lundi 19 mai 2014

Inventaire numéro 25 - Back From London (With A Vengeance)


GIL SCOTT-HERON No Knock

GIL SCOTT-HERON
The Revolution Will Not Be Televised

Label : Flying Dutchman (Ré : BMG)
Année : 1974
A1 The Revolution Will Not Be Televised
A2 Sex Education: Ghetto Style
A3 The Get Out Of The Ghetto Blues
A4 No Knock
A5 Lady Day And John Coltrane
A6 Pieces Of A Man
B1 Home Is Where The Hatred Is
B2 Brother
B3 Save The Children
B4 Whitey On The Moon
B5 Did You Hear What They Said?

Genre : Soul Jazz Rap & Slam
9° morceau de L'inventaire 25 :No Knock

On a déjà dit dans ce blog tout le bien qu'on pensait de Gil Scott-Heron à propos d'un extrait de son ultime album, réveil inespéré d'un artiste majeur qui a connu une période particulièrement sombre dans les années 90.
S'il faudra un jour revenir sur ses trois albums des années 80 où il adopte une espèce de jazz funk sophistiqué qui le coupera d'une partie de son public, les années 70 sont en revanche revendiquées comme influence et source de sons par plusieurs générations de rappeurs, slameurs et autres bricoleurs de groove électronique. Plus largement, plus simplement, Gil Scott-Héron est un de ces artistes qu'on n'en finit plus de redécouvrir, difficile à ranger dans une catégorie musicale, impossible à prendre à la légère.
Cet album-compilation sorti en 1974 chez Flying Dutchman est une espèce de résumé de ses trois premiers albums. Il constitue une parfaite introduction à ce rare mélange de rythme, de conscience politique et de poésie, où se côtoient les déclamations sur fond de percussions et les morceaux plus arrangés, voire carrément funky. Toujours bien entouré, Gil Scott-Héron rassemble sur ce disque, outre Brian Jackson, son éternel complice aux claviers et à la flute, des pointures comme Bernard Purdie et Ron Carter.
En Angleterre, on trouve aujourd'hui la réédition de cet album essentiel à moins de 10 livres. C'est le moment d'appeler votre correspondant à Londres... 

D.D. DENIS, PAT RODHEN & BROTHER LLOYD's ALL STARS Tramp

D.D. DENIS, PAT RODHEN & BROTHER LLOYD's ALL STARS
Rock Steady Hits Of 69

Label : Fontana
Année : 1969
A1 D.D. Dennis : Cupid
A2 Pat Rhoden : Got To Get You Off My Mind
A3 Pat Rhoden & Lloyd Campbell : Ride Your Donkey
A4 Lloyd Campbell : Long Shot    
A5 Pat Rhoden : Place In The Sun
A6 D.D. Dennis : Hush
B1 D.D. Dennis : Hold Me Tight   
B2 Lloyd Campbell : Rough Rider
B3 Lloyd Campbell : Feel The Rhythm
B4 Pat Rhoden : Baby Why
B5 Brother Lloyd's All Stars : Tramp (Instrumental)
B6 D.D. Dennis : I'm In A Dancing Mood

Genre : Pop-Rock Steady - 8° morceau de L'inventaire 25 : Tramp (Instrumental)


L’œil est attiré par l'association bien visible en gros sur la pochette du genre (Rock Steady) et de l'année (1969) qui vont généralement bien ensemble. A priori on n'hésite pas, surtout quand on est à Londres et que le disque est dans les bacs à 1£. Pour des raisons historiques évidentes, l'Angleterre est devenue la passerelle européenne de la musique jamaïcaine. Valorisés par des groupes comme The Specials ou The Clash à la fin des années 70, des trésors plus ou moins connus de ska et rock steady, enregistrés avant le ramollissement reggae, trainent depuis dans les bacs et greniers du pays. 
Malheureusement ce rassemblement de trois chanteurs accompagnés d'un groupe fantôme (aucun détail sur le disque à propos du "All Stars" de Lloyd Campbell) n'est pas des plus convaincants. La production et les arrangements aplatissent le rythme et les mélodies, la plupart des compositions ne laissent pas un goût impérissable. 
L'acharnement finira cependant par payer, la deuxième face se clôturant sur deux bonnes surprises :  Tramp, l'excellent instrumental choisi pour ce mix, et le bien nommé I'm in a dancing mood chanté par D.D. Dennis, une composition de Delroy Wilson, compositeur et chanteur qu'on a, en revanche, rarement pris en défaut de médiocrité.

COCKNEY REJECTS Police Car

COCKNEY REJECTS
Greatest Hits Vol. 1

Label : EMI
Année : 1980
A1 I'm Not A Fool
A2 Headbanger    
A3 Bad Man  

A4 Fighting In The Streets    
A5 Shitter     

A6 Here They Come Again    
A7 Join The Rejects  

B1 East End
B2 New Song
B3 Police Car
B4 Someone Like You
B5 (They're Gonna) Put Me Away
B6 Are You Ready To Ruck 
B7 Where The Hell Is Babylon?  
Genre : Punk Oï
7¨morceau de L'inventaire 25 : Police Car

Cockney Rejects : le groupe a côté duquel les Sex Pistols ressemblent aux Beach Boys
Le rapprochement s'impose d'ailleurs, ne serait que par le design de la pochette qui rappelle clairement celui du seul véritable album des superstars du punk : Never Mind The Bollocks, Mais aussi, et surtout, parce que la signature tardive (en 79 : le punk est en voie de passer de "No Future" à "No Present") des furieux de l'East End londonien par le label EMI ressemble fort à une pathétique vengeance, les Pistols leur ayant échappé pour signer chez Virgin.
En dehors de ces considérations mercantiles, qui ont d'emblée dévoyé un mouvement musical qui se voulait libertaire, Cockney Rejects est l'exemple parfait de ce qu'on n'allait pas tarder à appeler le "Oi!". Ils seraient même à l'origine du terme, piqué par un journaliste à la chanson Oi Oi Oi qui figure sur leur deuxième album. Le style, primitif et radical, concerne des groupes revendiquant leur identité ouvrière, rassemblant les punks à crêtes et les skinheads, avec un fort risque de dérapage vers le racisme et les idées nazifiantes. 
Les Cockney Rejects, malgré une certaine violence et un goût ostensible pour le hooliganisme, se sont toujours moqué de l'extrême droite anglaise et rejetaient toute accusation de racisme. Leurs paroles parlent essentiellement de bastons urbaines et de marginalité, avec un accent à couper au couteau, même quand Jeff "Stinky" Turner les hurle dans son micro pourri. Les morceaux sont courts et bourrins. La production est inexistante. Les premiers albums s'appellent tous "Greatest Hits", y compris le troisième qui est un live. Tout se ressemble un petit peu.
N'empêche qu'en ces temps de surproduction numérique, où les groupes qui se prétendent "brut" sonnent toujours trop propres (mais non, j'ai pas cité les Black Keys...), poser son vieux Cockney crapoteux sur la platine rappelle immédiatement que le rock s'écoute fort, debout et sans bouchons dans les oreilles...

GEORGE BENSON I Want You (She's So Heavy)

GEORGE BENSON
The Other Side Of Abbey Road

Label : CTI
Année : 1970
A1 Golden Slumbers
A2 You Never Give Me Your Money
A3 Because / Come Together
A4 Oh! Darling
B1 Here Comes The Sun
B2 I Want You (She's So Heavy)
B3 Something / Octopus's Garden
B4 The End 


Genre : Groovy Jazz
6° morceau de L'inventaire 25 : I Want You (She's So Heavy)

Guitariste virtuose qui fit tout d'abord ses classes aux côtés de l'organiste "Brother" Jack McDuff, George Benson est souvent regardé comme un marchand de soupe par les jazzeux. Si sa discographie est effectivement parcourue d'encombrantes ballades sirupeuses et de morceaux qu'on n'hésiterait pas à balancer en musique de fond d'un restaurant ou d'un supermarché, il serait plutôt avisé de détailler le contenu de chaque album, notamment ceux des années 70 pour le label sophistiqué de Creed Taylor : CTI.
Essentiellement constitués de reprises : 10 albums avec la crème des musiciens du label et quelques invités exceptionnels, enregistrés magistralement par l'ingénieur du son préféré de Coltrane, Rudy Van Gelder, recelant tous quelques perles de rare groove, que les D.J. ont abondamment samplés et recyclés depuis.
Ici, 9 morceaux des Beatles entièrement réarrangés et combinés par un Benson particulièrement inspiré, qui laisse toute la place aux invités pour s'exprimer. Parmi eux Herbie Hancock, Ray Barretto, Freddie Hubbard... Ca plane très haut, en particulier sur cette version démentielle d'I Want You choisie pour notre Inventaire.

THE MUSIC MACHINE Come On In

THE MUSIC MACHINE
Turn On

Label : Big Beat Records
Année : 1966 (Ré: 1983)
A1 Talk Talk
A2 Trouble
A3 Cherry Cherry
A4 Taxman
A5 Some Other Drum
A6 Masculine Intuition
B1 The People In Me
B2 See See Rider
B3 Wrong
B4 96 Tears
B5 Come On In
B6 Hey Joe

Genre : Garage Rock
5° morceau de L'inventaire 25 : Come On In

Lors de la découverte tardive de leur unique tube (Talk Talk), ils avaient été bombardés ici-même secret le mieux gardé des sixties. Impression confirmée maintenant que nous avons mis la main sur leur premier et seul véritable album (le second sort en 1968 sous le nom de The Bonniwell Music Machine, le groupe ayant implosé très vite, laissant seul son leader Sean Bonniwell tenter -en vain- de redresser la barre).
Turn On sort donc en 1966 sur le label Original Sound et affiche un équilibre parfait, malgré ses cinq reprises imposées par la maison de disque. La production est rugueuse, le sont acéré, le tout au service d'une enfilade de morceaux courts et cinglants. Leur reprise du Taxman des Beatles est juste un peu plus sensuelle que l'original. Leur version d'Hey Joe ressemble curieusement à celle que Love réalise pour leur premier album la même année. Une coïncidence d'autant plus troublante que les deux groupes émergent au même moment de la jeune scène psychédélique de Los Angeles ... Il n'y a guère que 96 Tears qui n'ajoute rien de notable à l'original de ? and the Mysterians
Mais c'est évidemment dans les compositions que Bonniwell donne toute sa mesure. Nos seulement avec ses instantanés de rock sauvage, mais aussi dans ses morceaux plus calmes, comme l'énigmatique Come On In, placé au beau milieu de cet Inventaire numéro 25
En plus de cet indéniable talent, avec leurs coupes au bol, leurs cols roulés noirs et ce mythique gant de cuir que Bonniwell semblait porter à la main droite, les Music Machine avaient la gueule, l'attitude et juste ce qu'il faut d'ironie pour devenir un groupe de premier plan. Ils ont certainement manqué de chance... N'empêche : Turn On sonne encore 50 ans plus tard comme un idéal de disque rock, nerveux et sexy.

COLDCUT Timber

COLDCUT
Let Us Play

Label : Ninja Tune
Année : 1997
A1 Return To Margin
A2 Atomic Moog 2000 (Post Nuclear Afterlife Lounge Mix)
A3 Noah's Toilet
B1 More Beats + Pieces (Daddy Rips It Up Mix - Max Chop)
B2 Rubaiyat
B3 Pan Opticon
C1 Music For No Musicians
C2 Space Journey   
C3 Timber
D1 Every Home A Prision
D2 Cloned Again
D3 I'm Wild About That Thing (The Lost Sex Tapes: Position 1)

Genre : Electro bidouille - 4° morceau de L'inventaire 25 : Timber

Let Us Play est un peu à l'électro ce que furent Revolver à la pop ou 3 Feet High And Rising au hip hop : un album d'expérimentations ludiques et inspirées qui débouche sur une musique inouïe qu'on adopte instantanément. 10 ans plus tôt, les deux gars sont des producteurs de dance music qui décrochent la timbale avec l'album Wanted de Yazz, chanteuse peroxydée qui enflamme les dancefloors alors en pleine révolution électronique. 
Sans jamais renier cet aspect commercial de leur carrière, Jonathan More et Matt Black sentent qu'il y a encore des terres à défricher juste là : à la croisée du hip hop, de la dance music et des nouveaux outils électroniques qu'ils abordent comme autant de jouets. Ils créent leur label, Ninja Tune, qui hébergera la fine fleur des nouveaux bidouilleurs anglais (DJ Vadim, The Herbalizer,Amon Tobin ou encore le rappeur classieux Roots Manuva) et qui leur permettra d'expérimenter en toute liberté.
Let Us Play s'avère au final un véritable manifeste, celui d'une génération qui a commencé par dire "Fuck art, let's dance !" puis s'est ravisée pour finalement réconcilier les deux. Non content d'exceller dans le mix des sonorités les plus hétéroclites, le duo rassemble des invités venus évidemment de l'électro, mais aussi d'horizons plus inattendus comme le punk engagé et enragé Jello Biafra ou le funky drummer Bernard Purdie. Un album idéal qui peut aussi bien s'embarquer en boîte que s'écouter à la maison...
Parmi les grands moments de cette débauche sonore, Timber est une espèce de plaidoyer contre la déforestation qui réussit à faire groover les tronçonneuses. Non content d'avoir inventé l'électro politique, les Coldcut réussissent à y insuffler une bonne dose d'humour, comme on peut le vérifier sur le clip d'époque.

On peut se désoler que la version double vinyle compte une dizaine de morceaux de moins que le cd. On se console vite en constatant que ceux-ci sont essentiellement des remixes et, surtout, que la pochette en version grand format a quand-même de la gueule.


THE UNDERTONES There Goes Norman

THE UNDERTONES
Hypnotised

Label : Sire Records
Année : 1980
A1 More Songs About Chocolate And Girls
A2 There Goes Norman
A3 Hypnotised
A4 See That Girl
A5 Whizz Kids
A6 Under The Boardwalk
A7 The Way Girls Talk
A8 Hard Luck
B1 My Perfect Cousin
B2 Boys Will Be Boys
B3 Tearproof
B4 Wednesday Week
B5 Nine Times Out Of Ten
B6 Girls That Don't Talk
B7 What's With Terry?
Genre : Punk pop

3° morceau de L'inventaire 25 : There Goes Norman

Ils sont entrés dans la légende grace à John Peel qui a décrété que leur premier single, Teenage Kicks, était le meilleur morceau de tout les temps et en a choisi un extrait comme épitaphe. Apparus en même temps que le punk, les Undertones en avaient le son et la simplicité. Les Clash ne s'y sont pas trompés en les embarquant pour assurer la première partie de leur tournée américaine en 79. Mais leur trajectoire autonome et leur absence totale d'attitude provocante les détachent nettement du mouvement. 
Les Undertones sont à l'origine cinq braves gars venus du même quartier de Derry, en Irlande du Nord, dotés d'un sens redoutable de la mélodie, à l'écriture simple mais aboutie, sublimée par la voix incomparable de Feargal Sharkey dont le charisme scénique fit certainement beaucoup pour la renommée du groupe. Pourtant il ne jouait d'aucun instrument et n'écrivait rien, les morceaux du groupe étant dus aux frères O'Neil, qui tenaient les guitares et les fondations de la maison. L'un des facteurs de la fin des Undertones, en 1983, sera justement la scission entre le chanteur et les quatre autres membres fondateurs, beaucoup plus soudés dès l'origine du groupe. 
Restent quatre albums et un paquet de singles redoutables. Une discographie et un parcours exemplaires, à ranger juste à côté de The Jam et The Smiths.

Devenus objets d'un culte, ils se sont bien sûrs reformés, mais sans Feargal Sharkey qui ne semble avoir aucun goût pour la nostalgie. 
A l'heure où j'écris ses lignes, ils tournent en Europe. 
Ils jouaient hier dans ma ville... Je n'ai pas eu le courage d'aller les voir.

RAY BARRETTO Thunderball

RAY BARRETTO
Señor 007 

Label : West Side Latino Records (United Artists)
Année : 1965
Année :
A1 Mister Kiss Kiss Bang Bang
A2 Search For Vulcan
A3 Jamaica Jump Up
A4 Thunderball
A5 From Russia With Love
B1 I Wanna Be A James Bond Girl
B2 007
B3 Underneath The Mango Tree
B4 The James Bond Theme
B5 Goldfinger
2° morceau de L'inventaire 25 : Thunderball

Ce n'est ni le meilleur album de Ray Barretto, ni le meilleur album de reprises de musiques de James Bond (et il en existe une tripotée !) 
Mais cet objet d'obédience purement commerciale sera la parfaite bande son de vos cocktails d'été. 
Latinisant les thèmes signés par John Barry et Monty Norman pour les quatre premier titres de la franchise (Dr No, From Russia With Love, Goldfinger et Thunderball), le percussionniste déroule un easy listening plein de sève et de couleurs, suffisamment groovy pour ne pas sombrer dans l'excès de kitch. Grosses basses, riffs de cuivres et, bien sûr, percussions brésiliennes obligatoires (même si Raymond Barretto est un new-yorkais pur jus). 
Un seul titre, I Wanna Be A James Bond Girl, n'est tiré d'aucun film et semble avoir été écrit pour la circonstance par le tandem Holmes/Sherman, auteur et compositeurs ayant abondamment donné dans la musique décorative de l'époque.
Bien sûr, on pouvait s'attendre à un peu plus d'audace de la part de l'orchestre de Ray Barretto, la plupart des titres restant carrément sages dans les parties d'improvisations. N'empêche qu'avec les beaux jours, en bonne compagnie, avec un Martini Dry bien frais...   

Note : La réédition de West Side Latino Records a les ronds centraux inversés sur le disque (l'étiquette face A est collée du côté B et vice versa). Résultat : certaines vidéos en ligne affichent des titres ne correspondant pas aux morceaux. Comme quoi, faut toujours se méfier des infos qui circulent sur le net.


PUBLIC ENEMY Lost At Birth

PUBLIC ENEMY
Apocalypse 91...The Enemy Strikes Black

Label : Def Jam
Année : 1991
A1 Lost At Birth
A2 Rebirth
A3 Nighttrain
A4 Can't Truss It
B1 I Don't Wanna Be Called Yo Niga
B2 How To Kill A Radio Consultant
B3 By The Time I Get To Arizona
C1 Enemy Move!
C2 1 Million Bottlebags
C3 More News At 11
D1 Shut Em Down
D2 A Letter To The New York Post
D3 Get The F... Outta Dodge
D4 Bring Tha Noize

Genre : Hip Hop Good School
1° morceau de L'inventaire 25 : Lost At Birth

La carrière et la discographie de Public Enemy, immense groupe de la deuxième génération du rap qui l'a élevé à son plus haut niveau, ont déjà été largement commentés. La profusion sonore et verbale du collectif, ce mélange de beats dévastateurs, de métaphores à tiroirs, de samples superposés sur les débits arrogant et surpuissant de Chuck D et Flavor Flav, ont non seulement révolutionné le hip hop, mais ont aussi donné le même genre de gifle à toute la musique pop/rock que la déferlante punk une décennie plus tôt. 
Reste que cet album, Apocalypse 91..., le quatrième de leur discographie (moins d'un an après l'album de platine Fear of A Black Planet) et leur dernier grand succès, est aussi celui des premières remises en question. Professor Griff a beau avoir été écarté du collectif pour cause de dérapages antisémites, Public Enemy ne semble pas pour autant s'adoucir ni éviter les sujets polémiques. Par contre, l'ironie se fait plus sombre, Flavor Flav joue moins les histrions, le ton se durcit. En témoignent le remake de Bring Tha Noize avec le groupe de hardcore Anthrax et la réponse éloquente qui clôt le morceau More News At 11 : "What's the future of Public Enemy ? None of your god damn business !!!". Malgré le succès, on sent qu'un certain pessimisme est en train de l'emporter au sein du groupe. Après ça, on n'entendra d'ailleurs beaucoup moins parler d'eux, malgré Greatest Misses en 92, album certes rempli de remixes, mais toujours aussi puissant et addictif.