dimanche 23 septembre 2012

Inventaire numéro 6 : Groovy, punky, jazzy...

Le Brésil, le Japon, New-York et l'Amérique profonde...en 30 minutes.






THAD JONES & MEL LEWIS Ahunk Ahunk

THAD JONES & MEL LEWIS
Consummation

Label : Blue Note
Année : 1970
Face A : Dedication - It Only Happens Every Time - Tiptoe - A Child Is Born - Us
Face B : Ahunk Ahunk - Fingers - Consummation
Genre : Jazz arrangé
8ème morceau de L'inventaire n°6 : Ahunk Ahunk

Dans le monde du jazz, Thad Jones est moins connu que son frère Hank Jones (piano) ou Elvin Jones (batterie). Il joue de la trompette, mais, dans le monde des trompettistes il est moins connu que Miles Davis, Louis Armstrong, Dizzy Gillespie, Chet Baker, Freddie Hubard ou Maurice André.
Et pourtant il est bon. 
Avec son copain Mel Lewis à la batterie, ils ont enregistré une tripotée d'albums, dont celui-ci, sur lequel il y a aussi plein de sax, du tuba, de la basse, de la guitare, de la flûte, du bugle et même du french horn. Et comme ça a été enregistré dans les années 70, y'a pas mal de groove aussi, et des arrangements qui font penser à Lalo Schifrin, ou bien au Gil Evans de Out of the cool.
Bref, c'est un chouette album, avec, en plus, une pochette due au peintre Leo Meirsdorff (parfois ça s'écrit avec un seul "f") qui a renouvelé le style des belles pochettes du label Blue Note avec ses personnages pleins de mouvement.
Bon, la mienne a un peu morflé mais quand-même, ça pète, non ?

ROBBIE ROBERTSON Somewhere down the crazy river

ROBBIE ROBERTSON

Label : Geffen Records
Année : 1987
Face A : Fallen Angel - Showdown At Big Sky - Broken Arrow - Sweet Fire Of Love
Face B : American Roulette - Somewhere Down The Crazy River - Hell's Half Acre - Sonny Got Caught In The Moonlight - Testimony

Genre : Deep in the heart of America
7ème morceau de L'inventaire n°6 : Somewhere down the crazy river.

Robbie Robertson fut le guitariste du groupe The Band qui accompagna, entre autres, Dylan dans sa période électrique des années 70. Pour plus d'informations sur The Band, visionner le film The Last Waltz de Martin Scorsese qui restitue le dernier concert du groupe avec beaucoup d'intensité. Depuis les années 80, outre ses collaborations aux albums des autres, Robbie Robertson a sorti avec parcimonie des albums sous son nom, cinq au total, celui-ci constituant le vrai premier projet solo après une collaboration avec le compositeur de bandes originales de films Alex North. Et, comme il fait déjà partie de la légende, on se presse au portillon pour l'aider à accoucher de cet album composé très simplement de 9 bonnes chansons dans la grande tradition rock américaine. En gros la famille U2 et la famille Peter Gabriel se partagent les participations avec, pour aider Robbie à la production, Daniel Lanois, l'homme qui redonne un peu de chaleur aux années 80. 
Ça n'empêche pas certains morceaux de sonner un peu datés, en particulier le Testimony qui clôt l'album, bouffé par un Bono au bord de l'auto-caricature.N'empêche : l'album tient la distance et recèle quelques belles pièces, comme ce Somewhere Down The Crazy River qui sent le bourbon boisé au fond d'un vieux Bar, quelque part dans le Bayou... 

MICKY ANDERSON Y SU ORQUESTA Aizu Bandaisan

MICKY ANDERSON y su orquesta
Temas Del Japon

Mabem : Dim Record
Année : 196?
Face A : Awa Adori - Chakiri Bushi - Aizu Bandaisan - Yosakai Bushi - Hietsuki Bushi - Yagi Bushi - Soran Bushi
Face B : Kusatmoto Bushi - Saitaro Bushi - Hanagasa Odori - Hokkai Bon uta - Kiso Bushi - Yasuki Bushi - Sado Okesa
Genre : Japanese Surf Music 
6ème morceau de L'inventaire numéro 6 : Aizu Bandaisan


Dans la grande nébuleuse des mystères discographiques en voila un de taille. Inutile de googeliser le nom de Micky Anderson : je l'ai fait pour vous, ça ne donne pas grand chose. Cet album, acheté au feeling (et à la pochette) à Madrid voici une bonne quinzaine d'années, n'a pas depuis livré beaucoup de ses secrets. Il est constitué de 14 instrumentaux où domine une guitare que n'aurait pas renié Link Wray ou Dick Dale, devant un grand orchestre dont les percussions évoquent parfois les grandes heures du péplum et d'autres fois les groupes instrumentaux sixties qu'on affectionne ici, type The Ventures (cf : L'Inventaire n°1). L'album a donc été édité en Espagne, mais apparemment sous franchise du label Crown, spécialisé dans les disques de musiques instrumentales exécutées par de parfaits inconnus.
On doit aussi à Micky Anderson et son orchestre un "Oriental Rock" ce qui laisse à penser qu'il était soit très friand d'exotisme, soit originaire d'un des pays du soleil levant. Hypothèse que son nom infirmerait, mais que la liste des titres de cet album, à forte consonance japonaise, confirmerait. 
Bref, si vous en savez plus, faites-moi signe !

THE UNDISPUTED TRUTH Poontang

THE UNDISPUTED TRUTH 
Higher than high
Label : Gordy/Motown
Année : 1975
Face A : Higher Than High - Poontang - Life Ain't So Easy - Boogie Bump Boogie
Face B : Help Yourself - I'm In The Red Zone - Overload - I Saw You When You Met Her - Ma
Genre : Groovy Baby
5ème morceau de L'inventaire n°6 : Poontang

Norman Whitfield composait et produisait pour la Motown. Il est en grande partie responsable du virage funky des Temptations qui sont passés de la pop délicieuse de Smokey Robinson à Papa Was A Rolling Stones d'un coup, d'un seul ! Cependant, fatigué par les problèmes d'ego des superstars du groupe (et apparemment un peu autoritaire lui-même) il s'est fabriqué son propre jouet, The Undisputed Truth, un groupe corvéable à merci, disposé à  interpréter tous ses délires, ses ambitieux morceaux de funk orchestraux où la machine à danser ouvrait souvent sur de longues plages instrumentales. Sans le savoir, Norman Whitfield inventait avant l'heure les morceaux parfaits pour le format maxi 45t.
Si au départ le groupe jouait à peu près la même chose que les Temptations, ils sont là en pleine période synthétique et se rapprochent du funk futuriste et bordélique de Sly & The Family Stones ou du Funkadelic de George Clinton.
Quand au titre Poontang, si mes sources sont exactes, c'est de l'argot misogyne, dérivé du français via la Nouvelle-Orléans, qui veut dire... "Putain".

RICHARD HELL and The VOIDOIDS Staring in her eyes

RICHARD HELL and The VOIDOIDS 
Destiny Street

Label : Red Star Records
Année : 1982

Face A : The Kid With The Replaceable Head - You Gotta Move - Going Going Gone - Lowest Common Dominator - Downtown At Dawn     
Face B : Time - I Can Only Give You Everything - Ignore That Door - Staring In Her Eyes - Destiny Street 
Genre : Punk's not dead
4ème morceau de L'inventaire n°6 : Staring In Her Eyes

Cinq ans séparent Blank Generation, cri primal du punk américain, de ce second album de Richard Hell et ses Voidoids. Dans l'intervalle, le mouvement s'est déplacé en Angleterre, la plupart des groupes américains fondateurs du genre se débattent avec l'échec, la drogue ou les problèmes d'ego, à l'exception de Blondie qui est devenu un énorme groupe de pop musique. Du coup Destiny Street passe un peu inaperçu lorsqu'il débarque en pleine New Wave, sinon pour quelques accros au new-yorkais hirsute. Richard Hell a toujours ce timbre plaintif, ce chant un peu faux mais très touchant, et ses chansons et son groupe sont toujours aussi bons. Pas de clavier ni de cette production synthétique typique des années 80, c'est brut ! En fait, l'album aurait aussi bien pu sortir en 1977, ou le mois dernier...
Par une curieuse ironie du sort, la réédition vinyle se trouve facilement alors que le CD, épuisé, est devenu un collector. A part ça, Richard Hell a crée un site voilà plus de dix ans, dans lequel il raconte sa vie dans le désordre le plus total : richardhell.com

ASTRUD GILBERTO & WALTER WANDERLEY Nega

ASTRUD GILBERTO & WALTER WANDERLEY
A Certain Smile A Certain Sadness

Label : Verve Records
Année : 1966
Face A : A Certain Smile - A Certain Sadness - Nega - So Nice (Summer Samba) - Vocé Ja Foi Bahia - Portugese Washerwoman
Face B : Goodbye Sadness (Tristeza) - Call Me - Here's That Rainy Day - Tu Me Delirio - It's A Lovely Day Today 
Genre : Brazilian Pop
3ème morceau de L'inventaire n°6 : Nega

La légende tient à peu de choses : Astrud Gilberto était l'épouse de Joao Gilberto. Un soir, alors que celui-ci discute avec Stan Getz et Antonio Carlos Jobim, il apprend qu'ils cherchent une chanteuse pour entrer en studio. C'est plié : Astrud sera la voix sur The Girl from Ipanema qui lui apportera une célébrité mondiale. 
Si elle n'a pas la technique des grandes chanteuses de jazz, son timbre juvénile et la douceur de son phrasé lui permettront d'enregistrer une vingtaine d'albums. Le disco des années 70 et la production cheap des années 80 ne lui réussiront pas vraiment, et l'on retiendra donc essentiellement ses années 60, avec ses ballades mélancoliques et quelques bossa novas plus enlevées. Sur cet album, sa voix cristalline dialogue avec l'orgue de Walter Wanderley, musicien brésilien de session et de live, qui accompagna entre autres Joao Gilberto et A.C. Jobim, au piano ou à l'orgue. 
La famille, quoi...

LEE HAZLEWOOD Pour Man'

LEE HAZLEWOOD
Love and other crimes

Label : Reprise
Année : 1968
Face A : Love And Other Crimes - Morning Dew - She Comes Running - Rosacoke Street - She's Funny That Way
Face B : The House Song     - Wait And See - Forget Marie - Pour Man' - Love And Other Crimes

Genre : The voice
2ème morceau de L'inventaire numéro 6.

La belle moustache de redneck contraste avec le lettrage psychédélique sur la pochette de l'album, résumant assez bien l’ambiguïté du bonhomme. Sous ses dehors de compositeur classique, aux forts relents de country et de blues, Lee Hazlewood s'est crée une écriture bien à lui, un univers de chansons tordues juste ce qu'il faut pour ne pas affoler le père Sinatra, à la recherche d'un auteur de qualité pour que sa fille, Nancy, arrête de chanter des choses stupides du genre "I love you"...
Mais Lee Hazlewood n'est pas seulement le créateur des Boots, Summer Wine et autre Some Velvet Morning pour sa muse (qui fut aussi sa meilleure amie). Il écrit aussi pour lui, près d'une trentaine d'album, des années 60 jusqu'à à sa mort récente en 2007. Sa voix profonde et son ironie le rapprocheraient d'un Leonard Cohen, très intimiste, avec un sens plus sûr des orchestrations. 
Love and other crimes est, comme son titre l'indique, un album thématique, avec en point d'orgue ce Pour Man' qui raconte, à la première personne, la triste histoire de celui qui tua son frère parce qu'il était l'amant de sa femme.  Lee se permet de glisser, en toute fin de morceau, la fameuse descente chromatique de basse qui ouvre These boots are made for walking, comme un clin d’œil, une signature.
Le vrai crime, cependant, c'est de ne pas avoir réédité cet album.

QUNICY JONES Money Runner

QUINCY JONES / LITTLE RICHARD

Money Runner / Money is

Label : Reprise
Année : 1972
Genre : Groovy Baby
1er morceau de L'inventaire numéro 6 : Money Runner

Le film Dollars (sorti en France sous le même titre, et non pas sous celui de "Le Coup" comme annoncé sur la pochette de ce 45t...) n'a pas laissé un souvenir impérissable dans l'histoire du cinéma. Il est pourtant signé Richard Brooks (Les Professionnels, La Chatte sur un toit brûlant ou encore Graine de violence, premier film contenant du rock'n'roll dans sa bande originale !) et affichait en vedette Warren Beatty et Goldie Hawn... 
Heureusement, comme aujourd'hui tout, ou presque, est disponible en réédition, il est possible de se procurer le DVD de cette comédie policière considérée comme mineure et, surtout, la bande originale, rééditée en CD et vinyle. 
Quincy Jones, en grande forme, y combine un jazz-funk nerveux qui n'a rien à envier aux grands albums de la blaxploitation. Pour les deux morceaux chantés, il convie Roberta Flack et cette grande folle de Little Richard. Ce dernier figure en face B de ce 45t. 
Pour une fois le label ne s'est pas trompé, en choisissant l'instrumental qui réveille les morts pour la première face.

dimanche 9 septembre 2012

Inventaire numéro 5 : Rentrée électrique

Fini de rire, la barre énergétique de septembre est arrivée :

SIR VICTOR UWAIFO & HIS MELODY MAESTROES Ekassa 24

AFRICAN MUSIC 
(Compilation)
Label : Vertigo
Année : 1983

Face A : Sir Victor Uwaifo & His Melody Maestroes : Ekassa 24 (Kirikisi) - Gentleman Mike Ejeagha & His Premier Dance Band : Obiako Nnwam (Omenani No.2) - Chief Stephen Osita Osadebe : Onu Kwulunjo - Victor Awaifo And The Titibitis : Five Days A Week Love - Dr Victor Olaiya : Ewa - Cardinal Rex Lawson & His Majors Band Of Nigeria : Tamuno Bo Ibro Ma
Face B : Chief Stephen Osita Osadebe & His Nigeria Sound Makers International : Odindu Nyuliba - Prince Nico Mbarga And His New Rocafil Jazz : Let Them Say - Celestine Ukwu & His Philosophers National : Igede (Part 1) - Dr. Victor Olaiya & His International All Stars Band : Mo Fe Mu'yan - Martha Ulaeto : Ndito Isong Amana Nyin
Genre : Highlife
Dernier morceau de L'inventaire n°5 : Ekassa 24 (Kirikisi)

Les compils de musique africaine pleuvent sur nos têtes ces dernières années. Afrobeat, Juju Music, Nigerian Highlife : les petits labels se démènent pour trouver les pépites enregistrées durant les années 60, 70, 80  dans tous les recoins du continent, pour peu qu'elles contiennent leur quota de rythme et d'électricité. Avec un peu d'avance, un duo de Hollandais inspirés (Roy Teysse et Henk Tummers) sortent en 1983 cette sélection d'artistes nigériens sur le label Vertigo, habituellement plutôt porté sur le rock progressif. Si la plupart des artistes ici rassemblés ont depuis été distribués sur d'autres compilations, aucun des titres de ce LP ne semble avoir été réédité en CD ou en vinyle. L'original est parti pour une dizaine d'euros la semaine dernière sur un site de vente en ligne. Ouvrez l’œil...

BOB MOULD Stop Your Crying

BOB MOULD
Black Sheets Of Rain

Label : Virgin
Année : 1990
Face A : Black sheets of rain - Stand Guard - It's too late - One good reason - Stop your crying
Face B : Hanging tree - The last night - Hear me calling - Out of yor life - Disappointed - Sacrifice/Let there be peace

Genre : A vif
7ème morceau de L'inventaire n°5 : Stop your crying

Certains avaient compris le truc dès son premier groupe, le mélodique et saignant Hüsker Dü, d'autres l'ont découvert sur les deux albums et demi de Sugar, projet plus pop mais tout aussi intègre, mais la plupart s'en foutent royalement... 
Bob Mould est pourtant un immense songwriter, dont le principal défaut serait d'enfouir une sensibilité à fleur de peau sous des guitares survoltées et des batteries spartiates. En groupe ou sous son nom, il avance sans masque mais plein de bruit et de colère mal contenue, fustigeant les matins difficiles, les amours déchirantes, les amitiés trahies, les artistes poseurs et les sourires hypocrites. Black Sheets of rain est son deuxième album "solo" , entre le galop d'essai Workbook et le chef-d’œuvre sans titre qu'il sortira en 1996, juste après la parenthèse Sugar
Depuis, Bob Mould a publié six albums. Son dernier sort du four, il s'appelle Silver Age
Et si vous pensez qu'à 50 ans il est apaisé, allez donc jeter un œil sur sa prestation au Dave Letterman Show. Vous verrez : la bête saigne encore...

RAMSEY LEWIS Kufanya Mapenzi (Making Love)

RAMSEY LEWIS
Funky Serenity

Label : Columbia
Année : 1973 
Face A : Kufanya Mapenzi (Making Love) - If Loving You Is Wrong, I Don't Want To Be Right - What It Is! - My Love For You - Nights In White Satin
Face B :Serene Funk - Dreams - Betcha By Golly Wow! - Where Is The Love 

Genre : Funky Jazz
6ème morceau de L'inventaire n° 5 : Kufanya Mapenzi (Making Love)

Avec ses grandes lunettes et son sourire éclatant, Ramsey Lewis semble inoffensif. Voilà pourtant 50 ans qu'il envoie du groove avec son piano, en général en formation restreinte, accumulant une discographie conséquente à l'insu de la plupart d'entre nous.
Trop évident pour les amateurs de jazz, trop jazzeux pour les pistes de danse, Mister Lewis a traversé toutes les  époques, toutes les tendances au gré de son inspiration, alternant compositions et reprises en tous genres avec une même gourmandise. Cet album montre même un goût certain pour les expérimentations, un mariage entre funk et musique contemporaine qui anticipe d'un an la musique que composera Herbie Hancock pour Death Wish (Un justicier dans la ville, film douteux mais grande B.O.). 
Et même si aujourd'hui Ramsey Lewis ne fait toujours pas partie du sérail jazz et reste un peu trop méconnu, ses albums commencent à devenir très prisés des DJ, collecteurs de groove et autres chercheurs en sonorités funky. Bientôt dans vos samples...

THE CRAZY WORLD OF ARTHUR BROWN I put a spell on you

THE CRAZY WORLD OF ARTHUR BROWN
Fire/I put a spell on you

Label : Polydor
Année : 1968

Genre : Psychopathologie musicale
5ème morceau de L'inventaire n°5 : I put a spell on you

J'aurai parié mon original du Velvet Underground contre un 45t d'Adamo qu'Arthur Brown faisait partie de la compilation Nuggets, ce réservoir inépuisable de pop psychédélique compilé par Lenny Kaye en 1972... 
Il n'en est rien, même si le morceau Fire qui occupe la face A de ce 45t est présent, au bas mot, sur une quarantaine d'autres compilations célébrant la pop plus ou moins déviante des années 60. Pas mal pour un groupe qui n'enregistra qu'un album en 68 (Arthur Brown réveillera la bête à la fin des années 80 sous le même nom mais avec une nouvelle formation) et disparut après une tournée mondiale avortée : Arthur Brown ayant été interdit de scène aux États-Unis et en Allemagne pour son comportement excentrique, pourtant nettement plus drôle que les délires mystico-fumeux de Jim Morrisson
Produit par le guitariste des Who, Pete Townshend, The crazy World of Arthur Brown semble vouloir passer le rock à la scie sauteuse et à la ponceuse électrique au moment même où Frank Zappa commence à affuter ses outils. Sur la face B, il reprend I put a spell on you de Screamin' Jay Hawkins. Le moins qu'on puisse dire est qu'il fait honneur au grand gourou originel, celui qui s'était rendu compte avant tout le monde que l'ennui est l'ennemi juré du rock and roll.

YEAH YEAH YEAHS Art Star


YEAH YEAH YEAHS
(premier EP)

Label : Shifty/Touch and go
Année : 2001
Face A : Bang - Mistery Girl - Art Star
Face B : Miles Away - Our Time


Genre : Wild Rock
4ème morceau de L'inventaire n°5 : Art Star



La musique punk est née à New York, et non pas à Londres. Les New York Dolls, Richard Hell, Suicide, Television, Blondie, ces crétins de Ramones, toute une bande de paumés investissant un vieux club de blues pour en faire autre chose... 
C'est une vieille histoire.
Aujourd'hui nombreux sont ceux qui tentent de s'approprier l'héritage, de jouer vite et fort (et mal !) en visant la provoc' facile. 
Les Yeah Yeah Yeahs sont jeunes, new-yorkais, puissants, brut de décoffrage, crédibles. Leurs chansons sont courtes et incisives. Ils font du bruit sur scène et leur chanteuse a le truc. En 10 ans, ils ont sorti 3 albums et une tripotée de formats courts. Celui-ci est leur tout premier.

OMAR KHORSID Guitare El Chark

LES PLUS GRANDS ARTISTES DU MONDE ARABE Vol 2 
Label : Music For Pleasure
Année : 1977
Face A : Farid Elatrache : Talatin Ya Habibi - Sabah : Leych Lahallak Sahranyn - Issam Raggi : Yamoul Abaya Alkassab
Face B : Omar Khorshid : Guitare El Chark - Fahd Ballan : Ouchouay Ouchouay - Samira Tewfic : Bi'i El Jamal Ya Ali
Genre : Groove psychédélique oriental
3ème morceau de L'inventaire n° 5 : Guitare El Chark

Quand je n'étais qu'un jeune padawan de la chine en vide-greniers, il m'arrivait de cueillir des disques sans même regarder à l'intérieur de la pochette. Outre l'inconvénient de me retrouver régulièrement avec des disques rayés ou gondolés, me voilà un dimanche matin tout content de rentrer à la maison avec un album de Fairouz, et découvrant à la place une compilation d'artistes orientaux dont tous m'étaient inconnus, à l'exception de la star Farid Elatrache. Un peu déçu de ne pas retrouver la voix de la grande chanteuse libanaise, je me consolais par le plaisir de la découverte. Lorsque je retournai le disque et entendis le premier morceau de la face B, l'instrumental dynamité d'Omar Khorsid, j'oubliais honteusement Fairouz et bénissait mon étourderie. 
Depuis, je vérifie systématiquement les disques à l'intérieur des pochettes. Il m'arrive encore de trouver des albums qui ne correspondent pas : ça permet de négocier les prix. 
Mais je n'ai jamais retrouvé d'Omar Khorsid, ni avec la bonne pochette, ni glissé par erreur sous une autre...
La pochette que je devrais avoir
La pochette que j'ai

REDMAN I got a seecret

REDMAN 
Doc's Da Name 2000
Label : Def Jam Recordings
Année : 1998
Face A : Welcome 2 Da Bricks - Let Da Monkey Out - I'll Bee Dat! - Get It Live - Who Took Da Satellite Van? (Skit) - Jersey Yo!
Face B : Cloze Ya Doors - I Don't Kare - Boodah Break - Million Chicken March (2 Hot 4 TV) (Skit) - Keep On '99 - Well All Rite Cha
Face C : Pain In Da Ass Stewardess (Skit) - Da Goodness - My Zone! - Da Da DaHHH - G.P.N. (Skit) - Down South Funk
Face D : D.O.G.S. - Beet Drop - We Got Da Satellite Van (Skit) - Brick City Mashin'! - Soopaman Lova IV - I Got A Seecret
Genre : Hip Hop Good School
Deuxième morceau de L'inventaire n°5 : I got a seecret 

Associé généralement au Wu-Tang Clan, Redman est en fait un électron libre qui n'a jamais vraiment fait partie du groupe. Venu en solo du New Jersey, il a sorti son premier album un an avant le collectif et reste surtout fidèle à son comparse Method Man, membre tardif du Wu-Tang dont les albums solo sont aussi à recommander chaudement. 
Mais laissons là ces histories de famille, si Reginal Noble (véritable patronyme de Redman) semble tout avoir de l'ado' attardé intéressé uniquement par les jolies femmes et les gros joints, il est un producteur-rappeur extrêmement précis et inspiré, aussi bien dans son écriture que dans le choix de ses collaborateurs. Résultat : 4 faces sans déchet, un album où l'on ne s'ennuie jamais. Si beaucoup de morceaux ont pu investir les pistes de danse, I got a seecret, choisi pour L'inventaire numéro 5, bénéficie en plus du groove infaillible du grand Roni Size, venu préter main forte au Redman entre ses deux albums indispensables : New Forms et In the mode.

Victime d'un dégât des eaux, ce double album trônait au milieu d'une collection de maxis de hip hop dont les pochettes commençaient à sentir le moisi. Mais le vinyle résiste à tout : merci au couple sympathique qui se débarrassait de ces trésors sinistrés aux puces de Villeneuve-Les-Maguelone... 





THE PRETTY THINGS Sickle clowns

PRETTY THINGS
Parachute

Label : Harvest
Année : 1970
Face A : Scene One : The Good Mr.Square/She Was Tall She Was High - In The Square/The Letter/Rain - Miss Fay Regrets - Cries From The Midnight Circus
Face B : Grass - Sickle Clowns - She's A Lover - What's The Use - Parachute
Genre : Rock !
Premier morceau de L'inventaire n°5 : Sickle Clowns

L'inconvénient des puces et vide-greniers, c'est l'état aléatoire des disques. On en trouve même certains empilés tels quels, sans pochette ni protection. L'avantage, c'est que tomber sur un exemplaire de Parachute des Pretty Things en très bon état à moins d'un euro reste possible, même si ça tient du petit miracle.
Les Pretty Things sont un peu le reflet déformé, le mister Hyde des Rolling Stones. Ils ont démarré en même temps, viennent du même quartier de Londres, ont fréquenté les mêmes établissements scolaires, et le guitariste fondateur des Pretty Things, Dick Taylor, a même été bassiste dans une première mouture des Stones, Little Boy and The Blue Boys. Mais c'est avant tout un même amour du blues qui les rassemble au départ, même si les Pretty Things s'avèrent encore plus intégristes que leurs petits camarades et semblent nettement moins préoccupés par le succès. Ça ne les empêchera pas d'avoir une évolution tout aussi compliquée et noyautée par des problèmes d'ego et d'addictions. Parachute est d'ailleurs un album inespéré. Enregistré après une b.o. de film érotique, il est exécuté par une formation qui ne contient plus que deux membres originels du groupe : le chanteur Phil May (qui signe la totalité des compositions en collaboration avec le bassiste Wally Waller) et le batteur Skip Allan, qui venait de revenir dans le groupe après les avoir lâchement abandonnés pour une amourette parisienne. Le résultat est miraculeux : un album nerveux, électrique, parfois teinté de psychédélisme, martelé par une rythmique d'acier. La critique fut excellente, Rolling Stone (le magazine, pas le groupe !) en fit son album de l'année. Les ventes furent négligeables. L'album fut enterré.
Aujourd'hui, il est disponible en réédition CD et même en vinyle : la vie est belle !