) sont très peu connus en France. 
Leurs compositions pop-rock peuvent rappeler le Velvet Underground ou les Modern Lovers, avec en plus un goût prononcé pour les sons acoustiques qui leur donnent parfois un accent country. La voix du compositeur et leader du groupe Walter-Salas Humara, un peu plaintive, un peu trainante, si elle ne fait pas l'unanimité, donne une couleur très singulière à des chansons à priori assez basiques. Fils d'immigrés cubains, il n'hésite pas à inclure dans ses textes des passages en langue espagnole. C'est le cas dans All Falls Away, morceau lancinant, relancé par un pont musical exécuté au violon électrique par Mary Rowell, membre occasionnel du groupe qui a participé à un nombre impressionnant d'aventures musicales, aussi à l'aise chez Joe Jackson ou Sheryl Crow qu'avec le saxophoniste de jazz contemporain Steve Coleman.
Walter-Salas Humara, quant à lui mène une double carrière de peintre et musicien, il continue à se produire en solo ou avec les Silos, mais ses tournées ne passent toujours pas par la France...


TEENAGE FILMSTARS Moon

TEENAGE FILMSTARS
Star

Label : Creation
Année : 1992
Face A :
Kiss Me - Loving - Inner Space - Apple - Flashes - Kaleidoscope
Face B :
Vibrations - Soulful - Hallucinations - Moon
Genre : Very Noisy & Psychedelic Pop
1er morceau de L'inventaire n° 12 : Moon

Avant Oasis, le label Creation signait des tas de groupes intéressants, dont les mythiques My Bloody Valentine, architectes du bruit et de l'électricité sous la domination de Kevin Shields, guitariste obsessionnel ayant une fâcheuse tendance à la procrastination. Ainsi s'est écrite la légende de l'album fantôme, celui qui devait suivre l'immense Loveless, sorti en 1991 et qui aura finalement un successeur... 22 ans plus tard (l'album MBV, auto-produit, vient de sortir). 
Dans l'entremise, tous les fans qui attendaient désespérément auraient mieux fait de s'intéresser à une autre production Creation, les très étranges et méconnus Teenage Filmstars dont l'album Star, sorti un an après Loveless, lui ressemble comme un cousin de province. Pourtant, l'histoire des Teenage Filmstars remonte bien avant celle de MBV, en 79, à la sortie du punk, avec un single intitulé There's a cloud over Liverpool. Un an plus tard, après leur troisième 45t au titre mirifique de I helped Patrick McGoohan escape, ils disparaissent pour douze ans (décidément !) pour refaire surface en 92 avec cet album, Star. On y entend très peu de chant et quand il y en a il est souvent noyé sous des couches de guitares au sonorités saturées et/ou bizarroïdes. Le disque vous passe un peu les oreilles au papier de verre mais il a aussi des vertus fortement hallucinogènes. Je l'ai acheté par hasard, sur un stand de disquaire dans un Festival en Espagne. Je l'ai pris au feeling, pour sa pochette peut-être. Je ne l'ai jamais regretté...